Tadjikistan : le fils du président, garde-frontières

La rédaction de FranceKoul.com
6 Décembre 2013



Le 30 novembre dernier, Rustam Emomali, fils aîné du président tadjik récemment réélu, a été promu à la tête d'un service réputé en Asie centrale pour être le plus rentable : celui des douanes.


Crédits photo -- Barot Yusufi/RFE
Crédits photo -- Barot Yusufi/RFE
Suite à la réélection, début novembre, de l’homme fort du pays, le gouvernement a fait l'objet d’un remaniement élargi. Le poste de Premier ministre a été confié au jeune Qohir Rasoulzoda, ancien gouverneur de la province de Sughd. Le chef de l'Etat dirige formellement le gouvernement, et ce poste n'est associé à aucun pouvoir réel.

Le nouveau ministre de la Défense, Sherali Mirzo, nommé le 20 novembre, aura par contre un rôle clef à jouer dans le dossier du retrait de l’OTAN de l'Afghanistan voisin. Le Tadjikistan, considéré comme le maillon faible de la région, serait directement affecté par des troubles en Afghanistan. Sherali Mirzo, qui a fait toute sa carrière dans le secteur de la défense, est jugé compétent par le journal tadjik Asia plus. L'été dernier, son prédécesseur, Sherali Khairulloyev, aurait été sanctionné pour une opération militaire ratée à Khorog, dans le Haut-Badakhchan. Il s'agissait alors pour le gouvernement central d'asseoir sa domination dans cette région. Cette nomination et l'ensemble du remaniement illustrent la volonté du Président de renforcer son influence sur ses ministres.

À seulement 26 ans, Rustam Emomali, fils aîné de Rahmon, a enchaîné plusieurs fonctions officielles comme la présidence de la Fédération tadjike de football. Le jeune Rustam hérite aujourd'hui d'un poste réputé dans les pays de l'Asie centrale post-soviétique, peut-être le plus lucratif : celui de chef du service des douanes. Dorénavant aux premières loges pour contrôler le commerce transfrontalier illégal florissant. Une promotion qui devrait lui permettre de se constituer une belle fortune personnelle. En 2011, alors qu'il venait d'être placé à la tête des infractions douanières, Eurasianet.org  titrait avec esprit : « Le fils du président en charge de la contrebande ». Cette année, le marché de la drogue en provenance d'Afghanistan, en plein essort, a atteint un chiffre record, selon l'Office des Nations unies contre la drogue et le crime (UNODC).

Sur les réseaux sociaux tadjiks, les réactions sont diverses. Ses partisans le présentent comme un cadre compétent ayant « gravi les échelons en faisant ses preuves comme dirigeant ». Ils mettent en avant sa jeunesse, perçue comme un atout. Ses détracteurs critiquent la monopolisation des mandats nationaux par l'entourage du Président. Pour les plus septiques, cette nomination prépare le fils aîné à la plus haute fonction publique.

Une ascension vers le pouvoir ?

La question est posée. Si le jeune Rustam ne sera pas encore éligible aux prochaines élections présidentielles de 2020, le président actuel aura quant à lui dépassé l'âge limite pour se représenter une cinquième fois à sa propre succession. Mais bien placés, les pions servent un népotisme construit autour de la famille du président et savamment mis en place pour rendre nécessaire la présence des Rahmonov à la tête de l'État. Comme en Azerbaïdjan, autre ex-République soviétique, le risque est de déboucher sur une transition quasi monarchique du pouvoir.


Notez