Les Berlinois sans toit

26 Février 2013



Chaque année depuis 17 ans, le bus du froid sillonne Berlin pour venir en aide aux nombreux SDF que compte la capitale allemande. Une association parmi tant d’autres qui contribue à protéger les sans-abris dans une des villes les plus froides d’Europe.


Kältebus devant l'arrêt de U Bahn de l'Alexanderplatz, en plein centre de la ville / betterplace.org
Kältebus devant l'arrêt de U Bahn de l'Alexanderplatz, en plein centre de la ville / betterplace.org
Berlin, février 2013. Le froid est mordant. Alors que les bobos berlinois rentrent dans leurs appartements chauffés au charbon, de nombreux sans-abris arpentent encore les rues dans l’espoir d’obtenir quelques dernières pièces. Ils font la manche en allemand et en anglais, contraints de s’adapter à la gentrification de la ville toujours plus critiquée.

Certains tentent de vendre le journal Strassenfeger, qu’ils acquièrent pour 40 centimes auprès de l’association mob, et qu’ils peuvent revendre 1,20 euros. Les passagers du U Bahn, le fameux métro berlinois, écoutent poliment les demandes de ceux qui vivent sous leurs fenêtres. Certains tendent une pièce, d’autres offrent un regard, un sourire. Les sans-abris semblent être moins ignorés qu’en France, mais rares sont les Berlinois qui entament une discussion avec ceux dont l’haleine empeste la bière, nécessité pour survivre au froid.

L’association comme nouvel Etat-providence ?

Où ces hommes et ces femmes vont-ils passer la nuit, alors même que les températures ne cessent de baisser ? Les deux bus du froid sont déjà en route afin de leur venir en aide. Chaque année depuis 1994, ces camionnettes Volkswagen font le tour de la ville du 1er novembre au 31 mars pour offrir une oreille attentive aux sans-abris et les guider vers des refuges. L’objectif : éviter que des SDF qui ne peuvent pas chercher un endroit où dormir par eux-mêmes ne meurent de froid. Un de ces refuges a été entièrement rénové par l’artiste berlinoise Miriam Kilali dans le but d’offrir un lieu de vie agréable.

En Allemagne, comme dans de nombreux pays européens, les SDF font davantage confiance aux associations qu’à l’Etat. Alors qu’en France, la proposition faite par la ministre du Logement Cécile Duflot de loger les sans-abris dans des églises a choqué, cela est déjà le cas en Allemagne, où l’Eglise est financée par l’impôt. Les gares sont également ouvertes dans le cadre de la Bahnhof Mission, œuvre caritative protestante. Des cafés de nuit, lieux qui offrent le gîte et le couvert une fois par semaine, sont mis en place. Certains sont même réservés aux femmes. On en trouve une trentaine à Berlin. Les seules règles : pas d’armes, pas d’alcool, pas de violence.

Entre 10 et 15 sans-abris meurent du froid en Allemagne chaque année. En 2009, plus de 350 personnes sont mortes de froid en France selon le bilan du collectif Morts de la rue publié le 29 décembre de la même année. D’après les autorités berlinoises, la capitale allemande compte 6 000 sans-abris, bien que les associations concernées affirment qu’il y en a plus.

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Laurène Perrussel-Morin
Ex-correspondante du Journal International à Berlin puis à Istanbul. Etudiante à Sciences Po Lyon... En savoir plus sur cet auteur