Nadja Massun, l’artiste qui n’oublie pas les Mexicaines

Inès Abderrahmane
9 Octobre 2013



Du 6 au 30 septembre, l’Alliance Française de Cuautla, au sud de Mexico, a mis à l’honneur les femmes lors d’une exposition photographique intitulée « Mujeres ». Un bel hommage à ces Mexicaines inconnues, issues de tous bords.


Crédits photo -- Nadja Massun
Crédits photo -- Nadja Massun
Les photographies ont été réalisées par Nadja Massun, photographe mexicaine d’origine franco-hongroise. L’artiste a travaillé aux Nations Unies à Mexico avant de participer à des projets de développement avec des communautés paysannes indigènes à Oaxaca. Passionnée par la photographie, Nadja Massun a suivi des ateliers photographiques au Centro Fotografico Manuel Alvarez Bravo de la ville.

En 1999, sa carrière de photographe débute. Son œuvre a été présentée dans des galeries, des musées, mais aussi des centres culturels de différents pays tels que le Mexique, les États Unis, la France, l’Espagne, l’Allemagne et Cuba. C’est à Cuautla qu’elle a choisi d’exposer une série de trente photographies en hommage aux femmes mexicaines.

La beauté et la diversité féminines à l’honneur

L’exposition est là pour rendre compte de la beauté féminine au travers de la photographie. Sans prétendre être exhaustive, cette galerie a pour but d’enrichir le regard porté sur les Mexicaines. Les trente photos que l’artiste propose au public cherchent à mettre en valeur la diversité de femmes venant de différents horizons. Plus qu’une diversité ethnique, il s’agit aussi et surtout d’une diversité des modes de vie. Qu’elles soient assises à un bureau, fumant une cigarette, allongées lascivement sur un canapé, adossées à un mur ou en pleine nature, ces femmes nous émeuvent et nous touchent. Leurs regards sont francs, leurs sourires vrais et leurs poses naturelles. Sincérité et spontanéité sont à l’œuvre dans une exposition qui redonne leur place aux femmes et les fait exister plus que jamais, pour toujours.

Nadja Massun souhaite saisir, chez ces femmes, un instant révélant « un état d’âme, une émotion, la beauté d’un geste ou d’un regard ». Selon elle, le paysage qui les entoure n’est là que pour « souligner ce qu’[elle] essaie de saisir: un regard, une anecdote, un moment de gravité, une intériorité qui [lui] parlent. » Ces moments d’existence sont ainsi capturés par une artiste pour qui il est indispensable de « comprendre par empathie » les personnes sur lesquelles elle « braque » son appareil photo.

Ces femmes ainsi photographiées viennent du milieu urbain ou rural et sont issues de classes sociales différentes. Elles sont représentées dans leur vie quotidienne ; au travail, durant leurs loisirs ou leurs moments de vie sociale. « La collection de photographies présente principalement des portraits de femmes dans leur vie quotidienne, que ce soit au travail, durant leur temps libre ou même lors d’un rituel ». C’est le cas par exemple du portrait, Ritual del maiz dans lequel une femme semble s’adresser au maïs qu’elle tient dans ses mains. 

Crédits photo --  Zsanett Emese PRIKANSZKY
Crédits photo -- Zsanett Emese PRIKANSZKY
Certaines sont passionnées par le danzon, une activité traditionnelle de la culture populaire, quelque peu désuète, mais qui persiste encore au Mexique, et notamment à Oaxaca. Les deux portraits intitulés Danzon I et Danzon II font partie de ceux où l’on retrouve une présence masculine. D’autres portraits présentent des paysannes qui travaillent la terre ou des artisanes. Certaines sont prises seules, d’autres le sont en groupe, avec leur famille ou leurs enfants. C’est le cas du portrait intitulé Madre chinanteca où le regard de la mère rivé sur l’enfant qu’elle porte dans ses bras nous en dit long sur la force du lien maternel.

Dans l’exposition, l’on retrouve aussi un portrait frappant de femmes et hommes indigènes portant des costumes traditionnels protestant contre l’intrusion sur leurs terres. Le nom de cette photographie, Las Abejas de Acteal fait directement référence à l’organisation indigène qui mène un combat pacifique pour la défense de leurs territoires. Tous ont les yeux rivés aux sols et leurs visages sont tristes. Ce portrait fait face à celui d’autres indigènes aux uniformes d’éleveuses de bétail et intitué Policias antimotines. L’une d’entre elles, Catalina, revient à plusieurs reprises dans des portraits pris sous des angles différents. À chaque fois, dans chaque portrait, Nadja Massun parvient à révéler un regard qui nous transporte. Qu’elles appartiennent à la modernité ou restent ancrées dans la tradition, Nadja Massun a su révéler la beauté et la force inhérentes à chacune de ces femmes.

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