Quand Ebola devient synonyme de menace terroriste

François Muyard du CitizenPost
25 Septembre 2014



Entre l’attaque à la seringue présumée sur un officier fédéral il y a 8 jours, et des autorités sanitaires submergées par une flambée de cas inédite depuis sa découverte, le virus Ebola est l’objet de nombreuses inquiétudes quant à son éventuelle diffusion à travers le monde ; un article paru dans The New York Times interroge les experts sur la possibilité de l’usage du virus mortel en bio-terrorisme.


Crédit DR
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Les chiffres et les images sont partout : l’épidémie qui sévit depuis six mois en Afrique de l’Ouest a fait plus de victimes que toutes celles enregistrées depuis l’identification d’Ebola en 1976. L’OMS s’alarme de l’hécatombe chez le personnel médical ; les images d’un patient contaminé déambulant en pleine capitale du Libéria circulent sur la toile et illustrent, pour le moins, une quarantaine complexe à mettre en oeuvre.

L’incident qui serait survenu le 7 septembre à l’aéroport de Lagos ajoute à ce climat de tension l’ombre du terrorisme : un agent de l’administration fédérale américaine aurait été attaqué à l’aide d’une seringue avant d’embarquer… Version que démentent les autorités aéroportuaires du Nigéria. Les analyses n’ont pas révélé de présence pathogène chez la victime présumée, mais le FBI mène l’enquête.

Les outils d'un scénario catastrophe

Si toute la lumière reste donc à faire sur cet évènement, cela n’empêche pas le New York Times de considérer la question de l’arme biologique : dans quelles mesures un groupe armé pourrait-il isoler et développer le virus Ebola à grande échelle ? C’est la question qui fut posée au docteur Philip K. Russel, médecin militaire à la retraite : « ils ont de grandes chances de se tuer en essayant d’en faire une arme », confie-t-il au quotidien américain.

Le docteur Ryan C. W. Hall, spécialisé dans les traumas psychiatriques dus au bioterrorisme prend le problème à contrepied : « Isoler le virus exige beaucoup de ressources. Mais des gens prêts à mourir en s’injectant le sang d’une personne infectée n’ont pas besoin d’un labo de haute sécurité. »

Un virologue français cité par Slate s’exprime sur les facteurs qui alimentent une telle problématique, estimant que « la progression de l’épidémie africaine et la médiatisation à laquelle elle donne lieu modifie bien évidemment la donne. D’autres scénarios de contamination volontaire sont possibles, qu’il ne nous appartient certainement pas de détailler. » L’hypothèse d’un acte délibéré de contamination n’est donc pas inenvisageable ; reste que médiatiser de tels scénarios peut engendrer des effets pervers sur l’organisation sociale, des désordres économiques à la psychose collective.

Un sentiment clairement alimenté par l’agressivité du virus : après une période d’incubation très variable (de 2 jours à 3 semaines), Ebola provoque une fièvre hémorragique aigüe tuant 90 % des personnes infectées sous deux semaines. La contamination ne peut cependant se faire qu’en cas de contact avec des fluides infectés ; l’exemple de la ville de Conakry en Guinée montre que des mesures sanitaires collectives peuvent clairement faire reculer les menaces virales.

Rappelons qu’à l’heure actuelle, il n’existe aucun traitement contre le filovirus Ebola qui ne soit pas expérimental.

Article publié à l'origine sur le CitizenPost, partenaire du Journal International. 

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