En 1950, Pier Paolo Pasolini quitte les campagnes du Frioul, au Nord-Est de l'Italie et débarque à Rome avec sa mère. Le jeune homme y découvre une ville contrastée et contradictoire. Des chantiers ambitieux s'élèvent à quelques mètres de faubourgs déshérités. La ferveur catholique y côtoie une liberté sexuelle inédite pour le jeune Pier Paolo. À travers la relation mouvementée qui a lié le poète et réalisateur à la capitale italienne, c'est aussi un portrait en creux de l'Italie post-Mussolini qui est dessiné dans l'exposition Pasolini Roma.
Avant d'accéder au cœur de l'exposition, le visiteur transite par un couloir qui résume en quelques photos, lettres et manuscrits, les 28 premières années du jeune Pasolini. Son père, militaire, qui entraînera sa famille au gré de ses affectations. Sa mère, l'amour de sa vie, avec qui Pier Paolo habitera jusqu'à sa mort. Son frère, Guido, résistant tué peu de temps avant la fin de la Seconde Guerre mondiale. Son expulsion du Parti Communiste Italien (PCI) pour ses pratiques homosexuelles. Puis la fuite vers la capitale italienne. Le visiteur revit le voyage en train qui a déposé Pier Paolo Pasolini et sa mère sur les quais de la gare de Rome Termini le 28 janvier 1950. C'est ici que commence la grande épopée romaine de Pasolini.
Avant d'accéder au cœur de l'exposition, le visiteur transite par un couloir qui résume en quelques photos, lettres et manuscrits, les 28 premières années du jeune Pasolini. Son père, militaire, qui entraînera sa famille au gré de ses affectations. Sa mère, l'amour de sa vie, avec qui Pier Paolo habitera jusqu'à sa mort. Son frère, Guido, résistant tué peu de temps avant la fin de la Seconde Guerre mondiale. Son expulsion du Parti Communiste Italien (PCI) pour ses pratiques homosexuelles. Puis la fuite vers la capitale italienne. Le visiteur revit le voyage en train qui a déposé Pier Paolo Pasolini et sa mère sur les quais de la gare de Rome Termini le 28 janvier 1950. C'est ici que commence la grande épopée romaine de Pasolini.
Dans la misère des faubourgs romains
L'exposition déroule ensuite dans l'ordre chronologique la vie personnelle, intellectuelle et artistique de Pasolini à Rome. De ce 28 janvier 1950 à la mort tragique du réalisateur 25 ans plus tard sur une plage d'Ostie, le visiteur découvre la capitale italienne à travers les yeux de l'auteur, poète et réalisateur. Chacune des six sections qui composent l'exposition s'ouvre sur une carte de Rome sur laquelle sont épinglés les lieux-clés fréquentés par le poète et réalisateur à chaque période de sa vie. Des vidéos tournées de nos jours dans ces quartiers illustrent des citations de Pasolini et montrent à quel point la vision qu'il avait de la ville est toujours d'actualité.
Dans les années 1950, l'Italie est en plein boom économique. Mais de nombreux Romains vivent dans les faubourgs déshérités de la ville. C'est dans ces quartiers aux allures de bidonvilles que Pasolini va passer ses premières années à Rome, dans la misère. Il se prend alors de passion pour les ragazzi, et se lie d'amitié avec ces petites frappes qui vivent de menus larcins. Pier Paolo Pasolini, qui a toujours défendu les langues régionales, apprend le romanesco – le dialecte romain – au contact des habitants, et l'utilise dans ses poèmes.
Cette expérience de la pauvreté aura une influence considérable sur son travail d'écrivain, de poète et de cinéaste. C'est dans l'un de ces faubourgs que Pasolini tourne – entre autres – son premier film, Accattone, en 1961, avec des acteurs amateurs parfois absents du tournage après avoir été arrêtés dans la nuit. De très belles photos de cette époque montrent la complicité très forte du réalisateur avec les habitants de ces quartiers.
Dans les années 1950, l'Italie est en plein boom économique. Mais de nombreux Romains vivent dans les faubourgs déshérités de la ville. C'est dans ces quartiers aux allures de bidonvilles que Pasolini va passer ses premières années à Rome, dans la misère. Il se prend alors de passion pour les ragazzi, et se lie d'amitié avec ces petites frappes qui vivent de menus larcins. Pier Paolo Pasolini, qui a toujours défendu les langues régionales, apprend le romanesco – le dialecte romain – au contact des habitants, et l'utilise dans ses poèmes.
Cette expérience de la pauvreté aura une influence considérable sur son travail d'écrivain, de poète et de cinéaste. C'est dans l'un de ces faubourgs que Pasolini tourne – entre autres – son premier film, Accattone, en 1961, avec des acteurs amateurs parfois absents du tournage après avoir été arrêtés dans la nuit. De très belles photos de cette époque montrent la complicité très forte du réalisateur avec les habitants de ces quartiers.
Un procès retentissant
Dans le même temps, Pasolini fréquente assidûment les cercles intellectuels du centre-ville de Rome. Il arpente les galeries, les cinémas et les établissements les plus en vue de la capitale. À la fin des années 50, Rome est en pleine transition. Les quartiers populaires du centre-ville sont réhabilités. Les grues investissent les faubourgs pour faire place nette en prévision des Jeux Olympiques de 1960. Pasolini se reconnaît de moins en moins dans une ville qui s'embourgeoise.
En 1963, dans un contexte politique et culturel tendu, La Ricotta, un sketch réalisé par Pasolini dans le cadre d'un film co-réalisé avec Rossellini, Godard et Gregoretti, créé la polémique. Le sketch est considéré comme une insulte à la religion d'État en représentant la passion du Christ sous un jour moqueur. Le film est dans un premier temps confisqué et un procès est intenté à Pasolini. Ce n'est ni le premier, ni le dernier, mais celui-ci a un important retentissement médiatique. Une section entière de l'exposition est consacrée à ce procès qui durera six ans et finira par l'acquittement de Pier Paolo Pasolini. De nombreuses coupures de presse présentées à la Cinémathèque témoignent de la virulence de l'opinion contre le réalisateur pendant cet épisode.
En 1963, dans un contexte politique et culturel tendu, La Ricotta, un sketch réalisé par Pasolini dans le cadre d'un film co-réalisé avec Rossellini, Godard et Gregoretti, créé la polémique. Le sketch est considéré comme une insulte à la religion d'État en représentant la passion du Christ sous un jour moqueur. Le film est dans un premier temps confisqué et un procès est intenté à Pasolini. Ce n'est ni le premier, ni le dernier, mais celui-ci a un important retentissement médiatique. Une section entière de l'exposition est consacrée à ce procès qui durera six ans et finira par l'acquittement de Pier Paolo Pasolini. De nombreuses coupures de presse présentées à la Cinémathèque témoignent de la virulence de l'opinion contre le réalisateur pendant cet épisode.
Le tiers-monde comme ligne de fuite
Peu à peu, Pasolini prend ses distances avec la capitale italienne. Il emménage dans un quartier calme et résidentiel conçu par les fascistes dans les années 1930 pour accueillir l'exposition universelle de 1942 – qui n'eut jamais lieu. Depuis sa fenêtre, le réalisateur voit les grands chantiers en périphérie de la Rome et même la plage d'Ostie. Son cinéma aussi prend du recul sur la ville. Dans Des Oiseaux petits et gros, Pasolini montre une Rome en pleine transformation idéologique, politique, intellectuelle et physique. Sa caméra s'aventure dans la périphérie romaine et filme les grands travaux routiers, l'aéroport construit pour les Jeux Olympiques ou encore la démolition de fermes anciennes. Pasolini s'éloigne aussi de plus en plus physiquement de Rome. Il multiplie les voyages dans le tiers-monde, en Inde, en Turquie, à Cuba et dans plusieurs pays africains.
Sur le tournage du film Des oiseaux, petits et gros (Uccellacci e uccellini) - Crédit Photo --- Archivio | Storico del Cinema | AFE | DR
En 1968, la relation de Pasolini avec la jeunesse romaine se tend. Alors que les révoltes étudiantes font rage dans la capitale, le réalisateur publie un poème – présenté à la Cinémathèque – dans lequel il soutient les policiers, qui, selon lui, sont de vrais prolétaires alors que les étudiants sont issus de la bourgeoisie. À cette époque, le cinéma de Pasolini n'a plus rien à voir avec le réalisme lyrique de ses premiers films. Rome n'est plus le sujet central de son travail.
L’œuvre inachevée
Au début des années 70, l'artiste se fait plus rare dans la capitale et passe une grande partie de son temps dans ses pied-à-terre, tous deux situés à plus de 80 kilomètres de la ville. L'ultime section de l'exposition est consacrée aux dernières années du réalisateur. Des photographies saisissantes le montrent dans son intimité, seul. En 1972, Pasolini entame la rédaction de Pétrole. L'ouvrage, expérimental et inachevé, revient sur l'ensemble de la vie artistique et personnelle de Pasolini, et présente une relecture de l'histoire de l'Italie post-Seconde Guerre mondiale. Il y évoque entre autres l'affaire Mattei, l'assassinat du fondateur d'une grande société pétrolière italienne qui avait fait le choix de s'ouvrir sur le tiers-monde.
Dans la nuit du 1er au 2 novembre 1975, le corps mutilé de Pasolini est retrouvé sur la plage d'Ostie. Si la piste d'un rapport homosexuel ayant mal tourné est d'abord envisagée, des zones d'ombres subsistent sur les circonstances de sa mort. Pour certains, l'assassinat d'un journaliste qui travaillait lui aussi sur l'affaire Mattei accrédite la thèse selon laquelle le meurtre de Pasolini serait lié à ses recherches.
Les funérailles du poète, auteur et réalisateur trois jours plus tard attirent une foule immense place du Campo de' Fiori, en plein cœur de Rome. Les intellectuels et les habitants des faubourgs si chers à Pasolini se sont déplacés en masse pour lui rendre hommage. Les Romains sont conscients que l'État en sait plus qu'il veut bien le dire sur la mort du réalisateur et la cérémonie se transforme en manifestation politique. L'écrivain Alberto Moravia, prend alors la parole : « L'image me poursuit de Pasolini qui fuit en courant quelque chose qui n'a pas de visage et qui est-ce qui l'a tué, une image symbolique de notre pays, une image qui doit nous pousser à améliorer notre pays, comme Pasolini lui-même l'aurait voulu ».
Dans la nuit du 1er au 2 novembre 1975, le corps mutilé de Pasolini est retrouvé sur la plage d'Ostie. Si la piste d'un rapport homosexuel ayant mal tourné est d'abord envisagée, des zones d'ombres subsistent sur les circonstances de sa mort. Pour certains, l'assassinat d'un journaliste qui travaillait lui aussi sur l'affaire Mattei accrédite la thèse selon laquelle le meurtre de Pasolini serait lié à ses recherches.
Les funérailles du poète, auteur et réalisateur trois jours plus tard attirent une foule immense place du Campo de' Fiori, en plein cœur de Rome. Les intellectuels et les habitants des faubourgs si chers à Pasolini se sont déplacés en masse pour lui rendre hommage. Les Romains sont conscients que l'État en sait plus qu'il veut bien le dire sur la mort du réalisateur et la cérémonie se transforme en manifestation politique. L'écrivain Alberto Moravia, prend alors la parole : « L'image me poursuit de Pasolini qui fuit en courant quelque chose qui n'a pas de visage et qui est-ce qui l'a tué, une image symbolique de notre pays, une image qui doit nous pousser à améliorer notre pays, comme Pasolini lui-même l'aurait voulu ».
Infos pratiques
Pasolini Roma, à la Cinémathèque de Paris jusqu'au 26 janvier 2014.
Pour ceux qui ne peuvent pas se rendre à l'exposition ou veulent creuser le sujet, un très beau site associé à l'évènement retrace le parcours de Pasolini et son lien avec Rome sous la forme d'une frise chronologique et d'une carte de la capitale italienne : pasoliniroma.com
Pour ceux qui ne peuvent pas se rendre à l'exposition ou veulent creuser le sujet, un très beau site associé à l'évènement retrace le parcours de Pasolini et son lien avec Rome sous la forme d'une frise chronologique et d'une carte de la capitale italienne : pasoliniroma.com