Turin : la LGV Lyon-Turin au cœur des contestations dans la capitale piémontaise

28 Septembre 2013



Samedi 21 septembre, les manifestants du mouvement « NO TAV » (Treno ad Alto Velocità) se sont rassemblés sur la Piazza Castello de Turin, pour lutter contre la mise en place de la ligne à grande vitesse Lyon-Turin, traversant les Alpes. Retour sur un projet à polémique économique, politique, et environnementale.


Crédits Photo -- Alessandro Di Marco/EPA/MAXPPP
Crédits Photo -- Alessandro Di Marco/EPA/MAXPPP
Au niveau national, l’infrastructure s’inscrit dans un projet bien accepté. Au niveau local, la colère se fait sentir en période de crise économique, principalement à travers le mouvement « NO TAV », présent au Val Suse. Samedi dernier, les opposants au projet ont manifesté en affirmant que la ligne à grande vitesse ne peut être rentable et donc sera à l’origine de lourds déficits. Les manifestants ont peur de voir exploser les impôts locaux. Les investissements sont aujourd’hui attendus dans d'autres domaines comme la santé, l’éducation, et sur la question des retraites.

120 millions d’euros au kilomètre. C’est le prix de la ligne Lyon-Turin, une construction très couteuse pour l’Italie et la ville de Turin car elle traverse divers monts. Dans un contexte de chômage et de précarité, la population est loin d’être satisfaite par la décision de mettre des moyens aussi important pour un tel projet.

Les politiques et la mafia sur le banc des accusés

Sur la péninsule, la mafia est partout. La ville de Turin, réputée pour son fort tissu industriel et la richesse de ses entreprises, est également « contaminée » par le réseau mafieux. Le mouvement « NO TAV » accuse les politiques de collaborer avec des lobbys mafieux.

Les membres du mouvement, présents sur les chantiers, sont témoins de cette corruption. Lors d’une interview de Il Corriere delle Sera, un des plus grands journaux italiens, en date du 25 Septembre, Alfano, le ministre de l’Intérieur et vice-président du conseil, a indiqué que le projet était un projet commun, de cohésion, condamnant très fortement les manifestations de Turin. Le numéro 1 du Viminale s’est déclaré prêt à envoyer l’armée en cas de débordement. À partir du 10 octobre, près de deux cent militaires seront déployés pour protéger les travaux de la ligne dans le Val de Suse. Alessandro Pansa, le nouveau préfet de Turin, et Gemma Amprino, la mairesse de Susa étaient également présents. En réponse, le mouvement « NO TAV », très implanté à Turin, pour renforcer leur mobilisation, prépare une pétition et une marche silencieuse mi octobre à Susa.
Crédits Photo -- Nina Ollier / Le Journal International
Crédits Photo -- Nina Ollier / Le Journal International

Le mouvement « NO TAV », victime de la corruption ?

Compte tenu de la médiatisation des contestations du mouvement, de nombreux philosophes, chercheurs se sont positionnés. Dernièrement, le philosophe Gianni Vattimo (représentant la post-modernité, auteur de « Poesia e ontologia ») a été arrêté pour avoir rendu visite en prison à deux activistes « NO TAV ». Accusé de « faux idéologique » par le Tribunal de Turin, le philosophe aurait fait passer Nicoletta Dosio et Lucca Abbà pour deux de ses conseillers lorsqu’il était parlementaire européen.

En aout dernier, Gianni Vattimo avait déjà été arrêté, même si depuis le tribunal a aggravé les faits depuis. Le philosophe se défend de ses accusations et répond qu’il s’agit d’un complot contre le mouvement « NO TAV ». Il accuse la justice turinoise de mettre en cause la parole d’un parlementaire européen et a vivement critiqué la visite du Ministre de l’Intérieur, Alfano.

Un statut de victime à nuancer

La victimisation du mouvement « NO TAV » peut être relativisée. Bien que la corruption gengraine la politique locale et régionale, les activistes n’ont pas hésité à mettre en péril la vie des ouvriers qui travaillaient sur la ligne. Les ouvriers se sentent sans cesse espionnés et ont peur à tout moment d’être attaqués. Victimes de menaces, ils travaillent la peur dans le ventre.

Turin, la quatrième plus grande ville d’Italie, se retrouve quotidiennement au cœur de tensions. Les activistes du mouvement ont montré que leurs actions pouvaient être pacifiques comme la distribution de gâteaux, ou des chants sur la Piazza Castello samedi, mais également plus violentes.

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Nina OLLIER
Étudiante à Sciences Po Bordeaux, curieuse de tout et passionnée de politique, je pars à Turin pour... En savoir plus sur cet auteur



1.Posté par phase3 le 29/09/2013 11:26
Malgré les campagnes de criminalisation permanentes de l’état berlusconien et du monde capitaliste bruxellois contre le mouvement. Le peuple du Val de Suse ne veut pas de ce projet pharaonique qui détruirait à terme leur belle vallée.
Ils disent non à cette dilapidation de l’argent public qui au final ne profitera qu’à quelques entrepreneurs maffieux tant italiens que français et qu’à quelques sombres caisses de partis politiques renflouées (s’il en était besoin) des deniers européens détournés.

Les média français ne font, bien sûr, pas de publicité pour ce mouvement populaire. Il a pourtant fait de nombreux blessés tant du coté des manifestants que de celui des forces de l’ordre.

2.Posté par acac73 le 29/09/2013 12:11
Le Lyon-Turin ne détruira pas le Val de Suse ou la Maurienne. Au contraire.
Voir l'exemple de la Suisse qui réalise 3 grands tunnels ferroviaires ( Gothard, Ceneri, LotsBerg ) pour justement préserver les vallées alpines, et ne pas les laisser transformer en couloir à camions.

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