Credit Photo --- Toni Wolkinson | Photoquai 2013
Derrière le musée du quai Branly, des images du monde entier serpentent les quais de Seine. C'est dans le 7e arrondissement de Paris que se dressent les « murs du monde » devant une foule de curieux venus se perdre dans un labyrinthe de portraits d'hommes immortalisés par des hommes et admirés par d'autres hommes. 40 artistes exposent à Photoquai près de 400 photographies et placent sous le feu des projecteurs l'homme du monde…
Le concept de Photoquai, exposition dédiée à la photographie d'outre-occident, né en 2007. Après avoir eu pour thème « Les rives de l'image », « Où la raison se dépayse » puis « le Bruit du monde », l'exposition biennale revient cette année avec l'interjection « regarde-moi ». Une interjection, un ordre qui nous invitent à ne pas détourner le regard de la beauté du monde sous toutes ses formes.
Ce qui nous frappe avant tout dans cette exposition, c'est la réalité des portraits géants à travers lesquels s'imposent des visages, des regards, des émotions, des identités toutes différentes, mais avec un point commun : une vague d'émotion humaine.
Les quais de Paris se transforment en une forêt de portraits avec lesquels les spectateurs nouent une connexion, une connivence, une complicité qui s'installe avec beaucoup de facilité. On s'amuse de la surprise d'une jeune fille indienne au cinéma photographiée par Amit Madeshiya, ou de retrouver les contes qui ont bercé notre enfance revisités par Adriana Duqué dans De Cuento en Cuento. On se perd sur les rives du fleuve jaune (Huang He) avec la série de photo The Yellow River de Kechun Zhang, et s’émerveille devant la beauté et la réalité des portraits d'hommes arabes de Tamara Abdul Hadi, jeune artiste irakienne.
Une des idées soulignées par Frank Kolero, directeur artistique de Photoquai dans le journal des Arts du musée du quai Branly, c'est l'originalité de l'exposition. Les clichés exposés véhiculent un regard neuf sur les pays non-occidentaux. Pas de mélancolie, de tristesse, ni de noirceur, sentiments qui ont longtemps alimenté les clichés représentant ces pays, mais un vent frais de culture, de paysages, de visages, de styles vestimentaires qui font l'identité du monde d'aujourd'hui.
Photoquai exprime ainsi l'internationalité de toute une nouvelle génération d'artistes comme l'énonce Helène Fulgence dans la bande-annonce de l'exposition. Directrice du développement culturel au musée du quai Branly, elle explique que la majorité des artistes sélectionnés se réapproprient leurs terres natales, ayant pour une grande majorité étudié, voire vécu à l'étranger. Ils expriment ainsi à leur façon, à travers leurs différentes œuvres, divers aspects de leurs pays d'origine. L'unicité des photographies se ressent ainsi dans le souci de refléter avec le plus de vraisemblance possible la culture d'origine de ces jeunes talents.
Touchante, passionnante
Le fil d’Ariane de ce dédale photographique ne pouvait être que le visage humain. L'importance octroyée aux expressions humaines, aux visages, aux sens, revisite le principe même du système solaire. L'espace d'un instant, le temps de quelques « clics » d'appareils photo, la planète ne tourne plus autour du soleil. Elle se transforme en ballon de basketball que se transmettent du bout de l'index les terriens des quatre coins de notre monde.
Touchante, passionnante, les qualificatifs manquent à exprimer l'ascenseur émotionnel dans lequel cette exposition place les spectateurs. Véritable melting-pot de la photographie, chacun peut y trouver un écho à ses pensées, puisque nous sommes tous citoyens du monde.
Touchante, passionnante, les qualificatifs manquent à exprimer l'ascenseur émotionnel dans lequel cette exposition place les spectateurs. Véritable melting-pot de la photographie, chacun peut y trouver un écho à ses pensées, puisque nous sommes tous citoyens du monde.