Thomas Sankara ou le "Che" africain

« Nous avons choisi de risquer de nouvelles voies pour être plus heureux. Nous avons choisi de mettre en place de nouvelles techniques. Nous avons choisi de rechercher des formes d’organisation mieux adaptées à notre civilisation, rejetant de manière abrupte et définitive toutes sortes de diktats extérieurs, pour créer ainsi les conditions d’une dignité à la hauteur de nos ambitions. Refuser l’état de survie, desserrer les pressions, libérer nos campagnes d’un immobilisme moyenâgeux ou d’une régression, démocratiser notre société, ouvrir les esprits sur un univers de responsabilité collective pour oser inventer l’avenir. […] Tel est notre programme politique. »
 
Extrait du discours de Thomas Isidore Sankara le 4 octobre 1984 devant l’Assemblée générale des Nations Unies. 

Il y a vingt-cinq ans, jour pour jour, Thomas Sankara est assassiné. Son ancien ami, Blaise Comparoé, s'empare du pouvoir. Il est soupçonné, tout comme le gouvernement français de l'époque, d'être à l'origine de l'attaque contre le Président. 

Lui-même arrivé au pouvoir à la faveur d’un coup d’Etat le 4 août 1983, Thomas Sankara s’est employé à mettre en œuvre un projet révolutionnaire d'orientation marxiste, fondé principalement sur la santé et l’éducation (construction d'écoles et d'hôpitaux, campagne de vaccination, etc.). Sous sa présidence, la Haute-Volta est devenue le Burkina Faso, « pays des hommes intègres », en référence à la bataille menée contre la corruption. Parmis les nombreuses décisions prises, on notera, pêle-mêle, l’interdiction de l’excision, une politique de reboisement pour faire reculer le Sahel et une grande réforme agraire pour redistribuer les terres. Le leader burkinabé a mené d'autre part une véritable lutte pour l'indépendance de l'Afrique, qui l'amènera à se prononcer pour l’annulation de la dette des pays africains en juillet 1987 devant l'Organisation de l'unité africaine (OUA). 

Une semaine avant sa mort, Thomas Sankara rendait hommage à Ernesto Guevara: « Che Guevara pour nous n’est pas mort. Car partout dans le monde existent des foyers où les hommes luttent pour plus de liberté, plus de dignité, plus de justice, plus de bonheur. » A l’instar du révolutionnaire argentin, le Président du Burkina Faso est devenu un symbole politique pour beaucoup d’Africains.