En Inde, l'âme n’a pas de sexe

4 Mai 2013



Talons aiguilles de 12 cm, saris scintillants, robes moulantes, décolletés dévoilant des poitrines imposantes, mais surtout une allure, une classe, une envie de faire surgir sa féminité plus que de pencher pour la vulgarité : nous sommes bien au Festival de ces femmes uniques qui donnent des complexes à celles qui sont nées avec un vagin, le « Transgender Festival » a commencé…


En Inde, l'âme n’a pas de sexe
Souvent assimilés à des « drag queens » ou à des objets sexuels, considérés pour certains comme « inacceptables », les travestis apparaissent comme des personnes incomprises autour du monde. Pourtant dans le Tamil Nadu, là où Ajurna, puissant guerrier transformé en eunuque par une nymphe vexée de ne pas avoir réussi à le conquérir, est célébré un festival unique, où 300 000 personnes dites du « troisième sexe » se manifestent chaque année afin de mettre à l’honneur leur statut historique.

Alors que l’Occident les regarde avec condescendance, les nommant « drag queen » ou encore « tantes », l’Inde les fête chaque année, notamment à Koovalam dans le district de Villupuram, au sud du Tamil Nadu, pendant 15 jours. Le festival, en mémoire au Dieu Krishna lui-même, transformé en femme pour s'unir à Aravan, montre les travestis comme des androgynes à qui l’on doit rendre grâce, ces femmes nées avec l’autre sexe s’approchant, selon la religion majoritaire de l’Inde, de la Providence…

Narthaki Nataraj, danseuse de Bharatanatyam, mais aussi l’une des plus importantes activistes pour les Droits des Travestis en Inde, ose lever le voile sur les discriminations dont tous les travestis peuvent être victimes. Ayant été elle-même ridiculisée, isolée par ceux qui rejetaient son identité même, elle a pu se construire et se trouver grâce à sa passion : la danse.

The New Indian Express cite l’une des Miss Travestis de cette année 2013, Bharati Kannamal, exprimant sa volonté de prouver les talents de ces femmes qui Nataraj, la plus célèbre d’entre elles, décrit non pas comme « Aravani », mais comme « Thiru Nangai » soit « la femme suprême ».

Saris, talons, maquillage et accessoires dignes de grands tops modèles, le podium a vu défilé dans la matinée du 23 avril 2013, des jupes courtes, des plus longues, avec des poses sensuelles pour le plaisir des photographes et du public, composé majoritairement d’hommes, attirés par ces femmes d’un autre genre. Ces personnes, nées avec le sexe qu’ils ne voulaient pas, arrivent à avoir une démarche plus sure, une allure plus féminine que nous autres, femmes ne faisant parfois aucun effort, car « ça se voit sur nos têtes ». Marchant la tête haute, avec des couleurs flamboyantes, les trois élus ont meurtri la féminité des quelques femmes présentent dans le public. Ce défilé, devenu pour un temps le symbole d’un combat de ces autres femmes courageuses, créer une conscience collective sur leur situation à travers le monde. Classe et beauté étaient de rigueur et même si le défilé pouvait légèrement nous rappeler Miss France, le spectacle des travestis sur une estrade n’est pas pour flatter leur égo, mais bien clamer l’importance de la beauté de leurs combats. C’est en Inde que les travestis sont plus reconnus que rejetés, les autres pays devant prendre exemple du Tamil Nadu qui privilégie la défense d’une noble cause à la recherche de la beauté

L’élégance est dans le combat, certainement pas dans l’apparence.



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Florence CARROT
Etudiante en sciences politiques à l'Université Lyon 2 et ayant la chance de passer un an en Inde,... En savoir plus sur cet auteur