Memento Park, « seule la démocratie peut nous donner la possibilité de réfléchir librement sur la dictature »

25 Avril 2013



Le Journal International vous invite à Memento Park, là où demeurent les derniers vestiges de l'ère soviétique, entre Staline, Lénine ou encore Karl Marx.


Memento Park, « seule la démocratie peut nous donner la possibilité de réfléchir librement sur la dictature »
Inauguré en 1993 à Budapest (Hongrie), le Memento Park expose les statues des anciens dictateurs de l'ère communiste. Le musée est en plein air, entouré de murs en briques rouges. Les statues ont été récupérées aux quatre coins de la ville. Libéré des tyrans communistes qui occupaient le pays, le conseil municipal de la ville a préféré garder ces monuments pour les exposer et pouvoir se réjouir librement de la déchéance de Staline et de ses acolytes.

Une excursion à peine lugubre, mais qui peut s’avérer très intéressante pour tous les passionnés d’histoire. Pas aussi poignant que de se retrouver devant les restes du mur de Berlin, mais la visite du parc témoigne de l’importante présence de la propagande et du culte de la personnalité imposé par les dictateurs.

Une tyrannie revue sous un œil plus ou moins artistique

À l’entrée, Marx et Engels, version statue de bronze, vous saluent. Un peu plus loin se trouve un bloc de 3 mètres de haut. Sur le socle, vous pouvez apercevoir les bottes de Staline. Enfin une réplique, la statue d’époque de 25 mètres de haut, elle, a été renversée par le peuple hongrois en 1956. Seules les bottes sont restées debout devenant ainsi un symbole de la colère des Hongrois. Autre œuvre impressionnante : le mémorial de Béla Kun, l’un des premiers gouverneurs communistes hongrois. Ici, on peut l’admirer debout, tenant son chapeau à la main et entouré de dizaines de soldats comme pour un appel à la révolution. Que du beau monde à Memento Park.
La visite n’est pas longue, cependant armez-vous d’un guide, les informations sur le site étant rares, hormis les plaques vous indiquant le titre des œuvres. Si l’envie vous en dit, vous pourrez faire un détour par la salle de projection et visionner un documentaire sur les services secrets et les réseaux d’espionnage, « La vie de l’agent ».

Un parc à la fois glauque et insolite, mais qui nous fait voyager dans le temps

Le Memento Park fait partie des symboles de l'Ostalgie, regard en arrière sur les objets qui ont marqué l'époque du Rideau de Fer. Les statues ont été érigées pour commémorer la grandeur et la puissance du régime communiste. Aujourd'hui, elles nous rappellent combien l’Europe de l’Est est plus sereine sans eux. La commercialisation des « œuvres » communistes fait tout de même débat au sein de la ville, considérant les initiateurs du projet comme trop opportunistes.
Cependant, il n’est pas question d’être admiratif de la propagande communiste, mais de pouvoir réfléchir librement sur les évènements passés, entre vengeance et catharsis. L’architecte Ákos Eleöd déclare lui-même que « seule la démocratie peut nous donner la possibilité de réfléchir librement sur la dictature ». L’actuelle Hongrie cherche encore la stabilité économique et politique. Le pays est bien souvent victime de discours trop populiste et d’entorses à cette chère démocratie. La mémoire est un devoir plus qu’essentiel, mais elle ne peut malheureusement pas toujours tout guérir.

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