« Amène-moi vite »
« Quand il pleut, c'est le chaos »
Un dérapage peut arriver à tout moment. Outre la boue, des immenses flaques se forment sur la route. Les motards essaient du mieux qu'ils peuvent de slalomer sur ces routes semblables à de véritables gruyères. Mais, il est très risqué de slalomer dans la boue, et les chauffeurs se retrouvent bien souvent nez-à-nez avec d'autres motos qui slaloment entre les flaques en sens inverse.
Les failles et abus du système
Ainsi, même si tout est en règle, les policiers inventent parfois de nouvelles exigences pour les chauffeurs qui ne peuvent rien faire d'autre que d'user de la corruption pour ne pas payer d'amendes. Le problème de corruption n'est pas un phénomène à négliger puisqu'il a beaucoup plus de conséquences qu'on ne peut le penser. Les répercussions de ces malversations se font sentir sur la vie au quotidien de nombreux citoyens.
Au niveau économique, les phénomènes de corruption dont sont victimes les chauffeurs ont en fait de réelles conséquences sur le pouvoir d'achat des habitants et donc sur leur niveau de vie. Léo confirme, « les chauffeurs doivent corrompre, le coût du transport est donc cher et du coup, les prix des produits augmentent ». En effet, les chauffeurs de camion déboursent des sommes supplémentaires pour emmener leur cargaison à bon port.
Une fois devant les marchands, ils demandent donc une somme plus conséquente pour la livraison de la cargaison. Par ricochet, les vendeurs doivent hausser le prix de vente de leurs produits afin que cela soit rentable pour eux. Les personnes directement touchées sont les foyers les plus pauvres qui perdent en pouvoir d'achat.
Ce sont également les marchands qui ne parviennent pas à vendre la totalité de leur stock du fait des prix trop élevés, les consommateurs n'étant plus intéressés. Le mauvais fonctionnement des routes n'est donc pas bénin et agit sur toute l'activité d'une société.
Pour finir, une dernière faille est à déceler dans le système : l’État n'investit pas assez dans les routes. Ces dernières années, une légère modernisation des routes a pu être constatée. De nouveaux travaux ont lieu actuellement pour faciliter la circulation dans le pays. Bien que l’État semble se préoccuper un peu plus des conditions routières, la face cachée du gouvernement est toutefois plus sombre.
Kossi Émile explique qu'un système de taxation a été mis en place, « les taxis donnent des sous à l’État tous les mois, c'est un impôt qu'ils paient pour que les routes soient rénovées. » Au premier abord donc, l’État paraît impliqué. Mais Kossi Émile poursuit, « sauf que bien souvent, les routes ne sont pas rénovées et les impôts sont toujours là. »
L’État garde cet argent pour lui. Mis à part les taxis, d'autres aides sont accordées à l’État pour qu'il assure la sécurité routière. Mais une fois encore, Léo avoue, « L'Etat se sert des aides venant de la communauté internationale, d'une petite partie des ressources financières venant des institutions du pays. Mais la grande partie, ça finit dans leurs poches, laissant ainsi la population dans la souffrance. »
Il semble donc que deux défis restent à relever pour le gouvernement : investir dans la réhabilitation des routes et faire taire la corruption. Il ne reste plus qu'à espérer que l’État ait vite ce déclic afin d'éviter de nouvelles victimes de la circulation et afin de permettre un meilleur fonctionnement de l'économie qui ne serait enfin plus perturbée pas des éléments extérieurs néfastes.