Les pétroliers boutés hors du plus vieux parc d'Afrique

24 Juin 2014



Alors que la guerre pour l’or noir fait rage depuis plus d’une décennie au sein du parc des Virunga, en République Démocratique du Congo, la compagnie pétrolière britannique Soco vient d’annoncer avoir renoncer au projet d’exploration et de forage qu’elle voulait y mener. Au plus grand bonheur des défenseurs de ce lieu unique en Afrique…


Crédit LuAnne Cadd
Crédit LuAnne Cadd
L’affaire avait soulevé une forte émotion depuis les quatre coins de la planète. Mais cette fois, les défenseurs de la nature semblent avoir gagné le combat. La compagnie pétrolière britannique Soco a annoncé le 11 juin dernier qu’elle ne mènera pas à terme son projet d’exploitation pétrolière au sein du parc national des Virunga, à l’est de la République Démocratique du Congo (RDC). 

« Aujourd'hui est une victoire pour notre planète et pour les bonnes pratiques des entreprises », s’est réjoui le directeur général du WWF, Marco Lambertini. « Ce succès est le résultat du travail des fonctionnaires du gouvernement, des militants en RDC et de tous les autres sympathisants à travers le monde qui se sont réunis pour aider à éliminer cette menace dans les Virunga », a-t-il ajouté. Il faut dire, qu’outre être le fruit de la mobilisation sans faille de l’ONG, la décision de Soco n’est sans doute pas étrangère à la pétition en faveur de la protection des Virunga qui a rassemblé près de 750 000 signatures à travers le monde ces dernières semaines. Ni à la levée de boucliers de certains parlements européens contre l’exploitation pétrolière du sous-sol du parc. Sous la pression internationale, la firme britannique aura donc finalement choisi de rendre les armes.

La fin de tous les projets d’exploration pétrolière du parc

Et si cette victoire prend un goût si particulier, c’est du fait de l’importance de la  bataille qui se jouait : quelques mois après l’abandon de la compagnie française Total, le retrait de Soco marque, pour le moment, la fin de tous les projets pétroliers au sein du parc.

Un revirement de taille puisque depuis plus d’une décennie, la perspective de l’exploitation du sous-sol des Virunga, qui abriterait les fabuleuses réserves pétrolières de l’Ituri, suscite d’énormes convoitises. Au point qu’une véritable guerre des tranchées, opposant acteurs pétroliers et défenseurs de la nature, semble avoir pris place dans le paysage quotidien du parc.

Car bien entendu, l’exploitation de l’or noir ne serait pas sans risque et menacerait l’environnement de ce lieu classé au patrimoine mondial de l’humanité. Menant une étude sur les risques liés à une potentielle activité pétrolière, le WWF a ainsi mis en avant des résultats tendant à démontrer que l’exploitation des réserves pourraient détruire l’écosystème fragile du parc, mais aussi contaminer l’air, l’eau et le sol.

Le gouvernement congolais pris en étau

Face à l’ONG de protection de la nature et autres associations locales qui ne cessent de lancer des appels à la conservation du parc, les multinationales spécialisées dans le pétrole ont quant à elles multiplié les démarches auprès des pouvoirs publics pour pouvoir mener à terme leurs projets d’exploitation des réserves. Et l’affaire n’est pas simple pour le gouvernement congolais, pris en étau entre la possibilité de gagner des milliards grâce aux revenus du pétrole, et son devoir de protéger l’extraordinaire biodiversité qu’abrite le parc. Ce qui n’a fait qu’alimenter la controverse…

Ainsi, fin avril, c’est au mépris des protestations des défenseurs de l’environnement que la firme britannique Soco avait annoncé lancer la première étape de son projet d’exploration pétrolière du lac Edouard, situé à l’intérieur même du parc. Avant de faire marche arrière il y a quelques jours.

Les Virunga, un lieu unique en Afrique

Créé en 1925, le parc des Virunga est le plus ancien de tout le continent africain. Ses presque 800 000 hectares recouvrent une diversité de paysages incomparables partout ailleurs en Afrique, allant des marécages, aux steppes, en passant par les neiges éternelles du Rwenzori, plaines de lave et autres savanes. Mais il est avant tout connu pour accueillir une extraordinaire biodiversité, et pour être l’un des quatre seuls parcs abritant des gorilles de montagne en danger critique d’extinction, dont il ne reste qu’environ 880 individus dans le monde.

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