Religion et technologie : lorsque l'Église se met aux applications

Maylis Haegel
4 Avril 2015



Depuis l’élection du pape François le 13 mars 2013, l’Église a bousculé ses habitudes traditionalistes. Ce pape, dit "moderne", surprend les catholiques et les non-croyants par des prises de position moins conservatrices que ses prédécesseurs. Avec 19 millions d’abonnés, le pape François est la deuxième personnalité politique la plus suivie sur Twitter, après Barack Obama. Ses tweets sont traduits en neufs langues, dont le latin. Ce sont presque toujours des allocutions tirées de la Bible invitant ses followers à réfléchir sur les sujets d’actualité. Cette tendance du chef de l’Église à utiliser les nouvelles technologies de la communication pour faire passer un message a encouragé plusieurs églises à se mettre au web 2.0.


Crédit DR
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En 2008 déjà, le site américain Life Church lançait une application mobile pour lire la Bible. Avec des versions traduites dans plus de 600 langues et des lectures audio de la Bible, cette application religieuse est la plus utilisée dans le monde. Disponible pour Android, iOS, et Windows Phone, l’application en est déjà à sa cinquième version et a été téléchargée plus de 140 millions de fois. 

En France, c’est en mars 2010 que naît l’application Messe Info, où sont inscrits les horaires des messes ainsi que les grandes fêtes chrétiennes. Puis en novembre 2010, le site de référence de l’Église catholique inaugure son application mobile  : Église Info, qui permet de suivre l’actualité de l’Église en direct. Depuis, de plus en plus d’églises font le choix de se connecter à Internet.

Des applications mobiles pour se rapprocher des fidèles

En novembre dernier, le diocèse de Montréal lance une application mobile pour être plus proche de ses fidèles. Grâce à une carte interactive, il est possible de géolocaliser l’église la plus proche et de connaître l’heure de la prochaine messe. L’application permet également d’être informé des derniers événements en rapport avec la religion, et renvoie vers des vidéos sur Youtube. Sur le site internet officiel du diocèse de Montréal, se trouve la rubrique « médias sociaux », où il est écrit que « les nouveaux moyens de communication sont pour l’Église une occasion extraordinaire de correspondre directement avec des millions de personnes. » 

L’application sert également d’agenda pour les fidèles, où sont recensés tous les événements et les activités proposées par le diocèse de Montréal. Créant ainsi une communauté online entre les fidèles, cette application agit telle un véritable réseau social où les fidèles peuvent déposer une prière, lire les intentions, ou prier pour les autres. De plus, en se détournant de la principale utilisation strictement religieuse de l’application mobile, le diocèse de Montréal espère également qu’elle pourra servir aux touristes désireux de visiter une église. 

En Afrique, continent qui abrite une population chrétienne très dense qu’il est parfois délicat de connaître et avec qui il est difficile de communiquer, les églises jouent souvent le rôle de l’État. La révolution des smartphones en Afrique, et la création d’applications mobiles par les églises permettent de créer un lien entre les fidèles des paroisses. 

Au Nigeria par exemple, pays africain qui contient le plus grand nombre de chrétiens, certaines communautés comptent plus d’une dizaine de milliers de membres. Avec les applications, les pasteurs et les curés peuvent, en plus d’encourager leur communauté de paroissiens à prier, les gérer lorsqu’elles ne connaissent pas leur identité. Ces applications permettent alors d’administrer et de recenser la population dans un continent où les États sont quelquefois défaillants. Les églises fournissent aux fidèles des assistances sociales ainsi que des services divers.

Des églises connectées : les avis divergent

Face à ce nouvel outil de communication, les opinions sont partagées. Une partie de l’Église estime qu’Internet, premier vecteur de la mondialisation, permettra à la religion chrétienne de s’étendre, et donc d’évangéliser plus de personnes. En brisant les frontières et en créant des liens entre les chrétiens, Internet et plus particulièrement les applications mobiles bâtissent une communauté plus facilement, et plus rapidement.

Mais les avis divergent. Certaines personnes ont peur que la possibilité de faire une prière depuis chez soi devant son mobile puisse au contraire détruire la communauté d’une église. À force de pouvoir tout faire à distance, il se peut que les fidèles ne ressentent même plus le besoin de se déplacer. Assister à la cérémonie de la messe, rencontrer le corps vivant de l’Église, parler entre fidèles : toutes ces habitudes des Chrétiens pourraient être remplacées par ces nouvelles technologies. 

Pourtant, ces exemples montrent et prouvent que la religion et les nouvelles technologies ne sont pas incompatibles. Au contraire, ces applications mobiles permettent aux représentants de l’Église de s’adresser à un public plus large, et en particulier aux jeunes. À l’occasion de la 47ème Journée mondiale des Communications sociales, le Pape Benoît XVI s’était adressé à la communauté chrétienne en ces termes : « La capacité d'utiliser les nouveaux langages est requise non pas tant pour être à la mode du temps, mais justement pour permettre à l'infinie richesse de l'Évangile de trouver des formes d'expression qui soient en mesure d'atteindre les esprits et les cœurs de tous. » Le Saint-Père avait encouragé ces initiatives, car elles seraient un moyen supplémentaire de pratiquer et de porter la bonne parole.

À l’image du Pape François proche de ses fidèles, la révolution des applications mobiles dans les églises du monde réconcilie les jeunes avec la religion, et réunit les croyants entre eux. L’Église a toujours été un réseau social, elle ne fait qu’adapter son mode de fonctionnement aux attentes du monde, et aux nouveaux enjeux de communication, en créant des applications mobiles. 

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