« Un enfant, c’est un insurgé. » Simone de Beauvoir, Mémoires d’une jeune fille rangée, 1958.
Ce que certains comprennent comme de la naïveté ou une candide innocence s’apparente pour d’autres à une parfaite et terrible conscience de notre réalité et de ses incohérences. Par ses mots, Simone de Beauvoir nous rappelle comment les yeux de l’enfance observent le monde qui les entoure : avec intensité, émerveillement, émotion ou peur, et parfois avec colère et mépris. Et ce sont toutes ces émotions, ce regard neuf, que l’on perd parfois avec le temps, qui font de la parole de l’Enfant une parole innovante et nécessaire.
Ce que certains comprennent comme de la naïveté ou une candide innocence s’apparente pour d’autres à une parfaite et terrible conscience de notre réalité et de ses incohérences. Par ses mots, Simone de Beauvoir nous rappelle comment les yeux de l’enfance observent le monde qui les entoure : avec intensité, émerveillement, émotion ou peur, et parfois avec colère et mépris. Et ce sont toutes ces émotions, ce regard neuf, que l’on perd parfois avec le temps, qui font de la parole de l’Enfant une parole innovante et nécessaire.
Des droits essentiels
Nécessaire d’une part parce que le droit à la participation des jeunes est l’un des cinq piliers fondamentaux de leur développement, au même titre que le droit à l’identité, à l’éducation, à la protection et à la santé. Développer son opinion, la confronter à d’autres, parfois contradictoires, se détacher de ses croyances les plus intimes, prépare l’enfant à devenir un citoyen adulte et responsable.
Mais nécessaire également, puisque favoriser la participation des jeunes aux débats d’idées, c’est la garantie d’un régime démocratique et d’un État de droit. Favoriser l’expression de la parole des enfants, c’est se donner la chance d’ouvrir un processus délibératif constructif, pluriel et innovant. En tant que citoyens, il est autant de notre droit que de notre devoir de participer aux débats nationaux. Et il en est de même pour les enfants.
Le respect du droit à l’expression des enfants, sources inépuisables d’inspiration, ne constitue donc pas une option ou un luxe. Il consiste à encourager les jeunes à exprimer leurs points de vue sur les problèmes qui les concernent, de près ou de loin. La parole des jeunes, qui n’a de sens que si elle est authentique et sincère, vierge de toute manipulation, doit avant tout être écoutée et prise en considération par ses interlocuteurs. Que ce soit en famille, à l’école, dans les associations, les Conseils de Jeunes, ou même devant l’Assemblée générale des Nations Unies, tout lieu est propice à l’expression des enfants, tant que leur parole et leur volonté sont respectées.
Encore beaucoup de progrès à faire
Fruit de 10 années de négociations entre les gouvernements, les organisations internationales et les défenseurs des droits, la CIDE – Convention Internationale des Droits de l’Enfant – prend en compte l’ensemble des droits et libertés propres à l’enfance et constitue l’outil juridique majeur de la protection de l’enfance dans le monde, dont l’Unicef est fait le garant par l’article 45. Mais alors que 193 États ont ratifié la CIDE depuis sa rédaction en 1989, la parole des enfants est encore ignorée dans de trop nombreux pays.
Créé en 1946 dans le but de venir en aide aux enfants touchés par la Seconde Guerre mondiale en Europe de l’Est, l’Unicef – United Nations International Children Emergency Funds – a d’abord été entendu comme une organisation temporaire. Mais le caractère spécifique de la protection de l’enfance et la dimension infinie de cette tâche ont consacré l’Unicef comme une agence permanente clé dans le fonctionnement de l’ONU. Elle est en charge de la protection et de la promotion des enfants dans le monde, qu’elle réalise par la coordination des actions des différentes organisations sur le terrain, la sollicitation des bailleurs de fonds, la coopération avec les gouvernements et la sensibilisation du public par des actions de plaidoyer.
Si l’Unicef, les ONG et autres organisations qui travaillent à la protection de l’enfance dans le monde ont réussi en 25 ans à réduire de moitié la mortalité infantile, à scolariser deux fois plus d’enfants ou à réduire le nombre d’enfants touchés par la traite d’un tiers, ils sont toujours 218 millions à travailler. Et si l’on s’alarme de la situation des enfants dans les pays dits « du Sud », comme au Moyen-Orient où le nombre d’enfants syriens réfugiés a dépassé le million, ce sont 30 000 enfants qui vivent dans la rue et isolés en France. Le droit d’expression quant à lui est bien plus difficile à quantifier et de fait, à faire respecter.
A l’occasion de cette date anniversaire, l’Unicef France a donné la parole à 18 enfants à travers le monde pour qu’ils puissent dire leurs rêves et leurs souhaits. 18 comme l’âge à partir duquel ils ne sont plus considérés comme des enfants, comme des êtres à part, avec des droits et devoirs particuliers et avec une protection qui devrait être elle aussi toute particulière.
« Mais ces enfants vont bien, ils ont crié, vous les avez entendus, ils vont très bien même. Il faut vite vous occuper de ceux qui ne parlent plus, de ceux qui ne crient plus » Françoise Dolto, citée par Andrée Ruffo, Les enfants de l’ombre.