Pakistan: Un champion de cricket au parlement ?

8 Août 2012



Corruption, guerres tribales, terrorisme, économie agonisante, tel est l'état du Pakistan. Dirigé depuis plus d'un quart de siècle par le Parti du peuple pakistanais, créé par la dynastie Bhutto, et la Ligue musulmane du Pakistan, ces deux partis voient arriver un nouvel opposant bien déterminé à s'imposer sur la scène politique et à sauver son pays: Imran Khan.


Pakistan: Un champion de cricket au parlement ?
Légende vivante au Pakistan, Imran Khan devint, en 1992, champion du monde de cricket en étant capitaine de l'équipe nationale. Grâce à cet exploit, il est devenu un symbole pour tout un pays. Mais fini les éclats sportifs! C'est en politique que le champion tente une nouvelle carrière en formant, dès 1995, le Pakistan Tehreek-e-Insaf (PTI), mouvement pour la justice au Pakistan. Mais sans grands résultats. Cependant depuis peu, Imran Khan voit son avenir politique avec certitude. En effet, difficile de nier que ses meetings rassemblent de plus en plus de monde, avec un public jeune, familial et rêvant d'un changement radical, à l'inverse du public froid et discipliné des partis traditionnels. « Il y a une émergence réelle d'Imran Khan » concède un diplomate en poste à Islamabad.

Imran Khan se veut le nouveau porte parole d'un peuple déçu par ses dirigeants, mais dans le pays de Benazir Bhutto, le «sauveur» voit son image se ternir. Selon certain, Imran Khan pencherait en faveur de la droite religieuse, et ne serait donc pas assez ferme avec les extrémistes islamiques. Mais dans un pays profondément religieux, Imran Khan sait où trouver des voix. Avec le Coran à ses côtés, sa seconde arme ne serait autre que l'antiaméricanisme. Car l'homme connait très bien la société occidentale. Étudiant à la prestigieuse université d'Oxford, «jet-setteur» dans les boîtes de nuits londoniennes, puis marié avec l'héritière du magnat Jimmy Goldsmith, le nouveau politicien annonce la couleur: pour lui, l'extrémisme islamiste n'est qu'un sous-produit des Etats-Unis, «Mon argument n'est pas religieux, mais antiaméricain» affirme-t-il. 

Et son lien étroit avec l'armée? La question reste entière. Nationaliste, religieux, jeune, serait-il un pantin parfait pour l'armée pakistanaise ?

En attendant, Imran Khan doit déjà se qualifier pour les législatives, prévues en mai 2013. D'ici là, l'homme aux multiples vies continue sa campagne, et son ascension. 


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Geoffrey Saint-Joanis
ex-Rédacteur en chef du Journal International, accro à l'histoire des monarchies européennes, aux... En savoir plus sur cet auteur