Aseem Trivedi, cartoonist qui cartonne façon indienne…

25 Septembre 2012



Remplacer l’hymne national indien par des loups assoiffés de sang et dénoncer les dérives du Parlement par la saleté d’une cuvette de toilettes ? Tel est l’art du caricaturiste Aseem Trivedi. Très investi dans la lutte anti-corruption, il n’aura pas eu froid aux yeux ce dernier mois pourtant la froideur du gouvernement en place l’aura vite rattrapé...


Aseem Trivedi, cartoonist qui cartonne façon indienne…
Chenai (Inde),
Correspondante,


« I guess it was just sarcastic cartoon, lot of other people from political parties misuse national symbols, they should have taken more lightly” (1) Arundhati, étudiante en master de Défense et Stratégie, semble réellement secouée par les abus excessifs commis par son pays. Les forums indiens, eux, n’en démordent pas non plus, les grèves et manifestations ne trompent pas, l’arrestation du caricaturiste Aseem Trivedi n’est qu’un scandale de plus dans une société plus que damnée par son gouvernement. Les indiens interrogés n’en sont que plus indignés « On arrête les honnêtes gens et maintenant les caricaturistes, s’ils veulent interdire la liberté d’expression, qu’ils continuent ainsi…mais il faudrait déjà qu’ils se chargent des politiciens qui sont la honte de notre culture» et ce ne sont que des bribes de phrases entendues suite à la maintenance du site d’Anna Hazare, mouvement anti-corruption dont notre caricaturiste s’inspire.
Mis en prison à Mumbai le 8 septembre dernier pour “diffamation et dérogation”, incluant la violation du Code Pénal indien établi en 2005 déclarant qu’« il est interdit d’utiliser l’hymne national que ce soit par les syndicats, pour les affaires, les appels et les différentes professions ni être le symbole d’un dessin, d’un titre ou de toute autre marché… », sa remise en liberté constitue la poursuite d’un long combat. Inspirant les masses, payant sa liberté au prix de 5 000 roupies (75 euros), sa détention permet de remettre en cause l’un des droits les plus fondamentaux de l’Inde : « Right of Property (2) » et de s’interroger sur la menace d’une remise en cause des principes démocratiques. Si le débat semble clos pour les autorités, la plus grande démocratie du monde n’en restera pas là. Trivedi par ailleurs conclura en déclarant que “sans l’art, inévitable est la corruption…”…


(1) « Je crois que c’était juste une caricature sarcastique, il y a tellement de partis politiques qui détournent nos symboles nationaux, ils auraient dû le prendre à la rigolade… »

(2) Le droit de propriété



Aseem Trivedi, cartoonist qui cartonne façon indienne…

Notez


Florence CARROT
Etudiante en sciences politiques à l'Université Lyon 2 et ayant la chance de passer un an en Inde,... En savoir plus sur cet auteur