Crédit Photo -- AP Photo/Jacquelyn Martin, Pool
Symboliquement, c’est avec Catherine Ashton, chef de la diplomatie européenne, que M. Kerry s’est entretenu en premier. Les deux représentants transatlantiques ont longuement évoqué la crise syrienne, et partagé leurs inquiétudes sur le regain de forme du régime d’Assad face aux rebelles. Un dossier relativement trivial aux yeux des ambassadeurs asiatiques, et peu pertinent à l’enceinte diplomatique concernée.
En phase avec la doctrine du rééquilibrage vers l’Asie, plus connue sous son appellation moins stratégiquement correcte de « pivot », la participation de John Kerry au forum de l’ASEAN a difficilement convaincu les nations asiatiques de l’engagement durable et sincère de Washington à leur encontre. Depuis l’arrivée de Kerry à la tête du département d’État, les chancelleries asiatiques s’inquiètent d’une mise en sommeil du rééquilibrage vers l’Asie pour revenir à une stratégie davantage centrée sur les pays d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient (ANMO). Paradoxalement, après le pivot vers l’Asie, piloté par Tom Donilon et son équipe d’asianistes (notamment Kurt Campbell) et véritable signature stratégique du premier mandat d’Obama, ce dernier effectuerait donc une « pirouette » en réinvestissant la région Afrique du Nord/Moyen-Orient. Comment expliquer ce revirement stratégique apparent, et quelles peuvent être les intentions d’Obama pour les années qui lui restent dans les habits d’homme le puissant au monde ? En somme, le pivot est-il là pour durer ?
En phase avec la doctrine du rééquilibrage vers l’Asie, plus connue sous son appellation moins stratégiquement correcte de « pivot », la participation de John Kerry au forum de l’ASEAN a difficilement convaincu les nations asiatiques de l’engagement durable et sincère de Washington à leur encontre. Depuis l’arrivée de Kerry à la tête du département d’État, les chancelleries asiatiques s’inquiètent d’une mise en sommeil du rééquilibrage vers l’Asie pour revenir à une stratégie davantage centrée sur les pays d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient (ANMO). Paradoxalement, après le pivot vers l’Asie, piloté par Tom Donilon et son équipe d’asianistes (notamment Kurt Campbell) et véritable signature stratégique du premier mandat d’Obama, ce dernier effectuerait donc une « pirouette » en réinvestissant la région Afrique du Nord/Moyen-Orient. Comment expliquer ce revirement stratégique apparent, et quelles peuvent être les intentions d’Obama pour les années qui lui restent dans les habits d’homme le puissant au monde ? En somme, le pivot est-il là pour durer ?
Le monde arabe concentre les tumultes du système international
D’une part, si l’épisode bushiste des guerres en Irak et en Afghanistan touche (bientôt) à sa fin, ce n’est pas pour autant que le monde arabe est une région stabilisée et pleinement démocratique. L’héritage pesant des années Bush, alourdi par une série d’événements tout aussi inattendue que déstabilisante ont rendu le monde arabe davantage crisogène qu’il y a dix ans. Le séisme des printemps arabes et ses nombreuses répliques sont passés par là.
Si les guerres douloureuses en Irak et en Afghanistan touchent donc à leur fin (fin 2011 pour l’Irak, fin 2014 pour l’Afghanistan), Obama reste en alerte et maintient un état ambigu de paix armée afin de poursuivre le combat contre Al-Qaïda et ses affidés. De plus, si le président compte définitivement, et peut-être plus vite que prévu, se dépêtrer de l’héritage de son prédécesseur républicain, il doit organiser un retrait délicat d’Afghanistan et éviter une résurgence des talibans. Autant dire que l’Afghanistan n’a pas fini de hanter la politique étrangère américaine.
La crise syrienne, qui d’un simple mouvement national surfant la vague des printemps arabes, s’est transformée en une véritable guerre civile régionale mâtinée d’un choc des civilisations des plus barbares, pourrait durer 10 ans et arracher à l’Occident tout vestige de crédibilité internationale. La grande stratégie d’hésitation et de tâtonnement bâclée par Obama et son administration a le seul mérite d’être lucide. L’heure est grave, le pourrissement de la situation sur le terrain exige une réponse ferme, mais personne ne veut mettre les pieds dans le plat. La constance affichée dans la ligne de politique étrangère d’Obama proscrit un retour (relapse) au vieil aventurisme néoconservateur au Moyen-Orient.
Énième épine dans le pied d’Obama : la crise institutionnelle en Égypte, face à laquelle la réponse de l’administration a été excessivement prudente. Comme sur le dossier Syrien, et quitte à perdre en crédibilité et à faire reculer le poids du discours officiel de Washington, la lucidité, la prudence et la tempérance sont les plus grandes vertus d’Obama. Pas de décision hâtive donc, mais une savante diplomatie d’équilibriste qui jongle entre rhétorique des valeurs et réalité des intérêts américains. Autant dire que jusqu’à présent, la realpolitik l’emporte facilement sur l’idéalisme démocratique.
Depuis l’élection du modéré Hassan Rohani en Iran, Obama subit des pressions de toute part. Pour beaucoup, et même si ses principaux conseillers continue à tirer à hue et à dia sur ce dossier, cette élection est un moment unique à saisir pour relancer les négociations sur le nucléaire iranien, en panne depuis plusieurs années et remplacées par une politique draconienne de sanctions économiques. Comme au début de son premier mandat en 2008, Obama est poussé à relancer une politique de la main tendue avec le régime de Téhéran.
Quoi qu’Obama veuille faire, et malgré sa bonne volonté de réformer l’appareil de défense et de sécurité américain et de le réorienter vers l’Asie, il a les mains liées par l’héritage pesant de son prédécesseur et de la grande instabilité géopolitique qui demeure dans le monde arabe. Avec la crise égyptienne, il est une fois de plus mis devant le fait accompli : les États-Unis ont de nombreux intérêts à défendre au Moyen-Orient (militaires, stratégiques, énergétiques), des engagements forts vis-à-vis de certains alliés (Israël), ainsi que des valeurs à promouvoir. Obama est donc forcé de placer à la fois des capacités stratégiques et matérielles et du capital politique dans la région. À l’heure actuelle, il lui est impossible de déserter.
Si les guerres douloureuses en Irak et en Afghanistan touchent donc à leur fin (fin 2011 pour l’Irak, fin 2014 pour l’Afghanistan), Obama reste en alerte et maintient un état ambigu de paix armée afin de poursuivre le combat contre Al-Qaïda et ses affidés. De plus, si le président compte définitivement, et peut-être plus vite que prévu, se dépêtrer de l’héritage de son prédécesseur républicain, il doit organiser un retrait délicat d’Afghanistan et éviter une résurgence des talibans. Autant dire que l’Afghanistan n’a pas fini de hanter la politique étrangère américaine.
La crise syrienne, qui d’un simple mouvement national surfant la vague des printemps arabes, s’est transformée en une véritable guerre civile régionale mâtinée d’un choc des civilisations des plus barbares, pourrait durer 10 ans et arracher à l’Occident tout vestige de crédibilité internationale. La grande stratégie d’hésitation et de tâtonnement bâclée par Obama et son administration a le seul mérite d’être lucide. L’heure est grave, le pourrissement de la situation sur le terrain exige une réponse ferme, mais personne ne veut mettre les pieds dans le plat. La constance affichée dans la ligne de politique étrangère d’Obama proscrit un retour (relapse) au vieil aventurisme néoconservateur au Moyen-Orient.
Énième épine dans le pied d’Obama : la crise institutionnelle en Égypte, face à laquelle la réponse de l’administration a été excessivement prudente. Comme sur le dossier Syrien, et quitte à perdre en crédibilité et à faire reculer le poids du discours officiel de Washington, la lucidité, la prudence et la tempérance sont les plus grandes vertus d’Obama. Pas de décision hâtive donc, mais une savante diplomatie d’équilibriste qui jongle entre rhétorique des valeurs et réalité des intérêts américains. Autant dire que jusqu’à présent, la realpolitik l’emporte facilement sur l’idéalisme démocratique.
Depuis l’élection du modéré Hassan Rohani en Iran, Obama subit des pressions de toute part. Pour beaucoup, et même si ses principaux conseillers continue à tirer à hue et à dia sur ce dossier, cette élection est un moment unique à saisir pour relancer les négociations sur le nucléaire iranien, en panne depuis plusieurs années et remplacées par une politique draconienne de sanctions économiques. Comme au début de son premier mandat en 2008, Obama est poussé à relancer une politique de la main tendue avec le régime de Téhéran.
Quoi qu’Obama veuille faire, et malgré sa bonne volonté de réformer l’appareil de défense et de sécurité américain et de le réorienter vers l’Asie, il a les mains liées par l’héritage pesant de son prédécesseur et de la grande instabilité géopolitique qui demeure dans le monde arabe. Avec la crise égyptienne, il est une fois de plus mis devant le fait accompli : les États-Unis ont de nombreux intérêts à défendre au Moyen-Orient (militaires, stratégiques, énergétiques), des engagements forts vis-à-vis de certains alliés (Israël), ainsi que des valeurs à promouvoir. Obama est donc forcé de placer à la fois des capacités stratégiques et matérielles et du capital politique dans la région. À l’heure actuelle, il lui est impossible de déserter.
John Kerry — l’asianiste réticent
Le remaniement des principales figures du corps diplomatique à l’occasion de la réélection d’Obama a profondément remis en cause la soutenabilité de la stratégie du pivot.
John Kerry a complètement délaissé l’Asie en raison de son attachement personnel très fort au monde arabe et à ses problématiques . Le contraste entre lui et son prédécesseur Hillary Clinton est flagrant. Depuis son arrivée au département d’État, Kerry s’est cantonné à refocaliser la diplomatie américaine et ses outils sur les dossiers brûlants du Moyen-Orient, à savoir la Syrie et le conflit israélo-palestinien. Il suffit de jeter un coup d'oeil à la liste des déplacements de Kerry pour comprendre. Alors qu’il a effectué une brève tournée asiatique en avril (Chine, Corée et Japon), il est déjà allé quatre fois en Israël, trois fois en Jordanie, trois fois en Turquie, deux fois en Arabie Saoudite et deux fois au Qatar. Tout un symbole.
Il s’est attelé à une vraie « diplomatie de la navette » (shuttle diplomacy) au Moyen-Orient pour tenter de convaincre Israéliens et Palestiniens de reprendre les négociations concernant le processus de paix. Acharnement qui illustre d’ailleurs l’impuissance de la diplomatie américaine à répondre aux menaces les plus urgentes dans un monde arabe décidément postaméricain. Dans un même temps, les voyages du secrétaire d’État en Asie se comptent sur les doigts d’une main. Attendu en Indonésie et au Vietnam en début d’année, il a annulé au dernier moment pour filer au Moyen-Orient. De la même manière, alors qu’il était attendu à Brunei pour le forum ASEAN le 30 juin, il a finalement reporté sa visite au 1er juillet, afin de rester un jour de plus en Israël… Une diplomatie très biaisée qui se fait donc aux dépens de l’Asie-Pacifique.
Depuis le départ de Kurt Campbell du poste de Secrétaire d’État assistant pour l’Asie de l’Est et le Pacifique en février 2013, la couleur dominante « Asie » de l’administration Obama a tendance à s’estomper. Preuve de cette nouvelle négligence : le poste, inoccupé depuis le départ de l’excellent Kurt Campbell, a été laissé vacant pendant plus de 3 mois. C’est finalement M. Daniel Russell qui a été tardivement désigné pour reprendre les affaires asiatiques.
Cette indifférence de John Kerry à l’égard des alliés asiatiques des États-Unis, additionnée à la négligence complète de la section du département d’État chargée des questions asiatiques, témoignent d’un volontarisme politique en berne comparé aux premiers jours du pivot. Sans qualifier le rééquilibrage vers l’Asie de coquille vide ou d’artifice purement rhétorique passé de mode, il est vrai que la dérive moyen-orientaliste de Kerry et la perte de l’aura enregistrée par la stratégie du pivot au sein du département d’État jettent le doute, voire le discrédit, sur la volonté politique d’Obama de mener à bien un renouvellement stratégique plus que nécessaire.
John Kerry a complètement délaissé l’Asie en raison de son attachement personnel très fort au monde arabe et à ses problématiques . Le contraste entre lui et son prédécesseur Hillary Clinton est flagrant. Depuis son arrivée au département d’État, Kerry s’est cantonné à refocaliser la diplomatie américaine et ses outils sur les dossiers brûlants du Moyen-Orient, à savoir la Syrie et le conflit israélo-palestinien. Il suffit de jeter un coup d'oeil à la liste des déplacements de Kerry pour comprendre. Alors qu’il a effectué une brève tournée asiatique en avril (Chine, Corée et Japon), il est déjà allé quatre fois en Israël, trois fois en Jordanie, trois fois en Turquie, deux fois en Arabie Saoudite et deux fois au Qatar. Tout un symbole.
Il s’est attelé à une vraie « diplomatie de la navette » (shuttle diplomacy) au Moyen-Orient pour tenter de convaincre Israéliens et Palestiniens de reprendre les négociations concernant le processus de paix. Acharnement qui illustre d’ailleurs l’impuissance de la diplomatie américaine à répondre aux menaces les plus urgentes dans un monde arabe décidément postaméricain. Dans un même temps, les voyages du secrétaire d’État en Asie se comptent sur les doigts d’une main. Attendu en Indonésie et au Vietnam en début d’année, il a annulé au dernier moment pour filer au Moyen-Orient. De la même manière, alors qu’il était attendu à Brunei pour le forum ASEAN le 30 juin, il a finalement reporté sa visite au 1er juillet, afin de rester un jour de plus en Israël… Une diplomatie très biaisée qui se fait donc aux dépens de l’Asie-Pacifique.
Depuis le départ de Kurt Campbell du poste de Secrétaire d’État assistant pour l’Asie de l’Est et le Pacifique en février 2013, la couleur dominante « Asie » de l’administration Obama a tendance à s’estomper. Preuve de cette nouvelle négligence : le poste, inoccupé depuis le départ de l’excellent Kurt Campbell, a été laissé vacant pendant plus de 3 mois. C’est finalement M. Daniel Russell qui a été tardivement désigné pour reprendre les affaires asiatiques.
Cette indifférence de John Kerry à l’égard des alliés asiatiques des États-Unis, additionnée à la négligence complète de la section du département d’État chargée des questions asiatiques, témoignent d’un volontarisme politique en berne comparé aux premiers jours du pivot. Sans qualifier le rééquilibrage vers l’Asie de coquille vide ou d’artifice purement rhétorique passé de mode, il est vrai que la dérive moyen-orientaliste de Kerry et la perte de l’aura enregistrée par la stratégie du pivot au sein du département d’État jettent le doute, voire le discrédit, sur la volonté politique d’Obama de mener à bien un renouvellement stratégique plus que nécessaire.
Quel avenir pour le pivot ?
Il n’est pas exagéré aujourd’hui de dire que la perte de vitesse assez récente enregistrée par le pivot, et la concrétisation timide de cette stratégie sur le terrain, l’Amérique d’Obama II se trouve dans une période de flottement, voire de vide stratégique.
Tout concourt, ou devrait concourir à amorcer un décrochage de l’appareil militaire américain du Moyen-Orient et une véritable réorientation vers l’Asie. Après une décennie perdue à guerroyer dans le monde arabe, il serait coûteux, inopportun, et à rebours du sens de l’histoire que de retomber dans les travers et fantasmes de l’administration Bush.
Pour rétablir la balance et combler une lacune stratégique imminente, John Kerry doit avant tout faire passer les intérêts américains avant son ambition personnelle. Certes, à 71 ans, Kerry exerce le dernier mandat significatif de sa longue carrière politique. Il souhaite partir dignement et inscrire son nom à la grande histoire diplomatique des États-Unis, à l’instar d’un Henry Kissinger, en léguant un héritage hautement symbolique sur les dossiers clés de la politique étrangère américaine. D’où sa dérive moyen-orientaliste et son attachement personnel forcené au conflit israélo-arabe.
Pourtant, l’esprit du temps et le sens de l’Histoire exigent une approche radicalement différente. En diplomatie, comme très souvent en politique, on vote avec les pieds. Les déplacements sont donc primordiaux, ils établissent un thermomètre, un jaugeur des relations entre États-nations. Il serait mal avisé pour John Kerry de s’aliéner les diplomaties asiatiques qui ont plus que jamais besoin d’être rassurées par la puissance bienveillante et la présence réconfortante des États-Unis. Avec davantage d’intérêt personnel et de régularité diplomatique, la partie est à moitié gagnée.
En parallèle de cette politique de rapprochement avec les chancelleries asiatiques, le département d’État doit combler son retard et rattraper, disons, le Pentagone, qui s’implique fidèlement et avec constance dans le rééquilibrage stratégique du pays.
D’autant plus que si Foggy Bottom, c’est-à-dire toute la dimension soft, diplomatique et culturelle du pivot, est à la traîne, le seul rééquilibrage militaire aura lieu, ce qui risque d’exacerber la peur sécuritaire de la Chine et d’empirer la course à l’armement dans la région. Une perspective qui, combinée au potentiel économique de l’Asie et à ses besoins croissants en termes de sécurité, devrait convaincre Obama de mettre les bouchées doubles avant la fin de son mandat.
Tout concourt, ou devrait concourir à amorcer un décrochage de l’appareil militaire américain du Moyen-Orient et une véritable réorientation vers l’Asie. Après une décennie perdue à guerroyer dans le monde arabe, il serait coûteux, inopportun, et à rebours du sens de l’histoire que de retomber dans les travers et fantasmes de l’administration Bush.
Pour rétablir la balance et combler une lacune stratégique imminente, John Kerry doit avant tout faire passer les intérêts américains avant son ambition personnelle. Certes, à 71 ans, Kerry exerce le dernier mandat significatif de sa longue carrière politique. Il souhaite partir dignement et inscrire son nom à la grande histoire diplomatique des États-Unis, à l’instar d’un Henry Kissinger, en léguant un héritage hautement symbolique sur les dossiers clés de la politique étrangère américaine. D’où sa dérive moyen-orientaliste et son attachement personnel forcené au conflit israélo-arabe.
Pourtant, l’esprit du temps et le sens de l’Histoire exigent une approche radicalement différente. En diplomatie, comme très souvent en politique, on vote avec les pieds. Les déplacements sont donc primordiaux, ils établissent un thermomètre, un jaugeur des relations entre États-nations. Il serait mal avisé pour John Kerry de s’aliéner les diplomaties asiatiques qui ont plus que jamais besoin d’être rassurées par la puissance bienveillante et la présence réconfortante des États-Unis. Avec davantage d’intérêt personnel et de régularité diplomatique, la partie est à moitié gagnée.
En parallèle de cette politique de rapprochement avec les chancelleries asiatiques, le département d’État doit combler son retard et rattraper, disons, le Pentagone, qui s’implique fidèlement et avec constance dans le rééquilibrage stratégique du pays.
D’autant plus que si Foggy Bottom, c’est-à-dire toute la dimension soft, diplomatique et culturelle du pivot, est à la traîne, le seul rééquilibrage militaire aura lieu, ce qui risque d’exacerber la peur sécuritaire de la Chine et d’empirer la course à l’armement dans la région. Une perspective qui, combinée au potentiel économique de l’Asie et à ses besoins croissants en termes de sécurité, devrait convaincre Obama de mettre les bouchées doubles avant la fin de son mandat.