La crise des réfugiés syriens menace la rentrée scolaire au Liban. Il y a un an, les écoles libanaises n’étaient pas en mesure d’accueillir le très grand nombre d’enfants réfugiés syriens fraîchement arrivés, et la situation semble tout aussi délicate cette année. C’est au début de l’année 2013 que la vague de réfugiés syriens, dont la moitié ont moins de 18 ans, a été la plus forte. Le Liban compte donc plus d’enfants syriens en âge d’aller à l’école que d’enfants libanais, et manque de ressources lui permettant d’accueillir ces enfants au sein de son système scolaire.
Les méthodes du Liban pour gérer le flux de refugiés syriens dans le système scolaire
L’arrivée d’un si grand nombre de réfugiés a bousculé le Liban, et a rendu ses systèmes d’éducation et de santé particulièrement instables. Selon le HCR (Haut Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés), 172 000 réfugiés et jeunes libanais en situation vulnérable ne recevront aucune éducation au Liban au cours de cette nouvelle année scolaire. De plus, selon les prédictions de ce même organisme qui se base sur des situations passées semblables, la qualité de l’éducation sera amoindrie en raison des classes trop chargées. Comme si la situation n’était pas déjà assez grave, les réfugiés qui sont parvenus à s’intégrer dans une école libanaise doivent faire face à une barrière de la langue importante, puisque 93% des écoles publiques du Liban enseignent en français, alors que les cours sont exclusivement donnés en arabe en Syrie. En l’état actuel des choses, et en respectant le droit libanais, il semble clair que les écoles ne parviendront pas à accueillir tous les enfants libanais et syriens. Les élèves libanais seront prioritaires sur les Syriens pour obtenir une place à l’école. L’accueil des enfants syriens ne commence que maintenant alors l’année scolaire est déjà entamée.
Le ministère de l’Education et de l’Enseignement supérieur libanais (MEHE), avec le HCR, des comités locaux et régionaux et des ONG planchent à régler le problème. La solution trouvée en janvier dernier par le MEHE et le HCR consistait à proposer une deuxième session de cours durant l’après-midi, pour les enfants qui n’avaient pu s’inscrire à la session du matin. Ces deux sessions ont permis d’accueillir 27 550 écoliers de plus dans les écoles libanaises, et proposaient des cours allégés mais certifiés aux élèves de l’après-midi. Bien que les autorités cherchent toujours d’autres moyens d’éviter l’exclusion d’enfants, l’espoir que les 300 000 enfants réfugiés présents au Liban puissent aller à l’école est mince. Les enseignants libanais mènent de leur côté des grèves à travers tout le pays depuis le mois de juin afin d’obtenir une meilleure équité salariale, après des années à réclamer de meilleurs salaires. Il est possible que les problèmes entre le ministère et les enseignants compliquent les choses en ce qui concerne la scolarisation des enfants syriens au pays des cèdres.
Il reste à voir comment la situation évolue, mais il est très probable que les enfants réfugiés syriens qui ont réussi à obtenir une place ne commenceront pas l’année scolaire avant la fin du mois de novembre, au mieux. Selon les estimations du HCR, plus de 170 000 réfugiés ne trouveront pas de place et ne recevront aucune éducation cette année.
Parmi les différentes ONG qui sont intervenues au cours de la crise, nombre d’entre elles se sont concentrées sur l’éducation des réfugiés syriens au Liban, mais ces aides restent trop rares comparé à l’urgence du besoin. L’éducation ne peut en effet pas être considérée comme d’importance vitale, et bénéficier d’office de la plus grande priorité, alors qu’il existe d’autres besoins plus urgents comme le ravitaillement de vivres et l’accès à des soins médicaux.
L’aide linguistique des ONG pour les écoles surpeuplées
Pour illustrer concrètement le travail opéré par les ONG qui travaillent dans le secteur de l’éducation, l’ONG Aide et réconciliation en Syrie propose, avec d’autres ONG, des cours intensifs de français aux enfants venant de différentes communautés et des camps de réfugiés d’Akkar, dans le nord du Liban. Ces enfants apprennent ainsi les bases du français, et peuvent suivre un enseignement libanais au cas où ils parviendraient à intégrer une école.
D’autres ONG, petites comme grandes, ont toujours besoin de fonds pour mettre en place leurs programmes d’éducation, et leurs ressources ne sont aujourd’hui pas suffisantes pour faire face à la crise des réfugiés. Cette année encore, des centaines de milliers d’enfants syriens qui ont trouvé refuge dans des pays voisins, comme le Liban, n’iront pas à l’école. La menace d’une génération perdue grandit, et après tout, l’éducation n’est malheureusement pas la principale préoccupation des réfugiés.