Les monnaies complémentaires, une solution face à la crise ?

Maxime Beynet
9 Janvier 2013



De sommets européens en G20, nos gouvernants n’ont de cesse de sauver l’économie mondiale. Mais, dans une situation de dépression, telle que nous en ressentons aujourd’hui les effets, l’usage d’un certain type de monnaies pourrait permettre de relancer l’économie: les monnaies complémentaires. Retour sur une expérience historique.


Les monnaies complémentaires, une solution face à la crise ?
D’aucuns disent que l’Europe amorce une sortie de crise. Il y a de quoi rester sceptique. N’avons-nous pas simplement différé le problème de la dette en nous endettant encore plus ? Albert Einstein disait qu’on ne résout pas un problème avec les modes de pensée qui l’ont engendré. Suivant cette maxime, il convient de sortir des sentiers battus pour imaginer des issues à la crise. C’est précisément ce que fit le maire d’une petite ville d’Autriche menacée de faillite dans les années 1930.

Trois ans après le fameux jeudi noir d’octobre 1929, le monde fait face aux ravages de la plus grande catastrophe économique de l’Histoire : faillites bancaires, licenciements en cascade, chômage de masse. C’est le retour de la famine en Europe et aux États-Unis.  Le maire du village de Wörgl en Autriche se retrouve désemparé. Suite au krach de 1929, l’économie mondiale tourne au ralenti et les caisses de sa commune sont désespérément vides...

Le village n’a plus les moyens de payer les ouvriers de la mine communale, principale source de recettes de la ville. Il décide donc d’émettre une monnaie complémentaire, le Wörgl. Cette monnaie est donnée aux ouvriers en paiement comme revenu de leur travail. Ces derniers ont alors la possibilité de dépenser leurs Wörgls de la même manière qu’ils dépensaient avant la crise les Schillings. Un Wörgl s’échange alors contre un Schillings autrichien.
Les monnaies complémentaires, une solution face à la crise ?

Une monnaie qui fond avec le temps

Cette monnaie s’utilise comme une monnaie classique : elle s’échange contre des produits ou des services. Tout fonctionne de la même manière, à une différence près : le Wörgl est une monnaie fondante. C’est l’économiste Silvio Gesell qui théorisa l’idée d’argent fondant. 

Selon ce théoricien monétaire, les crises déflationnistes sont la conséquence de la thésaurisation, c’est-à-dire que l’on garde l’argent pour lui-même, sans le dépenser. C’est le stockage d’argent qui serait responsable de la sous-consommation et donc du sous-emploi.

L’idée de Silvio Gesell est alors de faire en sorte que l’argent stocké perde de la valeur de la même manière qu’un fruit pourrait s’oxyder. Le Wörgl est une monnaie qui perd 1% de sa valeur par mois. Plutôt que de perdre du pouvoir d’achat, les citoyens sont donc incités à dépenser l’argent avant qu’il ne s’oxyde. Cela a pour effet d’accélérer la circulation de la monnaie. Cette accélération dynamise l’économie et permet de lui redonner une certaine vitalité.

Durant l’unique année où le Wörgl fut utilisé, le chômage a reculé de 25% dans la commune, ainsi que dans celles avoisinantes. Par opposition, le chômage continuait à grandir dans le reste de l’Autriche. Bien que concluante, cette expérience fut interdite par la banque centrale autrichienne, qui craignait pour son monopole de création monétaire.

Aujourd’hui, l’Union Européenne laisse émerger des initiatives de ce genre un peu partout (Toulouse, Romans-sur-Isère, Villeneuve-sur-Lot et même au Royaume-Uni ou en Allemagne), à la condition qu’elles ne mettent pas en cause le monopole de la Banque Centrale Européenne.

Utiliser les monnaies complémentaires peut donc être un moyen de relocaliser l’économie et d’éviter à notre argent d'alimenter la spéculation financière mondiale. En somme, un instrument pour sortir de la crise.

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1.Posté par lucien le 10/01/2013 20:11
je trouve cette article plutot clair et bien argumenter .mais en faite la solution et toujours la meme relocalisation est circuit court

2.Posté par Charles Sanlaville le 24/11/2013 12:50
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Si je suis bien le raisonnement de l'économiste Silivio Gesell, la bonne tenue actuelle du franc congolais serait un frein au développement ......
La perte de valeur programmée de la monnaie nationale serait au contraire un facteur décisif dans la lutte contre le chômage.
Je crois qu'on va être contraint de retourner au plus vite sur les bancs de l'Ecole car je ne comprends absolument rien à toutes ces théories plus fumeuses les unes que les autres!

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