« Les moissons du futur » : l’agroécologie est-elle pour demain ?

17 Octobre 2012



Mardi 16 octobre 2012, Arte diffusait le tout dernier documentaire de la journaliste française Marie-Monique Robin, quatre ans après son enquête polémique sur le géant de l’agrochimie : « le Monde selon Monsanto ».


Les moissons du futur, documentaire de M.M Robin
Les moissons du futur, documentaire de M.M Robin
L’idée de réaliser « Les moissons du futur » est venue d’une rencontre sur un plateau télé dans une émission de France 5 consacrée aux pesticides. Mme Robin s’était retrouvée face au président de l’Association nationale de l’industrie agroalimentaire, qui avançait qu’il n’y avait pas d’alternatives aux pesticides capables de nourrir la population mondiale.

Ainsi, le documentaire explore l'univers de l’agroécologie à travers le monde : Mexique, Malawi, Japon, Allemagne… On y rencontre des chercheurs et des agriculteurs utilisant des méthodes alternatives à celles prônées par les agro-industriels et leurs lobbys, qui préconisent l’utilisation massive de pesticides ou d’organismes génétiquement modifiés (OGM) depuis la fameuse « Révolution verte » (qui n’avait de vert que le nom), dans les années 1950.

Un agriculteur aux Etats-Unis cultivant du maïs et du soja OGM (et les pulvérisant du fameux herbicide « Round Up » de Monsanto) nous montre la limite de cette méthode, où les insectes finissent par s’habituer aux produits chimiques et où les sols sont appauvris et pollués. Au contraire, on rencontre au Kenya un scientifique indien, le professeur Khan, travaillant au Centre international de recherche sur les insectes, qui a créé la méthode dite « push-pull » (littéralement « pousser - attirer »). Cette technique consiste à éliminer les « mauvaises herbes » qui empêchent le maïs de pousser, et d’attirer les insectes nuisibles (notamment la pyrale du maïs) à l’extérieur des champs. Le maïs pourra ainsi se développer sans besoin d’utiliser d’insecticides ou d’herbicides. Cet exemple fait partie des nombreuses solutions à appliquer à chaque cas, selon les conditions climatiques, le type de sol, etc. Cela montre également la nécessité de faire des recherches poussées à l’aide de scientifiques et d’ingénieurs agronomes pour trouver des solutions adaptées à chaque cas, et pour sortir de la logique du « tout chimique ».

M.M. Robin avait déjà enquêté en 2011 sur les dangers des pesticides et autres produits chimiques dans « Notre poison quotidien ». Après la dénonciation, elle s’est ainsi lancée sur la piste des solutions : le « bio » peut-il et doit-il remplacer les méthodes dites « conventionnelles » ? Ce film apporte un éclairage sur cette question, et surtout réfute l’argument selon lequel les rendements des cultures biologiques (c’est-à-dire dans lesquelles on n’a utilisé aucun produit chimique) seraient moindres par rapport aux conventionnelles. Ainsi, on voit bien que les céréales telles que le maïs poussent autant, si ce n’est mieux, sans l’utilisation de pesticides ou d’OGM.

Au moment où un milliard de personnes souffrent de la faim dans le monde, il est temps d’adopter des solutions viables et durables qui ne seront cependant appliquées, comme le souligne Marie-Monique Robin, qu’avec une véritable volonté politique.

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Laura-Lise Reymond
Ex-responsable du pôle traduction et rédactrice à ses heures perdues. En savoir plus sur cet auteur