Si les moteurs de recherche polluent autant, c’est en raison des nombreux serveurs auxquels ils ont recours pour stocker les pages web référencées. Ces hébergeurs consomment non seulement beaucoup d’énergie mais nécessitent aussi d’être tenus à la bonne température par l’intermédiaire de climatiseurs, tout aussi nuisibles à l’environnement. Un moteur de recherche, pour prétendre être respectueux de l’environnement, doit ainsi compenser la pollution qu’il génère par divers stratagèmes. Cela ne signifie pas seulement optimiser l’économie d’énergie, mais aussi soutenir économiquement des projets écologiques.
Devenir eco-friendly sans lever le petit doigt (ou presque)
Pour optimiser l’économie d’énergie, des solutions ont déjà été proposées : installer les serveurs dans les cercles polaires pour profiter de la climatisation naturelle, utiliser des énergies renouvelables, refroidir avec des éléments naturels (air, eau de mer, rivière) qui pourront être réutilisés pour chauffer des bâtiments, mieux gérer les espaces de stockage, etc. Mais force est de constater que ces idées exigent du temps et de l’argent. Alors, au lieu d’attendre, des sites responsables ont décidé de prendre les devants sans bousculer pour autant les habitudes des internautes.
Deux de ces « Google verts » se démarquent par la qualité et l’originalité de leur projet. Apparu le 7 décembre 2009, Ecosia reprend ainsi la structure classique d’un moteur de recherche et propose les mêmes résultats que Google ou Yahoo. Le site est disponible en 26 langues et compte environ 2,5 millions d’utilisateurs actifs. Pour compenser les émissions de CO2 liées aux requêtes, il reverse 80 % de ses revenus publicitaires à un programme de reforestation au Brésil. Petite touche ludique, un compteur d’arbres vous indique même combien d'entre eux ont poussé grâce à votre navigation.
Dans un registre similaire, Lilo est tout aussi salutaire. Le principe est le même : l’argent récolté via la publicité est reversé à des projets sociaux et environnementaux – 50 % pour être exact. Le reste sert à développer le site. À la différence de son prédécesseur, il faut toutefois l’installer sur son navigateur pour pouvoir l’utiliser. Cela permet notamment de se protéger du pistage publicitaire et de disposer d’un compteur de gouttes d’eau individuel. Les gouttes d’eau représentent des items virtuels qui s’actualisent à raison d’une unité par requête. Ces unités se convertissent ensuite en argent lorsque vous les reversez à l’un des projets sociaux ou environnementaux soutenus par la plateforme. Lilo utilise les technologies Google et Yahoo. Tout comme Ecosia, vous ne perdrez donc pas vos repères en troquant Google ou Yahoo pour l’un de ces sites.
Enfin, il existe beaucoup d’autres supports, un peu moins interactifs, mais qui sont tout aussi soucieux de l’environnement. Ecogine, pour ne citer que lui, reverse ainsi l’intégralité de ses bénéfices à des associations à but environnemental. La liste des résultats pour une requête donnée est la même que celle affichée par Google France. Ce moteur de recherche est aussi le seul à embellir sa page d’accueil de fonds d’écran en haute définition ayant pour thème la nature.
Quid de la protection des données ?
Si les trois sites susmentionnés affichent une politique environnementale bien plus explicite que Google, ils ne le concurrencent pas pour autant sur tous les plans. Ainsi, Google est surtout réputé pour son fichage numérique individualisé qui retient chaque détail de chaque recherche, faisant de l’écologie une question secondaire pour bien des internautes. Les moteurs de recherche au label vert garantissent-ils la confidentialité de vos données ?
Si Ecosia, Lilo et Ecogine affirment tous les trois faire de leur mieux pour protéger les informations privées, force est de constater que cette protection est limitée du fait de la prépondérance de la publicité. Néanmoins, Lilo semble être le moteur le plus avancé dans le domaine. Ce dernier affirme ne collecter « aucune donnée personnelle, y compris les données de recherche » et désactive dans la mesure du possible le pistage publicitaire. Il propose même de ne pas apparaître dans les statistiques dont il se sert pour juger de son évolution.
Quant à Ecosia et Ecogine, ils assurent faire le maximum pour protéger la vie privée de l’utilisateur. Le maximum, cela signifie pour Ecosia de continuer à améliorer leur marge de manœuvre dans le domaine de la protection des informations personnelles, tout en sachant que Yahoo!, partenaire officiel, peut analyser certaines données pour chaque requête (l’adresse IP et le type de navigateur par exemple). Pour Ecogine, ce maximum signifie ne stocker aucune information, sans nier pour autant que Google peut conserver les détails comme s’il s’agissait d’une recherche effectuée sur sa page d’accueil. Le respect de la confidentialité reste donc minime pour ce dernier.
Toutefois, la protection des données confidentielles ne passe pas uniquement par le choix du moteur de recherche. Il existe en effet des plugins soucieux de la mainmise de l’utilisateur sur ses propres informations. Par exemple, pour empêcher les sites internet utilisant Google Analytics (soit la majorité) de retenir des informations vous concernant, Analytics Opt Out (conçu par Google) est prévu à cet effet. Un autre encore, Disconnect, permet de bloquer les sites internet qui cherchent à vous pister. Une multitude d’extensions peuvent donc combler les lacunes des moteurs de recherche écolo quant à la question de la confidentialité. Néanmoins, tous ne sont pas compatibles au bon fonctionnement de ces sites verts. Un bloqueur de publicité, par exemple, en annule toute l’efficacité. Il faut alors parfois trouver un juste compromis entre la protection de sa vie privée et le soutien aux projets qui luttent contre le réchauffement climatique. Quoi qu’il en soit, Google ne répond ni à la première exigence, ni à la seconde.