Royaume-Uni : le prix du gaz de schiste plus élevé que prévu

Aurélie Franc, correspondante à Coventry, Angleterre
11 Octobre 2013



Pour la baisse des prix de l’énergie au Royaume-Uni, il faudra repasser… La production de gaz de schiste au Royaume-Uni coûte 50 à 100 % plus cher qu’aux États-Unis. C’est le chiffre annoncé jeudi par la BNEF (Bloomberg New Energy Finance), branche de l’agence qui est spécialiste des études énergétiques, dans un rapport.


Crédits photo -- Paul Hackett/Reuters
Crédits photo -- Paul Hackett/Reuters
La protestation pourrait encore enfler du côté anglais contre l’exploitation de cette énergie. Ils étaient déjà plus de 2000 en août dernier à marcher sur le site de Balcombe près de Sussex, pour protester contre la fracturation des gaz. Même si le forage n’en est qu’à sa phase d’exploration, le gouvernement britannique envisage sérieusement de passer à la phase d’exploitation pour l’énergie du pays.

Les gaz de schiste en ligne de mire du gouvernement britannique

Depuis le 13 décembre 2012, le gouvernement de David Cameron a autorisé à nouveau le forage d’exploration du précieux gaz de schiste par fracturation hydraulique. Ce procédé consiste en l’injection de produits chimiques et d’eau sous pression dans le sol pour fracturer les roches afin d’en faire sortir le gaz. La production avait été arrêtée en juin 2011 suite à des tremblements de terre causés par l’exploitation d’un site dans les environs de Prese Hall par la compagnie britannique Cuadrilla.

Le mécontentement des Anglais est grandissant face à la reprise de l’exploitation de ces gaz. Selon un sondage publié par l’université de Nottingham, alors que les Anglais étaient 61 % à supporter la fracturation hydraulique en juillet dernier, ils ne sont aujourd’hui plus que 55 %.

Un constat écologique angoissant

L’inquiétude des Britanniques prend source en plusieurs points. Le premier est écologique et soucieux de l’environnement. Depuis que les forages de la compagnie Cuadrilla ont causé des tremblements de terre, les Anglais sont de plus en plus inquiets quant à l’impact que pourrait avoir cette production pour l’environnement.

Par ailleurs, les manifestations de l’été sur le site de Balcombe semblent avoir trouvé un écho dans l’opinion publique. En effet, durant le mois d’août le mouvement « Antifracking » s’était allié avec les habitants de Balcombe pour protester contre la fracturation hydraulique sous le slogan « No Dash for Gas ».

La désillusion économique

Ce soucis de l’environnement s’ajoute au fait que la fracturation s’avère avoir un coût plus élevé que ce qui avait été promis par le Premier ministre britannique le 11 août dernier. Le prix de la tonne de BTU (unité de mesure pour le gaz) est de 7 à 12 dollars. Proche des marchés européens (10-11dollars), ce prix est très loin de celui États-Unis où la tonne peut descendre jusqu’à 2 dollars par BTU. L’exploitation du gaz de schiste n’entraînera donc pas une hausse de la facture d’énergie pour les Anglais, mais pas non plus une baisse comme cela avait été le cas outre-Atlantique. Cette différence de facturation est due notamment à un prix du terrain plus élevé au Royaume-Uni du fait de la densité du pays plus important. Les populations locales sont en effet moins faciles à convaincre qu’aux États-Unis. Par ailleurs, l’industrie du forage n’est pas très développée. La variation des prix et l’impact sur l’approvisionnement national sont donc très limités.

Enfin, le gouvernement britannique a annoncé en juillet dernier des avantages fiscaux pour ce type d’exploitation dans le projet de loi de finances de 2014 ce qui a suscité un vif mécontentement chez les Anglais. L’imposition sur les revenus tirés de cette ressource ne devrait plus être que de 30 % alors qu’elle est de 62 % pour les hydrocarbures conventionnels du nord. La question des lobbies industriels est donc posée dans ce combat pour l’exploitation des gaz à 2 ans des prochaines élections.

Pourtant, selon David Cameron, les Britanniques ne pouvaient pas se permettre de manquer la révolution des gaz de schiste. Le gouvernement essaye en effet de prendre le vent en poupe de cette nouvelle énergie afin de créer de l’emploi et de la croissance dans un pays où les ressources conventionnelles commencent à chuter. Dans sa conférence donnée mercredi, le chef du gouvernement a annoncé que plusieurs plans concernant les gaz de schistes étaient en train de se préparer. Pour lui, le Royaume-Uni doit devenir « le centre de l’Europe pour l’exploitation de gaz de schiste ». Le ministre de l'Énergie conservateur, Michael Fallon, a également déclaré mercredi sur la BBC que jusqu'à 40 puits de gaz de schiste pourraient être établi dans les deux prochaines années.

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