Madagascar : à quoi ont servi les 5 ans de transition ?

Jean-Baptiste Auduc
5 Février 2014



Le 20 décembre 2013 a eu lieu le second tour des élections présidentielles dans le Grande Île. Le 24 janvier, Hery Rajaonarimampianina a été désigné président. Il a été reçu par l’Union Africaine et la Communauté de Développement de l’Afrique australe (SADC).


© AFP
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Aujourd’hui, Madagascar retrouve sa place dans la communauté internationale. Le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine (CPS-UA) compte accompagner les autorités malgaches à rétablir la situation économique du pays. Cette place, Madagascar l’a perdu au mois de mars 2009, date du coup d’Etat mené par Andry Rajoelina. Devenu président de transition pendant 5 ans, il a eu beaucoup de mal à gérer les affaires courantes. Hery Rajaonarimampianina est l’homme attendu pour rétablir le pays. Une tache loin d’être facile. Le contexte politique de cette élection étant problématique.

Le président élu est très proche de l’ancien pouvoir. Ce qui réalise la crainte de l’éditorialiste du quotidien L’Express de Madagascar, cité par RFI. Pour lui le choix qui se présentait à l’électeur durant le second tour des élections présidentielles est le suivant : « Préférer soit un prolongement de la Transition légalisé et certifié conforme à l’original, soit revenir aux anciennes amours et de retomber dans les bras de Marc [Ravalomanana, qui soutenait Jean-Louis Robinson, présent au deuxième tour des élections présidentielles ndlr]et tous ses avatars. »

Rajaonarimampianina, le poulain

Le président est lié à l’ex-président Rajoelina. Très lié. Rajaonarimampianina est clairement le poulain de l’entrepreneur de 39 ans, empêché de se présenter aux élections. La solution pour poursuivre sa vie politique ? Suivre un candidat de près. Et qui de mieux que son ancien ministre des Finances ? C’est dans un article du Monde  - au titre prémonitoire - qu’Andry Rajoelina annonçait qu’il soutenait Hery Rajaonarimampianina.

Or, il n’avait pas le droit, selon la feuille de route qui encadre les élections, de soutenir un candidat. Passant outre, il se considère comme un « citoyen, selon Hery Rajaonarimampianina, il peut s’exprimer comme tout le monde, il peut accorder une confiance à tel ou tel candidat ». Il parasite cependant le processus de fin de transition en ne tenant pas sa place et en tentant de rester dans le jeu politique plutôt que de s’effacer.

L’adoubement international du nouveau président a bien eu lieu. Cette reconnaissance était le principe vital de cette élection. Pour la SADC comme pour l’Union Africaine, les liens entre ex et actuel présidents ne sont pas importants tant que le pays est bien tenu, et de façon légal.

Andry Rajoelina peut se targuer d’avoir adopté la bonne tactique. Alors qu’il est forcé de quitter la présidence, il réussit à garder sa place et pense au poste de Premier ministre. Il reste en tout cas à la disposition du président. Comme en France, la majorité à l’Assemblée désigne un Premier ministre. Le 20 décembre 2013 avait aussi lieu le scrutin législatif. Les résultats ne sont pasencore définitifs, mais il semblerait que le Miaraka amin'ny Prezidà Andry Rajoelina (MAPAR), la formation politique de l’ex-président Rajoelina, soit majoritaire dans ce scrutin.

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