Une Berlinale au féminin

Laurène Perrussel-Morin, correspondante à Berlin
19 Février 2013



Fait rare pour un festival de cinéma, la 63ème Berlinale a respecté la parité dans les films en compétition du 7 au 17 février. Certaines de ces œuvres féminines ont été remarquées lors de la remise des Ours ce samedi 16 février.


Une Berlinale au féminin
Les actrices, passées la quarantaine, sont vite oubliées. Héroïne forte ou vulnérable, la comédienne est avant tout esthétique. Et de l’autre côté de la caméra, les femmes se font rares. La Berlinale, festival international du film de Berlin qui s’est tenu du 7 au 17 février, a dépassé ces clichés en mettant les femmes à l’honneur. Sur les dix-neuf films en compétition, dix étaient portés par des héroïnes. Quatre d’entre eux ont été primés.

Ours d’or pour une mère possessive

Le film roumain Child’s Pose de Calin Peter Netzer a remporté le célèbre Ours d’or. Une récompense qui encourage le cinéma roumain, cinq ans après la Palme d’Or de 4 mois, 3 semaines, 2 jours de Cristian Mungiu. Ce film minimaliste a été tourné en majeure partie dans des appartements privés. Il montre comment une mère de famille aisée cherche à protéger son fils responsable d’un mortel accident de la route. Ce n’est pas tant le combat d’une mère possessive que les inégalités de la Roumanie post-communiste qui sont soulignées par ce drame oppressant.

Prix d’interprétation pour une divorcée

Photo du film "Gloria"
Photo du film "Gloria"
Les femmes des films en compétition à la Berlinale sont tour à tour étouffantes, dépassées, célibataires, en couple… De conditions sociales variées, toutes vivent en pensant au féminin sans nécessairement penser le féminisme. C’est le cas de Gloria de Sebastian Lelio, qui a valu à Paulina Garcia le prix d’interprétation. Elle joue une divorcée sexagénaire qui refuse de disparaître dans la vieillesse et décide de vivre, de danser, d’aimer. Une fuite en avant, une fureur de vivre qui fait tout pour que la vieillesse ne marque pas la fin du plaisir.

Les Françaises bredouilles

Les trois films français, qui mettaient au centre de leur intrigue des femmes, repartent bredouilles. Bruno Dumont, avec Camille Claudel. 1915, rappelle l’internement de la sculptrice et muse de Rodin, dans un film porté par une Binoche sans maquillage et entourée de malades mentaux. Autre femme prisonnière, Pauline Etienne, dans La religieuse, interprète Suzanne, héroïne du roman de Diderot envoyée au couvent par ses parents. Un film sur les conventions sociales pensé par son réalisateur Guillaume Nicloux comme une « ode à la liberté ». Catherine Deneuve, dans Elle s’en va d’Emmanuelle Bercot, profite d’un échec sentimental pour monter en voiture et partir sur la route à la recherche d’elle-même. Toutes ces femmes, malgré leurs différences, cherchent à se libérer des conventions sociales, de leurs névroses, d’elles-mêmes peut-être. Et c’est grâce à ces questionnements qu’elles crèvent l’écran.

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