En 2010, le gouvernement britannique dans sa volonté de rigueur budgétaire avait pris la décision visant une très importante augmentation des frais d'inscription des universités britanniques. Portant ceux-ci de 3 290 livres (4 086 euros) par étudiant et par an à plus de 6 000 livres (7 454e), et jusqu'à 9 000 livres (11 180e) dans les « cas extraordinaires ». La mesure, provoquant instantanément la colère des syndicats étudiants, a eu pour conséquence une série de manifestations d'une rare ampleur à l'échelle nationale. Celles-ci avaient à l'époque choqué – du fait de la violence et des nombreux affrontements entre les forces de l'ordre et les étudiants. Les images avaient fait le tour du monde. On se souvient des manifestations et des occupations d'universités ayant eu lieu à Oxford et Cambridge – on se souvient également des images des rassemblements près de Trafalgar Square à Londres, qui se sont terminés par de violents affrontements avec les forces de police et des scènes d'émeutes urbaines - de nombreux pare-brises de voitures et de bus, ainsi que plusieurs vitrines furent détruites en plus de plusieurs véhicules policiers.
La décision du gouvernement britannique de tripler les droits de scolarité annuels est officiellement devenue une réalité cet automne pour les étudiants britanniques, ce qui n'a pas manqué de relancer la contestation. S’inspirant de la « réussite » des étudiants québécois durant le « printemps érable » - qui a abouti au gel de l'augmentation des frais de scolarité dans la province - les leaders de la contestation britannique espèrent pouvoir (re)mobiliser les étudiants et ils espèrent pouvoir mener une véritable lutte contre la hausse. Michael Chessum (1), cofondateur de la National Campaign Against Fees and Cuts (NCAFC) - coalition qui réclame la gratuité scolaire – explique dans une tribune du Guardian que « la plus grande leçon que nous a donnée le Québec, c'est qu'il est possible d'obtenir quelque chose ; les étudiants ont lancé une vague massive d'action directe : grèves, occupations, embargos et manifestations ont forcé le gouvernement à reculer, permettant aux étudiants de conserver les frais de scolarité les plus bas en Amérique du Nord ».
Les organisations étudiantes dénoncent la crise de la dette et la rigueur imposée. Ils estiment que les étudiants sont les premières victimes des coupes budgétaires, il est clair pour eux qu'ils sont devenus de « simples débiteurs » pour le gouvernement conservateur… À la fin de leurs cycles supérieurs, on estime que les diplômés britanniques devraient cumuler plus de £ 50.000 (62 100 euros) de dette en moyenne. Sûrement pas la meilleure des façons de commencer leur vie professionnelle. Le triplement des frais de scolarité, les coupures dans les bourses d'études, et l'abolition de l'aide financière Education Maintenance Allowance (EMA) risquent de mener plusieurs milliers de jeunes Britanniques dans la pauvreté et de renforcer les inégalités dans l’accès à l'éducation. C'est tout l'enjeu de cette première grande manifestation de ce 21 novembre en Grande-Bretagne, à moins que les affrontements et la violence ne volent la vedette et écartent les véritables questions de fond : la dette étudiante, la gratuité scolaire, l'éducation pour tous...