Parmi les manifestants, certains s'apprêtent à passer la nuit sur place. A l’aube de la nouvelle année, le Président, Ma Jing Yeou (馬英九), prononce un discours à l’occasion de la cérémonie annuelle de levée du drapeau. Les manifestants prévoient un sit-in pacifique afin de montrer leur désaccord avec la politique du gouvernement actuel.
Ingérence économique dans les médias taïwanais
L’origine de la contestation vient du rachat par l’entreprise chinoise Want Want China Times d’une part importante du groupe Next Media, trop importante aux yeux des étudiants à l’origine de la contestation, qui craignent que cette situation de monopole n'affecte l'indépendance des titres membres du groupe. Want Want est notamment connu pour sa complaisance avec la politique du Parti communiste chinois (PCC) et le contenu éditorial de ses journaux pourrait en être affecté.
Cette inquiétude semble légitime. Le 25 juillet 2012, lors des premiers remous de l’affaire, le quotidien China Times, propriété du groupe, publie un article accusant l’Academia Sinica de Taipei de payer les étudiants pour aller manifester contre le projet de rachat. Cette analyse infondée a toutefois été rapidement dénoncée. Elle illustre la menace bien présente qui pèse sur l'indépendance de la presse taïwanaise.
Les protestataires, principalement étudiants, journalistes ou juristes, demandent que le gouvernement prenne des mesures pour réglementer la possession des groupes de presse pour éviter des situations de monopole et ainsi limiter la marge de manœuvre des investisseurs dans les contenus éditoriaux. La mobilisation s’est développée progressivement pour prendre aujourd’hui une place prépondérante dans l'actualité taïwanaise.
Ainsi depuis le mois d’octobre, la plupart des universités de Taipei se sont mobilisées, à travers des sit-in géants, notamment devant le parlement taïwanais. De nombreuses conférences sont également régulièrement organisées dans différentes universités.
Défendre la presse taïwanaise pour conserver son indépendance
Les clivages politiques taïwanais se construisent à travers ses relations avec la Chine dont elle revendique encore officiellement le nom et la souveraineté territoriale, et des désirs grandissants d’une partie de la population de plus en plus nombreuse, pour l'indépendance de l'île.