Crédits photo -- Fondation Vasarely
Si la fondation Vasarely a hiberné pendant quelques années, c'est avec la plus belle mise en plis qu'elle repointe le bout de son nez vers le patrimoine aixois. Aix-en-Provence, la ville de Gaius Sextius Calvinus, puis de Cézanne, est fière de compter dans ses bancs un nouveau monument historique depuis janvier 2013 : la Fondation Vasarely. Fondée en 1971 sous le crayon de Victor Vasarely, plasticien hongrois, la fondation profite de l'été pour se refaire une beauté. Le Journal international vous fait traverser l'oeuvre du plasticien, du graphiste à l'architecte.
C'est un travail de longue haleine, mais ils y sont arrivés... « Ils », c'est le directeur de la Fondation, Pierre Vasarely (petit fils de l'artiste, aidé de L. Delpech et de C. Ripoll), mais aussi Jean-Paul Ameline, le conservateur du Musée National d'Art Moderne de Paris, ainsi que tous les prêteurs et collectionneurs qui ont réalisé l'exposition « Vasarely de l'oeuvre peint à l'oeuvre architecturé » donnant un souffle nouveau à la Fondation. Elle devient ainsi un lieu incontournable de l'évènement Marseille Provence Capitale de la Culture 2013.
Tous les amoureux de l'artiste ont de quoi frétiller de joie aux portes de la Fondation. Pas moins de 80 œuvres ont été rassemblées exclusivement dans le cadre de l'exposition. Pour les novices, ne vous chagrinez pas ! « Ils » ont pensé à tout. L'exposition retrace, comme son nom le laissait présager, tout le travail de Vasarely. En débutant à l'étage par un espace dédié à ses premières années, on découvre ses études sur le bois, le verre et la lumière. Travaux très subtils réalisés lorsqu'il était encore graphiste. Ici déjà, Vasarely produisait un art accessible à tous par le biais de la publicité.
C'est un travail de longue haleine, mais ils y sont arrivés... « Ils », c'est le directeur de la Fondation, Pierre Vasarely (petit fils de l'artiste, aidé de L. Delpech et de C. Ripoll), mais aussi Jean-Paul Ameline, le conservateur du Musée National d'Art Moderne de Paris, ainsi que tous les prêteurs et collectionneurs qui ont réalisé l'exposition « Vasarely de l'oeuvre peint à l'oeuvre architecturé » donnant un souffle nouveau à la Fondation. Elle devient ainsi un lieu incontournable de l'évènement Marseille Provence Capitale de la Culture 2013.
Tous les amoureux de l'artiste ont de quoi frétiller de joie aux portes de la Fondation. Pas moins de 80 œuvres ont été rassemblées exclusivement dans le cadre de l'exposition. Pour les novices, ne vous chagrinez pas ! « Ils » ont pensé à tout. L'exposition retrace, comme son nom le laissait présager, tout le travail de Vasarely. En débutant à l'étage par un espace dédié à ses premières années, on découvre ses études sur le bois, le verre et la lumière. Travaux très subtils réalisés lorsqu'il était encore graphiste. Ici déjà, Vasarely produisait un art accessible à tous par le biais de la publicité.
Début du sentier, Vasarely comme on le connaît peu...
Trêve de chevalet, trêve de mimesis, trêve de travail pour le marché et non pour l'art, Vasarely sort de ses « fausses routes » comme il les a appelées, pour se consacrer plus profondément à des expériences rencontrées lors de ses transits en métro jusqu'à son atelier d'Arcueil. C'est à la station Denfert-Rochereau que Vasarely laisse son imagination le dominer. Il en devient son plus fervent esclave puisqu'il dédiera une étude aux carreaux blancs de la station qui se craquellent. Les lignes deviennent pour lui de véritables tracés de « curieux paysages » qu'il convient d'observer et de retranscrire sur la toile.
Débute alors sa « théorie de la forme » (Gestaltteorie) prônant le travail mental du spectateur comme finalisant/auteur de l'oeuvre. Autrement dit, l'artiste retranscrit ce qu'il perçoit du paysage avec des formes géométriques et une approche plane du dessin. Les plans se chevauchent, peu importe, la perspective, le but est alors de tromper l'oeil pour s'amuser de sa perception. Cette période en inspire deux autres, « Belle-Ile » (1947-1954) et « Cristal Gordes » (1948-1960) exposées elles aussi à la Fondation.
Débute alors sa « théorie de la forme » (Gestaltteorie) prônant le travail mental du spectateur comme finalisant/auteur de l'oeuvre. Autrement dit, l'artiste retranscrit ce qu'il perçoit du paysage avec des formes géométriques et une approche plane du dessin. Les plans se chevauchent, peu importe, la perspective, le but est alors de tromper l'oeil pour s'amuser de sa perception. Cette période en inspire deux autres, « Belle-Ile » (1947-1954) et « Cristal Gordes » (1948-1960) exposées elles aussi à la Fondation.
Sur l'embranchement de l'op art
Crédits photo -- Fondation Vasarely
Vasarely gardera au coin de l'oeil tout au long de sa carrière, un art non pas rétinien, mais trompeur de rétine. Puisque, loin de lui l'idée de tromper par la mimésis, mais par la corrélation des plans et la déformation avec lesquels il est possible de créer une toute autre esthétique. C'est ici que l'on ressent les effluves de son travail sur l'Art cinétique (1955-1963) et l'Op art.
Que se cache-t-il derrière ces termes scientifiques ? Non pas une forme de septième art, mais un jeu entre l'oeuvre et la rétine. Autrement dit, l'oeuvre est visible et trouve tout son intérêt uniquement quand le spectateur l'observe en bougeant. Bienvenue dans le monde fantastique et infernal de l'illusion d'optique. Les lignes se défont, des grilles apparaissent, les losanges se confondent et se refondent, des structures sortent et se recreusent... Vasarely a alors réussi son pari. Il réussit à créer du mouvement à partir d'un espace pourtant plan. Et puis, qu'est-ce qu'il est agréable de pouvoir faire participer le spectateur à l'oeuvre ! Encore une fois Vasarely œuvre dans la perspective de toucher le maximum de personnes...
Lançons-nous sur la piste de « Tuz », de « Taymir II » ou encore d'« Hélios ». Laissons nos yeux faire leur travail, se tromper et s'emmêler, et plonger dans l'abîme des illusions. N'est-il pas tellement plaisant de laisser son esprit vagabonder à travers les œuvres et de se les approprier (à condition de ne le faire qu'avec sa rétine !) ?
Que se cache-t-il derrière ces termes scientifiques ? Non pas une forme de septième art, mais un jeu entre l'oeuvre et la rétine. Autrement dit, l'oeuvre est visible et trouve tout son intérêt uniquement quand le spectateur l'observe en bougeant. Bienvenue dans le monde fantastique et infernal de l'illusion d'optique. Les lignes se défont, des grilles apparaissent, les losanges se confondent et se refondent, des structures sortent et se recreusent... Vasarely a alors réussi son pari. Il réussit à créer du mouvement à partir d'un espace pourtant plan. Et puis, qu'est-ce qu'il est agréable de pouvoir faire participer le spectateur à l'oeuvre ! Encore une fois Vasarely œuvre dans la perspective de toucher le maximum de personnes...
Lançons-nous sur la piste de « Tuz », de « Taymir II » ou encore d'« Hélios ». Laissons nos yeux faire leur travail, se tromper et s'emmêler, et plonger dans l'abîme des illusions. N'est-il pas tellement plaisant de laisser son esprit vagabonder à travers les œuvres et de se les approprier (à condition de ne le faire qu'avec sa rétine !) ?
L'expérience de la proximité
C'est de cette si belle étape que part Vasarely pour arriver à une période toujours plus enrichissante et qui le rapproche à grands pas de son Graal, le Folklore — Planétaire... termes emplis de mystère ! Mais... termes dépareillés ? Si Vasarely les marie aussi bien, c'est que chacun défini une idée essentielle à son art : folklore pour les couleurs, les formes qui se mélangent sans vergogne formant un manteau folklorique, dans lequel toutes les cultures se reconnaissent. C'est de là que vient le planétaire. C'est un art qui nous touche tous, un art où on se sent tous comme chez nous, bien au chaud dans sa culture. Et s'il nous paraît à tous si familier, c'est que Vasarely a su choisir les couleurs vives qui nous enchantent et des formes géométriques que tout le monde maîtrise.
Avec ses formes et ses couleurs, l'artiste crée un alphabet plastique où chaque forme d'une couleur, est mariée à une autre forme d'une autre couleur, et à elles deux, elles forment une « unité plastique ». Cet alphabet est donc simple à appliquer, et cela, partout à travers le monde. L'art de Vasarely peut donc se démocratiser. Par cet art, il veut surtout permettre aux plus démunis de vivre dans un environnement plus esthétique, flamboyant, rare et par là, ouvrir l'art à tous.
Avec ses formes et ses couleurs, l'artiste crée un alphabet plastique où chaque forme d'une couleur, est mariée à une autre forme d'une autre couleur, et à elles deux, elles forment une « unité plastique ». Cet alphabet est donc simple à appliquer, et cela, partout à travers le monde. L'art de Vasarely peut donc se démocratiser. Par cet art, il veut surtout permettre aux plus démunis de vivre dans un environnement plus esthétique, flamboyant, rare et par là, ouvrir l'art à tous.
Arrivée à la cité polychrome du bonheur
À partir de cette base-là, on comprend rapidement que l'artiste est capable de réaliser des œuvres immenses, seulement en suivant quelques-unes de ses œuvres comme les tapisseries (Orion Or, Orion noir N°2) et les collages (Alom, prets de Beaubourg et du Musée des Beaux-Arts de Nantes) si on se laisse enchanter par son travail, on le suit aussi dans ses réalisations monumentales. Eh oui, il a osé !
Vasarely a bien dessiné des immeubles recouverts de panneaux aux motifs géométriques. Cette période de sa vie, c'est l'arrivée au Graal, l'accomplissement de tout son art, le mélange de tous ses styles, le résultat de l'apport de chacun d'entre eux dans la réalisation d'une œuvre unique : Cité polychrome du bonheur. Cette cité, c'est son bijou.
En créant des plaques opposables aux buildings, appelés « intégrations architectoniques », il permet à un public élargi d'apprécier l'art ; il crée une ville plus belle, plus agréable. Ses intégrations sont des œuvres, mais font aussi partie de l'architecture du bâtiment.
L'exposition nous permet de voir les plans de bâtiments, certains semblent réalisables comme ses études des Intégrations monumentales, d'autres moins, retournons-nous notamment sur les Volumes multidimensionnels. Pour les plus positifs qui y avaient trouvé leur compte, pas de souci ! Vasarely a réalisé son désir pourtant utopique dans des villes françaises comme Paris(1960) et Grenoble (1968), ainsi qu'à Caracas (1954), à Essen (1966) et à Bonn(1967).
Vient alors l'idée de la fondation d'un centre architectonique qui réunirait architectes et plasticiens, dans l'espoir de mieux diffuser son art, « un art pour tous ». Y sont exposées, 798 études et surtout, ses 42 intégrations architectoniques. Placées dans les alvéoles, ces œuvres sont ainsi exposées par l'artiste pour servir de modèle à sa génération et que ses idées persistent dans le temps. La preuve, 37 ans après, de nombreux intéressés parcourent encore les salles. Peut-être par simple curiosité, peut-être par envie de se donner le vertige... à vous !
Vasarely a bien dessiné des immeubles recouverts de panneaux aux motifs géométriques. Cette période de sa vie, c'est l'arrivée au Graal, l'accomplissement de tout son art, le mélange de tous ses styles, le résultat de l'apport de chacun d'entre eux dans la réalisation d'une œuvre unique : Cité polychrome du bonheur. Cette cité, c'est son bijou.
En créant des plaques opposables aux buildings, appelés « intégrations architectoniques », il permet à un public élargi d'apprécier l'art ; il crée une ville plus belle, plus agréable. Ses intégrations sont des œuvres, mais font aussi partie de l'architecture du bâtiment.
L'exposition nous permet de voir les plans de bâtiments, certains semblent réalisables comme ses études des Intégrations monumentales, d'autres moins, retournons-nous notamment sur les Volumes multidimensionnels. Pour les plus positifs qui y avaient trouvé leur compte, pas de souci ! Vasarely a réalisé son désir pourtant utopique dans des villes françaises comme Paris(1960) et Grenoble (1968), ainsi qu'à Caracas (1954), à Essen (1966) et à Bonn(1967).
Vient alors l'idée de la fondation d'un centre architectonique qui réunirait architectes et plasticiens, dans l'espoir de mieux diffuser son art, « un art pour tous ». Y sont exposées, 798 études et surtout, ses 42 intégrations architectoniques. Placées dans les alvéoles, ces œuvres sont ainsi exposées par l'artiste pour servir de modèle à sa génération et que ses idées persistent dans le temps. La preuve, 37 ans après, de nombreux intéressés parcourent encore les salles. Peut-être par simple curiosité, peut-être par envie de se donner le vertige... à vous !
Chroniques des mondes impossibles, ou comment l'art contemporain réinvestit le projet de Vasarely
Et puisqu'il aurait été trop maladroit de s'arrêter là, la Fondation reçoit et expose, dans le cadre de Marseille Provence (capitale européenne de la culture), un lot extraordinaire d'évènements valorisants...
Pour commencer, une association aixoise appelée « Seconde Nature ». Agissant pour la valorisation du patrimoine et des pratiques artistiques numériques, le collectif met en place l'exposition « Chronique des mondes possibles » où la création actuelle sera mise en avant. Derrière ces termes se cachent des réalités toutes contemporaines, essayons d'en comprendre un peu plus : « chroniques pour suggérer le récit d'un voyage collectif » « des mondes possibles pour désigner le futur, la perspective, autant de notions abordées par la création artistique contemporaine : une création hybride, mutante et techno, sensorielle et numérique ». Autant se dire que l'exposition ne sera pas un voyage de tout repos, mais bel et bien une parfaite immersion dans un pan de l'art contemporain en pleine ascension.
En partenariat avec le muséum d'histoire naturelle d'Aix en Provence, la Fondation Vasarely aura l'honneur de devenir le lieu d'exposition d'une trentaine d'artistes. Venus de France ou de l'international, nous pourrons côtoyer les plus fameux dans un « parcours numérique ». Comme dans le cadre d'une biennale, les lieux recevront des temps forts comme : des projections (Ryoji Ikeda, Mapping), des concerts (Promenade musicale de Peter Sinclair), des animations et même une performance chorégraphique de Jeff Mills.
L'artiste exécutera une œuvre spécialement conçue pour l'évènement. Investissant tout l'espace muséal, cinq danseurs interpréteront les planètes d'après leurs caractéristiques « physiques et géographiques » sous la baguette d'une bande-son commandée par Jeff Mills. La performance prenant place au milieu de l'oeuvre de Vasarely ne pourra que le mettre en valeur et interpréter l'art contemporain : entre res numérique, son, danse et arts plastiques. De quoi mettre l'eau à la bouche, mais ne partons pas trop vite à l'assaut. Ça ne commence qu'à partir du 10 octobre, mais ne traînons pas trop non plus parce que le festival ne s'approprie la Fondation que pour un bref mois...
À vous de juger de la réalisation des attentes de Vasarely à travers ce festival. Il mêle en effet toutes les formes actuelles de l'art pour toucher le public personnellement. Et, l'art pour tous, n'était-il pas son Graal ?
Pour commencer, une association aixoise appelée « Seconde Nature ». Agissant pour la valorisation du patrimoine et des pratiques artistiques numériques, le collectif met en place l'exposition « Chronique des mondes possibles » où la création actuelle sera mise en avant. Derrière ces termes se cachent des réalités toutes contemporaines, essayons d'en comprendre un peu plus : « chroniques pour suggérer le récit d'un voyage collectif » « des mondes possibles pour désigner le futur, la perspective, autant de notions abordées par la création artistique contemporaine : une création hybride, mutante et techno, sensorielle et numérique ». Autant se dire que l'exposition ne sera pas un voyage de tout repos, mais bel et bien une parfaite immersion dans un pan de l'art contemporain en pleine ascension.
En partenariat avec le muséum d'histoire naturelle d'Aix en Provence, la Fondation Vasarely aura l'honneur de devenir le lieu d'exposition d'une trentaine d'artistes. Venus de France ou de l'international, nous pourrons côtoyer les plus fameux dans un « parcours numérique ». Comme dans le cadre d'une biennale, les lieux recevront des temps forts comme : des projections (Ryoji Ikeda, Mapping), des concerts (Promenade musicale de Peter Sinclair), des animations et même une performance chorégraphique de Jeff Mills.
L'artiste exécutera une œuvre spécialement conçue pour l'évènement. Investissant tout l'espace muséal, cinq danseurs interpréteront les planètes d'après leurs caractéristiques « physiques et géographiques » sous la baguette d'une bande-son commandée par Jeff Mills. La performance prenant place au milieu de l'oeuvre de Vasarely ne pourra que le mettre en valeur et interpréter l'art contemporain : entre res numérique, son, danse et arts plastiques. De quoi mettre l'eau à la bouche, mais ne partons pas trop vite à l'assaut. Ça ne commence qu'à partir du 10 octobre, mais ne traînons pas trop non plus parce que le festival ne s'approprie la Fondation que pour un bref mois...
À vous de juger de la réalisation des attentes de Vasarely à travers ce festival. Il mêle en effet toutes les formes actuelles de l'art pour toucher le public personnellement. Et, l'art pour tous, n'était-il pas son Graal ?
* art optique