Rubio : les Républicains tiennent leur challenger

14 Février 2013



Les Latino-américains sont désormais la première minorité aux Etats-Unis. Une nouvelle réalité que se doit de refléter la politique intérieure du pays. Les Républicains, en pleine mutation après leur cuisante défaite de novembre, l'ont bien compris. Marco Rubio, enfant d'immigrés cubains, a été choisi pour répondre au discours d'Obama sur l'Etat de l'Union, et est en bonne place pour participer à la course à la Maison Blanche édition 2016.


Crédits - @npr
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Sourire 'colgate', mèche noire soigneusement rangée sur le côté et peau légèrement dorée : le latino-américain version conservateur, a trouvé son incarnation dans la peau de Marco Rubio. Encensé par Time magazine ce mois-ci, le « Republican Savior » (auquel le sénateur répondra sobrement sur Twitter « Il n'y a qu'un seul sauveur #Jésus) personnalise le renouveau des Républicains. Annoncé comme le dernier espoir du Grand Old Party, le sénateur d'origine cubaine, affiche, à 41 ans, un parcours digne de l'American Dream.

Issu d'un milieu très modeste, son ascension fulgurante rappelle un scénario de film. Ses parents fuient le régime de Fidel Castro, et débarquent, fauchés, aux Etats-Unis. Son père ouvre d'abord un bar, puis un pressing, sa femme fait le ménage. L'histoire veut que l'aîné de la fratrie, Marco, n'ait fini de rembourser le crédit pour ses études d'avocat, il n'y a que quelques années. Aujourd'hui marié à une ancienne pom-pom girl des Miamis Dolphins, ils ont quatre enfants. D'abord représentant à la chambre de Floride, il en devient sénateur en 2010, porté par les ultra-conservateurs du Tea Party.

Avec son air de beau gosse, il séduit rapidement les Américaines, et obtient le soutien sans faille de Sarah Palin qui ne jure que par des « I love Marco Rubio ». Jed Bush (frère de l'ex-président) l'aurait désigné comme « notre Obama républicain ». Il était même pendant un temps pressenti pour devenir le colistier de Mitt Romney lors de la précédente présidentielle, et un sondage de l'Institut Sam Adams le plaçait comme meilleur candidat pour 2012 selon les militants républicains. L'Amérique républicaine lui sourit, le « sauveur » apporte la promesse de réconcilier l'électorat hispanique avec le parti conservateur.

« Trouver le bon équilibre entre humanisme et réalité »

La photo de famille républicaine semble idéale : il est donc possible d'être ultra-conservateur et fils d'immigré. Anti-mariage gay, anti-avortement, catholique pratiquant, partisan de la religion avant la science... Le gendre idéal, en somme.

Pourtant, le jeune sénateur aura réintroduit le mot « régularisation » et « immigration » dans la même phrase, une thématique jusque là tabou chez les Républicains. En promettant de régulariser temporairement quelques 12 millions d'immigrés clandestins, le sénateur a opéré un revirement sans précédent. La réforme leur attribuerait une carte verte et un permis de travail, et a de fortes chances d'être votée d'ici les législatives de 2014. Un tournant à 180° que le parti se devait d'accomplir : la Maison Blanche ne se gagne plus sans l'appui des minorités. L'homme qui disait pourtant il y a quelques années que la seule solution était la déportation a bien retourné sa veste.

Opportuniste, le Golden Boy? « N'oublie pas que les immigrés sont des être humains comme nous », lui aurait dit sa mère sur son répondeur rapporte Time. Ce à quoi Marco Rubio répond : « je dois trouver le bon équilibre entre humanisme et réalité ».
Mais pas sûr que les Latino-américains se retrouvent dans son discours, les moqueries dont il a été victime sur Twitter le prouvent (voir plus bas). Marco Rubio reste très (trop?) conservateur, et, malgré sa jeunesse, a du mal à rassembler.

Son "water break" fait rire la toile

Il a donc été choisi pour répondre au discours de l'Union du Président, un moment très important. Malheureusement, il a fait rire Twitter à ses dépends. Dès le début de son speech, le sénateur de Floride semble très stressé, mais surtout, il a soif.

12 minutes, c'est le temps qu'il aura tenu avant de craquer et de se laisser tenter à une gorgée d'eau, le tout, en fixant continuellement la caméra. Le New Yorker s'est même amusé à dire qu' "en une minute on a eu un arc narratif complet : le malaise, le désespoir, la décision et les regrets." Résultat, le hashtag #watergate explose sur Twitter, et les gifs animés se multiplient. D'autant plus que certains se sont amusés à jouer avec les mots : "Rubio water break" pour la pause boisson, en version originale, la traduction donne "perdre les eaux".

Le sénateur choisit l'humour pour répondre à toute cette mascarade et a tweeté une photo de la toute petite bouteille en question. Sur ABC, il a déclaré "J'avais besoin d'eau (…) Ça arrive. Dieu a parfois une drôle de façon de nous rappeler que nous sommes humains."

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Jeanne Massé
Rédactrice pour Le Journal International, étudiante en journalisme à l'ISCPA. En savoir plus sur cet auteur