Les US Boy Scouts « changent d’orientation »

23 Juin 2013



Le 23 mai 2013, les Boy Scouts des États-Unis ont voté pour qu’un changement important ait lieu à partir de l’année prochaine : l’acceptation des jeunes homosexuels dans les groupes scouts. Cette décision lance un vrai débat.


Peter Macdiarmid/Getty Images
Peter Macdiarmid/Getty Images
De nos jours, on parle beaucoup d’égalité, de la diversité et de l’ouverture d’esprit. On aime penser qu’on est des gens « modernes », qui peuvent facilement s’adapter à n’importe quelle situation. Ce scénario idéal change dès qu’il s’agit d’une question fondamentale, qui demande une analyse profonde de soi-même. L’une de ces problématiques reste l’acceptation des personnes homosexuelles. Considérée comme un sujet assez souvent abordé, auquel les gens auraient déjà dû s’habituer, l’homosexualité provoque encore des contradictions. On dit qu’on vit dans un monde libre, démocratique, où l’on a la liberté de faire tout ce qu’on veut, tant qu’on ne fait pas de mal aux autres, mais est-ce vraiment le cas ?   

Scout un jour, scout toujours !

L’assemblée des Boy Scouts des États-Unis a pensé qu’il était temps de changer une loi mise en place il y a 22 ans. Jusqu’au présent, les jeunes homosexuels n’avaient pas le droit de faire partie d’un groupe scout, une réalité vraiment dérangeante pour les adolescents qui se sentaient exclus à cause de leurs orientations sexuelles.
 
Il faut bien mentionner que l’exclusion ne visait pas directement les petits, les enfants qui venaient de découvrir le scoutisme, mais les jeunes adultes et les adolescents. Ayant été scouts pendant des années, les chefs et cheftaines rêvent d’obtenir des distinctions différentes, comme l’« Aigle Scout » (anglais « Eagle Scout »), le plus haut grade, qui peuvent témoigner de leur engagement au scoutisme. À cause de l’existence de cette interdiction, les rêves des plusieurs générations scouts ont été écrasés. Et pourquoi ? Parce qu’on n’est pas tous pareils ? La loi scoute dit que « chaque jeune est une personne unique, à part entière, respectée dans son propre développement ». Autrement dit, le scoutisme s’engage à accepter chaque enfant et chaque jeune tel qu’il est.
 
David Knapp, 86 ans, est un ancien scout. Il a été forcé à quitter le mouvement quand deux responsables scouts se sont aperçus de son homosexualité. Ce moment a vraiment marqué son existence, car le mouvement de scoutisme a toujours représenté son style de vie. Même s’il a été obligé de le quitter physiquement, dans son esprit, il est resté « scout toujours » !

On lui donne le doigt et il vous prend le bras

Depuis que cette nouvelle décision a été prise, beaucoup de familles américaines engagées dans le scoutisme ont décidé de retirer leurs enfants du groupe. Elles se sentent menacés et considèrent que ce changement va à l'encontre des principes fondamentaux du scoutisme. Ces familles pensent que si cette loi, concernant les enfants, est appliquée, les représentants du scoutisme iront plus loin et demanderont l’acceptation des chefs gays. Même si, à partir de 2014, les plus jeunes peuvent normalement intégrer un groupe scout en étant homosexuels, les chefs, les responsables, les gens qui les encadrent n’ont toujours pas le droit d’accomplir une telle fonction s’ils sont homosexuels.
 
Alison Mackey est une mère inquiète. Elle a cinq fils, dont un qui a déjà obtenu la distinction « Aigle Scout ». Sans avoir aucune réticence, Mme Mackey a déclaré que ses fils allaient quitter le scoutisme à partir du moment où cette nouvelle loi sera appliquée. Ici, on parle d’un drame manifeste des deux côtés. Tout d’abord, on a les Boy Scouts comme les fils de Mme Mackey qui n’accepteront pas facilement un changement comme celui-ci et qui prendront la décision de quitter une activité qui les définit. Ensuite, on a les jeunes en question, les scouts homosexuels qui, du fait du maintien des préjugés homophobes, ne peuvent pas s'adonner aux plaisirs de la vie scoute. Il faut que les gens évoluent et qu’ils se rendent compte que vivre dans une société démocratique a des avantages et des inconvénients. Quoi qu’il en soit, priver quelqu’un de ses droits de s’exprimer librement reste une attitude inacceptable.

À chacun son goût

Lors de l’Assemblée générale des Scouts et Guides de France 2013, qui a eu lieu à Jambville, les 1er et 2 juin, on se demandait si les scouts français gardent le même avis sur la question. Visant à promouvoir la diversité, l’Assemblée a porté sur les différences qui peuvent exister au sein d’un même groupe scout ou entre des tribus diverses. Pendant le temps réservé aux discussions et au partage des témoignages, on a cherché à comprendre si les scouts français étaient ou pas d’accord avec la loi qui bouleverse les Boy Scouts. Un responsable de groupe interrogé a sincèrement déclaré : « En France, chez les Scouts, on ne se pose même pas la question. On peut tous aimer qui on veut. On ne doit pas l’afficher devant tout le monde. Je ne veux pas commenter par rapport aux Boy Scouts des États-Unis, mais pour moi, le scoutisme signifie apprendre à accepter l’autre. »

Les chefs avec qui l’on a discuté ont réagi de la même manière. Manuel, chef bleu, est allé plus loin : « Je sais que si je disais aux parents de mes jeunes que je suis homosexuel, la moitié d’entre eux probablement retireraient leurs enfants de notre groupe. Ça choque encore, mais c’est une question d’habitude. »
 
En gardant toujours un esprit ouvert, on va conclure sur cette idée : la moralité et la tolérance peuvent coexister, mais il en faut de l’effort des deux côtés. Même s’il y a des paroisses aux États-Unis qui viennent de décider de ne plus accueillir des scouts, à cause de cette nouvelle loi, le scoutisme reste un mouvement fait par et pour la jeunesse, qui enseigne l’entraide, l’amitié et le partage. Si l’on veut garder le vrai esprit scout, il faut s’adapter aux temps présents. On ne peut pas ignorer l’évolution. Il ne faut pas l’ignorer. Amitiés Scoutes à tout le monde !

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Madalina Cretu
Jeune fille née sur les terres de Dracula, originaire de Roumanie et venue à Lyon pour vivre la vie... En savoir plus sur cet auteur