Tarun Tejpal, journaliste controversé

Ramalingam Va, à Chennai, traduit par Nathalie Macq
26 Novembre 2013



Une journaliste du célèbre magazine Tehelka prétend avoir été harcelée sexuellement à deux reprises, par Tarun Teipal, écrivain et journaliste indien. Les faits se seraient déroulés à l’occasion du Thinkfest dans la ville de Goa, du 8 au 10 novembre.


Crédits photo -- Shailendra
Crédits photo -- Shailendra
Tout a commencé au Thinkfest, organisé par Thinkworks Ltd qui appartient majoritairement à Tejpal. L’évènement a suscité de nombreuses critiques en raison du profil de certains invités qui n’ont pas fait l’unanimité. Aux côtés de l’ancien membre de la CIA, Robert Grenier, était invité comme intervenant, Mullah Abdul Salam Zaeef ancien prisonnier de Guantanamo. Bien que le nom d’Abdul Salam Zaeef ait été retiré de la liste des terroristes des Nations Unies en 2010, son invitation à cette conférence n’a pas fait que des heureux.

« Maintenant vous êtes à Goa ; buvez autant que vous le souhaitez. Mangez et dormez avec n’importe qui, mais soyez prêt demain matin très tôt car nous avons du pain sur la planche », tels ont été les mots du fondateur de Tehelka, Tarun Teipal. Ces paroles n’ont certainement pas redoré sa réputation après que des accusations de harcèlement sexuel à son encontre aient fait la Une de tous les journaux.

Selon le journal The Hindu, le magazine Tehelka avait été accusé, il y a deux ans, d’avoir interdit la publication d’un article écrit par Roman Kripa. Il était question de la mainmise exercée sur le secteur minier dans la région de Goa. Sujet tabou puisque Goa souhaitait obtenir le soutien du gouvernement pour l'organisation du Thinkfest. Teipal s’est défendu en affirmant que Roman Kripa avait été licencié pour « manque de compétence ». Le journaliste avait également dû démentir les accusations de recherche de financement de la part des compagnies minières.

QUAND LA POLICE INTERVIENT

Etant donné les plaintes reçues par Shoma Chaudhury, directrice de la publication de Tehelka, la police a fini par recenser un certain nombre d’accusations émises à l’encontre de Tarun Tejpal pour des affaires de viols et harcèlements sexuels. Les policiers ont recueilli le témoignage de la victime, et procédé au Rapport d’Information Initial (FIR) de l’accusé, qui affirme que le rapport était « consenti ». Cette affaire fait suite à une nouvelle loi, passée après l'affaire du viol de Delhi. Cependant, les questions de harcèlement sexuel au travail sont censées être traitées par un comité spécial, la Cour Suprême ne pouvant légiférer sur ces cas tant que la victime n’a pas fait appel. Les collègues de la victime se battent désormais pour que des mesures soient intégrées dans les règles de vie de l’entreprise.

Malgré tout, de sérieuses preuves manquent à l'appel. L’hôtel dans lequel se seraient déroulés les faits ne possède pas de système de vidéo surveillance. Seul le témoignage de la journaliste fait office de « preuve solide » dans le dossier, le reste étant de maigres indices, comme des SMS ou des e-mails, qui n’auront que très peu de poids le jour du jugement. L’avocat de l’accusé a déclaré au Times of India : « Sa version de l’incident était une relation sexuelle entre deux adultes consentants ».

La journaliste licenciée ?

La journaliste, dont le nom n’a pas été cité en raison des lois la protégeant, affirme qu’elle et sa famille ont été victimes de tentatives d’intimidation de la part de Tejpal. Elle craint d’être encore davantage harcelée après avoir accusé de certaines pratiques le fondateur du magazine Tehelka. Ce dernier est aujourd’hui suspendu pour six mois compte tenu des révélations de la journaliste qui ont fait la Une de tous les journaux du pays.


(1) Le FIR est un document qui relate tous les faits et témoignages de l’affaire et qui permet de la faire passer en justice.

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