May 4th: au nom du père, du fils, et du Sabre-Laser

4 Mai 2013



À l’heure où les religions n’arrivent plus à trouver leur place dans notre société, une communauté pour la moins étonnante a vu le jour depuis plus de dix ans. Leur croyance ? La Force, ce culte arrivé tout droit de l’univers Star Wars, qui a réussi a trouvé ses disciples dans notre galaxie pas si lointaine. Le Journal International a recueilli le témoignage de Michael James Kitchen, sujet de l'Empire Britannique et membre du Temple de l’Ordre Jedi.


May 4th: au nom du père, du fils, et du Sabre-Laser
Il y a bien longtemps, dans une galaxie lointaine, existait un ordre de chevaliers, gardiens de l’ordre et de la justice. Pour les fans de l’œuvre de la saga de Georges Lucas, le rêve est devenu réalité.
Le Temple de l’Ordre Jedi, créé par John Henry Phelan, a vu le jour en 2005. Comme la fiction, le Temple est dirigé par un conseil de sept maîtres de la Force. Au sein de cette organisation religieuse, on peut y voir des chevaliers, des initiés et des apprentis, tous disciples de la Force. Mais le bon côté.

Réelle religion ou délire geek ?

Lors d’un recensement en Angleterre et au Pays de Galles, datant de 2001, les Jedis créent la surprise en devançant les 56 620 païens ou encore les 29 267 athées, avec pas moins de 330 000 personnes se revendiquant Jedis. Cependant, le recensement de 2011 n’en comptait que 176 632. Le côté obscur serait-il passé par là ?

Présente dans de nombreux pays, tels que le Royaume-Uni, les États-Unis, la Pologne la Nouvelle-Zélande ou même l’Australie, la plupart des communs des mortels voient en cette organisation religieuse, constituée en société au Texas, le délire d’un groupe de fans se réunissant chaque samedi soir devant La Guerre des Étoiles.

Pour combattre cette image, les plus sceptiques pourront apercevoir sur leur site « On ne se prend pas pour les mêmes Jedi que ceux de la saga Star Wars. Nous ne pratiquons pas non plus le Role-play. Le Jediisme est différent de celui dépeint par George Lucas. Nous croyons en la paix, la justice, l'amour, la connaissance et nous utilisons nos capacités pour le Bien. Il est donc improbable que nos pratiques entrent en conflit avec vos propres croyances et traditions. »

Une image qui faillit perdre de son sérieux. Selon la BBC, « Peu avant le recensement, un e-mail qui circulait au Royaume-Uni affirmait que si 10.000 personnes mettaient Jedi sur leur formulaire de recensement, cela deviendrait "une religion légale et pleinement reconnue" ». Mais selon The Register, « le recensement n’apporte pas de reconnaissance aux religions dans les statistiques officielles et ne cherche pas non plus à définir la religion ».

Un sérieux d’autant plus amputé par un manque de réels moyens, aucun temple n’ayant été construit à l’heure actuelle, « Puisque nous sommes répartis dans le monde, il n'y a aucun endroit qui puisse convenir à un lieu de culte. Nous communiquons sur Internet, par le chat room de notre site, notamment utilisé pour les cérémonies » nous confie Michael Kitchen, directeur des relations publiques, du marketing et de la communication du Temple.

Alors comment réussir à les dissocier de l’univers de science-fiction ? « Star Wars est un mythe inspiré d'une histoire, c'est là que nous avons trouvé notre inspiration. Des idées proviennent des films, d'autres de la vraie vie. Au sein d'une religion, les croyants n'ont pas forcément la même vision de leur Dieu(x). Nous, nous avons chacun notre vision de la force. »

Une vision qui peut prendre un sens commun et une véritable légitimité puisque Georges Lucas a avoué s’être inspiré des études du mythologue Joseph Campbell, maître de la mythologie comparée et du monomythe, mais également des religions et philosophies asiatiques telles que le bouddhisme, taoïsme, confucianisme, mais aussi manichéisme et zoroastrisme. Convaincu ?

May 4th: au nom du père, du fils, et du Sabre-Laser


Une religion qui dérange

Suite à la loi loi légalisant le mariage pour tous au Royaume Uni, l'Eglise prestyberienne s'est inquiétée que la prochaine étape, soit la possibilité offerte à des gens de même foi de se marier entre eux, et a notamment cité en exemple un potentiel mariage de Jedis, signe de leur intégration grandissante à la société.

Le porte-parole de l'Église du jediisme au Royaume-Uni reconnait que les Jedis avaient demandé une certaine reconnaissance, mais que l'Église libre ne devait pas s'en inquiéter, « Nous sommes ouverts à toute forme de mariage, à l'union de deux personnes qui s'aiment quelle que soit la forme », ajoute-t-il.

Quant au révérend Iver Martin, porte-parole de l’Église Libre, « Je ne dis pas qu'on devrait interdire ce genre de croyance, mais quand on autorise certaines formes de mariage, après ça part dans tous les sens ».

Un fait qui illustre les différences existantes entre la fiction et la réalité. Pour les jeunes Padawans de la saga, il est important de spécifier que les Jedis de Georges Lucas, en tant que moines-soldats, se doivent de ne pas connaître l’amour. Pour comprendre le pourquoi du comment, veuillez vous référer à l’épisode III de la trilogie.

Religion ou délire de fan d’Obiwan Kenobi, méditer tu devras. Quant à l’avenir de ses disciples, le futur en jugera. En attendant, prions pour un seul et même combat : que Disney ne s’engage pas pour un 7e volet.
En cette journée du 4 mai dédié à l'univers Star Wars, les jedis sont loin de la jouer Solo. 

May the force be with you. 

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Geoffrey Saint-Joanis
ex-Rédacteur en chef du Journal International, accro à l'histoire des monarchies européennes, aux... En savoir plus sur cet auteur