Malek Jandali, musicien au nom de la liberté

Floriane Le Goff
14 Juin 2014



Mai 2013, gare Saint-Lazare, Paris. Un homme parmi tant d'autres se sert du piano mit à disposition du public. Ce que ne savaient pas encore les rares privilégiés présents à ce moment-là, c'est qu'ils avaient en face d'eux, Malek Jandali, pianiste engagé syrien originaire de Homs, ville tombée peu de temps avant cette représentation. Il se fera connaître en France grâce à cette vidéo posté sur internet.


Crédit DR
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En décembre 2010, le Printemps arabe se met en marche. Cela commence par la Tunisie avec le départ de Ben Ali, puis vient le tour de l'Egypte qui voit Moubarak quitter le pouvoir et ainsi de suite... Parmi les nombreuses revendications à l'origine des révolutions, se trouve la liberté d'expression tant culturelle que politique, inexistante car réprimée. Le monde arabe voit ses dictateurs partir les uns après les autres, bien souvent au prix de nombreuses vies suite aux guerres civiles provoquées par les affrontements des régimes aux pouvoirs face au peuple. Certains d'entre eux tentent malgré tout de se maintenir aux commandes de leur pays. En Syrie, c'est encore le cas. Bachar el-Assad, depuis mars 2011, lutte avec son armée contre les rebelles. Parmi eux se trouve Malek Jandali. 

Né en 1972 en Allemagne, élevé à Homs, ayant étudié aux Etats-Unis, pianiste et compositeur engagé, il réside actuellement à Atlanta. Malek Jandali écrit et joue au nom d'une Syrie et d'un art libre. Alors que de nombreux artistes syriens sont restés dans le silence lors du commencement des révolutions par oppression et crainte des représailles, l'artiste sort Watani Ana - Ma Terre Natale. Il rend à sa façon, hommage à l'identité culturelle perdue de la Syrie au profit du culte d'un dictateur qui impose sa personne jusque sur les timbres et les cahiers scolaires.

Malek Jandali explique ainsi les raisons qui le pousse à lutter avec son art et non au travers de la violence : si les régimes oppriment autant les artistes, les contraignant au silence, c'est parce que l'art serait le « miroir de la vérité », le moyen du peuple de s'exprimer librement et de se détacher de ce que le régime leur impose. Dernièrement, il a réalisé l'Hymne syrien des gens libres au nom du peuple syrien, se faisant ainsi la voix de leurs espoirs.

Au nom de l'enfance

Cependant, tout cela ne consiste pas en l'unique motif de sa lutte. Depuis le début de la guerre, un nombre important d'enfants tués a été recensé.
Ainsi, lorsque des jeunes syriens, âgés de 10 à 15 ans se font kidnapper, torturer puis tuer par le régime pour la simple raison qu'ils posaient dans les rues des affiches pour une révolution sans violence, Malek Jandali réagit en réalisant dans le monde de nombreux concerts nommés «The Voice of the Free Syrian Children ». 

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Ces concerts sont en collaboration avec l'UNICEF pour rendre hommage, entre autres, à tous ces jeunes ayant dit adieu trop tôt à leur enfance et dont il se veut le porte-parole : « Nous [les artistes] pouvons être la voix, plutôt que l'écho de ces gamins. La musique, ce langage universel, peut raconter l'histoire et mettre un visage humain sur les sacrifices et l'histoire de ces gamins courageux ».

Mais de telles actions ne pouvaient rester impunies. Ses parents ont subi les répercussions de l'engagement de leur fils à Homs peu de temps après l'une de ses représentations à la Maison Blanche en 2011. Cependant, il continue sa lutte contre l'oppression du pouvoir. En témoigne sa représentation gare Saint-Lazare, pour que l'on n'oublie pas ce qui se passe en Syrie.

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