Crédits photo -- Reuters
Une nouvelle fois, la brûlante controverse religieuse refait surface en Malaisie. Alors que la Cour d'appel a validé la semaine dernière l'interdiction gouvernementale pour les religions non-musulmanes d'utiliser le mot « Allah » pour mentionner Dieu, un vent de protestation se lève à travers tout le pays. La polémique est née quand le journal catholique The Herald a été prié de ne plus employer le mot « Allah » dans ses publications hebdomadaires en malais.
Une polémique religieuse
La population chrétienne malaisienne, largement minoritaire dans le pays, a vivement contesté cette décision, perçue comme une violation de ses droits religieux. Le mot « Allah », Dieu en arabe, est souvent utilisé en malais pour faire référence à Dieu. Les chrétiens de langue malaise ont toujours utilisé « Allah » pour parler de Dieu dans la Bible. Par ailleurs, Allah signifie le Dieu et n'est en rien le nom de Dieu, ce qui irait à l'encontre du Coran. Allah n'a pas de nom, et son emploi « n'est pas l'exclusivité de l'Islam, utilisé à la fois par les Chrétiens et les Juifs pour faire référence à Dieu bien avant l'avènement de l'islam », selon le journal des Emirats arabes unis, The National.
Les détracteurs de la décision évoquent également le danger pesant sur la liberté de la presse. Ce jugement permettant au ministère de l'Intérieur d'interdire toute publication utilisant le terme « Allah » sous prétexte d'atteinte à la sécurité nationale. Néanmoins, le juge Mohamed Apandi Ali, membre du jury de la Cour d'appel, est formel : « Le mot "Allah" n'est pas partie intégrale de la foi et de la pratique de la religion chrétienne ». La Cour d'appel met en avant les risques que pourrait entraîner son utilisation par les non-musulmans, invoquant la confusion de la communauté musulmane, et la potentielle appropriation de l'expression dans le but de convertir les musulmans.
Les détracteurs de la décision évoquent également le danger pesant sur la liberté de la presse. Ce jugement permettant au ministère de l'Intérieur d'interdire toute publication utilisant le terme « Allah » sous prétexte d'atteinte à la sécurité nationale. Néanmoins, le juge Mohamed Apandi Ali, membre du jury de la Cour d'appel, est formel : « Le mot "Allah" n'est pas partie intégrale de la foi et de la pratique de la religion chrétienne ». La Cour d'appel met en avant les risques que pourrait entraîner son utilisation par les non-musulmans, invoquant la confusion de la communauté musulmane, et la potentielle appropriation de l'expression dans le but de convertir les musulmans.
Volte-face gouvernemental
Confronté à de vives contestations, le gouvernement tente de calmer le jeu. Le Premier ministre, Datuk Seri Najib Razak, a déclaré hier lors du 18e Congrès du Parti Bersatu Sabah que les chrétiens de Sabah et de Sarawak pourraient continuer à utiliser le terme « Allah ». En dix points, le gouvernement expose sa solution notamment la Bible, traduite dans toutes les langues, pourra continuer à être importée dans le pays, y compris celles en malais. La Bible pourra également être imprimée dans tout le pays.
Le Premier ministre a également tenté de rassurer les chrétiens de Sabah et Sarawak, assurant qu'ils ne devaient pas se sentir menacés par cette restriction qui ne les concernait pas. Dans son discours, Najib Razak a prôné l’unité nationale dans la diversité. « Il y a toujours une solution aux problèmes lorsqu'il s'agit d'assurer la paix et l'harmonie entre toutes les races et les croyances religieuses grâce à de bonnes relations ». Avant d’ajouter que « Les Musulmans ne devraient pas blesser les sentiments des non-musulmans, et les ces derniers ne devraient pas blesser ceux des Musulmans ».
Le Premier ministre a également mis en garde les différents groupes concernés de ne pas politiser l'affaire car ils joueraient alors avec un feu « qui finira par les brûler ». Un peu plus tard au Parlement, le ministre de l'Intérieur Datuk Seri Ahmad Zahid Hamidi déclarait que l'interdiction du mot « Allah » ne s'appliquait qu'à l'hebdomadaire catholique et à aucune autre publication.
Ce rétro-pédalage démontre la volonté du gouvernement malaisien de donner une inflexion différente à la décision de la Cour d'appel. Ce volte-face illustre aussi sa peur de voir son électorat s'envoler. Le gouvernement semble perdre le contrôle face à une décision judiciaire aux fortes d'implications. Il tenterait désespérément de revenir sur ses pas afin de ne pas perdre du terrain dans le jeu politique, mais aussi de faire taire les critiques grandissantes de la part de la communauté internationale. Cette interdiction implicite, décidée par la Cour d'appel, semble aller trop loin pour le gouvernement, pourtant à l'origine de cette loi restrictive.
Bien que le gouvernement malaisien tente d'apparaître accommodant et conciliant envers la communauté chrétienne, cela ne sera certainement pas suffisant. Les minorités religieuses de Malaisie, chrétiennes, bouddhistes comme hindouistes, dénoncent régulièrement l'empiétement du gouvernement sur leurs libertés religieuses. Selon l'éditeur de The Herald, Lawrence Andrew, cette décision n'en est qu'un exemple supplémentaire : « C'est surréaliste. C'est un pas en arrière pour le développement du droit concernant la liberté fondamentale des minorités religieuses ». L'éditeur de l'hebdomadaire catholique a d'ailleurs déclaré vouloir faire appel contre la décision auprès de la Cour fédérale malaisienne, la plus haute instance juridique du pays.
Le Premier ministre a également tenté de rassurer les chrétiens de Sabah et Sarawak, assurant qu'ils ne devaient pas se sentir menacés par cette restriction qui ne les concernait pas. Dans son discours, Najib Razak a prôné l’unité nationale dans la diversité. « Il y a toujours une solution aux problèmes lorsqu'il s'agit d'assurer la paix et l'harmonie entre toutes les races et les croyances religieuses grâce à de bonnes relations ». Avant d’ajouter que « Les Musulmans ne devraient pas blesser les sentiments des non-musulmans, et les ces derniers ne devraient pas blesser ceux des Musulmans ».
Le Premier ministre a également mis en garde les différents groupes concernés de ne pas politiser l'affaire car ils joueraient alors avec un feu « qui finira par les brûler ». Un peu plus tard au Parlement, le ministre de l'Intérieur Datuk Seri Ahmad Zahid Hamidi déclarait que l'interdiction du mot « Allah » ne s'appliquait qu'à l'hebdomadaire catholique et à aucune autre publication.
Ce rétro-pédalage démontre la volonté du gouvernement malaisien de donner une inflexion différente à la décision de la Cour d'appel. Ce volte-face illustre aussi sa peur de voir son électorat s'envoler. Le gouvernement semble perdre le contrôle face à une décision judiciaire aux fortes d'implications. Il tenterait désespérément de revenir sur ses pas afin de ne pas perdre du terrain dans le jeu politique, mais aussi de faire taire les critiques grandissantes de la part de la communauté internationale. Cette interdiction implicite, décidée par la Cour d'appel, semble aller trop loin pour le gouvernement, pourtant à l'origine de cette loi restrictive.
Bien que le gouvernement malaisien tente d'apparaître accommodant et conciliant envers la communauté chrétienne, cela ne sera certainement pas suffisant. Les minorités religieuses de Malaisie, chrétiennes, bouddhistes comme hindouistes, dénoncent régulièrement l'empiétement du gouvernement sur leurs libertés religieuses. Selon l'éditeur de The Herald, Lawrence Andrew, cette décision n'en est qu'un exemple supplémentaire : « C'est surréaliste. C'est un pas en arrière pour le développement du droit concernant la liberté fondamentale des minorités religieuses ». L'éditeur de l'hebdomadaire catholique a d'ailleurs déclaré vouloir faire appel contre la décision auprès de la Cour fédérale malaisienne, la plus haute instance juridique du pays.