FranceKoul : Dilnur, vous avez créé l'association Oghouz qui rassemble les étudiants ouighours en France. Dans quel objectif ?
Dilnur Polat : Oghouz est née en 2009 de l'initiative de trois étudiants ouïghours avec l'objectif de faire connaître un peuple et une culture méconnus. C'est une association apolitique, areligieuse et totalement indépendante. Elle vise à rassembler les étudiants ouïghours de France autour d'activités culturelles et sportives, renforcer le lien entre anciens et nouveaux étudiants, et favoriser la vie étudiante en France grâce à divers services.
Oghouz soutient les étudiants ouïghours, notamment dans leurs démarches d’insertion professionnelle et sociale. Des conférences-débats, journées ou festivals culturels et informatifs sont organisés en collaboration avec diverses organisations culturelles ou universitaires pour promouvoir la culture ouïghoure en France. Dans le même esprit, la langue et la culture française sont diffusées dans la région ouïghoure (Xinjiang) via la publication d'ouvrages, de manuels de langue française et de dictionnaires français-ouïghour.
Oghouz a déjà organisé une journée culturelle à l'Université Diderot-Paris 7 en octobre 2009, un festival Ouïghour dans les universités du Maine en mars 2011, de Bordeaux 3 en janvier 2012 et de Strasbourg en mai 2012. En plus de ces festivals, Oghouz organise chaque année, le 21 mars, la fête de Norouz pour rassembler les jeunes ouïghours de France.
FK : Qui sont ces étudiants ouighours en France ? Qu'étudient-ils et pourquoi ont-ils choisi la France ?
DP : Nous sommes environ 500 ouighours en France, dont une majorité d'étudiants. Un grand nombre suit des études en informatique, économie, commerce international ou langue étrangère appliquée (LEA). Ils sont peu représentés dans les filières sciences humaines. Grâce à un accord entre la France et la Chine dans le domaine de l'enseignement supérieur, il est plus facile d'obtenir un visa d'études pour la France que pour d'autres pays. 99 % des étudiants ouïghours arrivent en France par leurs propres moyens. Très peu de Ouïghours obtiennent une bourse du gouvernement chinois. Les bénéficiaires sont souvent des professeurs d'université de la région ouïghoure. Mais ces universitaires ne sont pas en contact avec les étudiants.
Les études coûtent aussi nettement moins chères en France que dans les pays anglophones. C'est la raison principale. Pour les personnes de familles intellectuelles, c'est mon cas, l'influence de la littérature française joue un rôle significatif dans le choix de la France. Mais c'est plus rare. La plupart des jeunes diplômés retournent en Chine. Avec un diplôme d'études supérieures, ils ont plus de chance de trouver un statut « normal ». Certains restent quand même en France après leurs études. Ils sont embauchés dans des boîtes françaises, notamment dans les secteurs de l'ingénierie informatique, du commerce international ou du marketing-communication.
FK : De manière générale, quelle est la place de la France dans la diaspora ouïghoure ?
DP : La France accueille les Ouïghours depuis une dizaine d'année. Une centaine est restée en France pour travailler ou en tant que réfugié politique. La communauté ouïghoure en France reste très réduite. La France tient pourtant une place importante dans l'enseignement ouïghour en histoire et en littérature. Là-bas, elle est considérée comme le pays le plus important d'Europe.
À l'échelle européenne, la France compte la plus importante communauté d'étudiants ouïghours. D'autres pays d'Europe accueillent une communauté ouïghoure plus politique. C'est pourquoi nous, les étudiants, voulons mener des activités scientifiques et culturelles pour faire connaître la culture ouïghoure en France. Nous sommes méconnus en France, le pays que nous considérons le plus important d'Europe. C'est très dommage que notre culture soit si ignorée dans ce pays.
FK : Du 18 au 22 novembre prochain se déroule la première semaine d'études ouïghoures et le Festival Culturel Ouïghour dans de prestigieuses universités parisiennes, pouvez vous nous en dire plus ?
DP : Nous avons déjà organisé quatre festivals Ouïghours depuis la création de Oghouz. Des journées d'études ou des conférences sur les Ouïghours y sont organisées avec la participation de chercheurs français spécialisés en sinologie, turcologie ou sur l’Asie centrale. Pendant le festival Ouïghour de Bordeaux, nous avons fait intervenir le chef du laboratoire de l’université de Bordeaux 2, Nicolas Moor, sur la médecine et les médicaments ouïghours. En France, plusieurs laboratoires de recherche étudient la médecine ouïghoure.
Cette fois-ci, nous organisons un festival Ouïghour à Paris, sur une période plus longue et avec davantage de partenaires. Pendant cinq jours, nous allons mettre l’accent sur les colloques, avec des intervenants chercheurs français et étrangers, de Chine, du Kazakhstan, des États-Unis, du Danemark, de République Tchèque et des Pays-Bas). Divers thèmes seront abordés tels que la langue ou la linguistique, la religion, l’identité, la diaspora, l’histoire, la géopolitique, l’art et la culture.
Dilnur Polat : Oghouz est née en 2009 de l'initiative de trois étudiants ouïghours avec l'objectif de faire connaître un peuple et une culture méconnus. C'est une association apolitique, areligieuse et totalement indépendante. Elle vise à rassembler les étudiants ouïghours de France autour d'activités culturelles et sportives, renforcer le lien entre anciens et nouveaux étudiants, et favoriser la vie étudiante en France grâce à divers services.
Oghouz soutient les étudiants ouïghours, notamment dans leurs démarches d’insertion professionnelle et sociale. Des conférences-débats, journées ou festivals culturels et informatifs sont organisés en collaboration avec diverses organisations culturelles ou universitaires pour promouvoir la culture ouïghoure en France. Dans le même esprit, la langue et la culture française sont diffusées dans la région ouïghoure (Xinjiang) via la publication d'ouvrages, de manuels de langue française et de dictionnaires français-ouïghour.
Oghouz a déjà organisé une journée culturelle à l'Université Diderot-Paris 7 en octobre 2009, un festival Ouïghour dans les universités du Maine en mars 2011, de Bordeaux 3 en janvier 2012 et de Strasbourg en mai 2012. En plus de ces festivals, Oghouz organise chaque année, le 21 mars, la fête de Norouz pour rassembler les jeunes ouïghours de France.
FK : Qui sont ces étudiants ouighours en France ? Qu'étudient-ils et pourquoi ont-ils choisi la France ?
DP : Nous sommes environ 500 ouighours en France, dont une majorité d'étudiants. Un grand nombre suit des études en informatique, économie, commerce international ou langue étrangère appliquée (LEA). Ils sont peu représentés dans les filières sciences humaines. Grâce à un accord entre la France et la Chine dans le domaine de l'enseignement supérieur, il est plus facile d'obtenir un visa d'études pour la France que pour d'autres pays. 99 % des étudiants ouïghours arrivent en France par leurs propres moyens. Très peu de Ouïghours obtiennent une bourse du gouvernement chinois. Les bénéficiaires sont souvent des professeurs d'université de la région ouïghoure. Mais ces universitaires ne sont pas en contact avec les étudiants.
Les études coûtent aussi nettement moins chères en France que dans les pays anglophones. C'est la raison principale. Pour les personnes de familles intellectuelles, c'est mon cas, l'influence de la littérature française joue un rôle significatif dans le choix de la France. Mais c'est plus rare. La plupart des jeunes diplômés retournent en Chine. Avec un diplôme d'études supérieures, ils ont plus de chance de trouver un statut « normal ». Certains restent quand même en France après leurs études. Ils sont embauchés dans des boîtes françaises, notamment dans les secteurs de l'ingénierie informatique, du commerce international ou du marketing-communication.
FK : De manière générale, quelle est la place de la France dans la diaspora ouïghoure ?
DP : La France accueille les Ouïghours depuis une dizaine d'année. Une centaine est restée en France pour travailler ou en tant que réfugié politique. La communauté ouïghoure en France reste très réduite. La France tient pourtant une place importante dans l'enseignement ouïghour en histoire et en littérature. Là-bas, elle est considérée comme le pays le plus important d'Europe.
À l'échelle européenne, la France compte la plus importante communauté d'étudiants ouïghours. D'autres pays d'Europe accueillent une communauté ouïghoure plus politique. C'est pourquoi nous, les étudiants, voulons mener des activités scientifiques et culturelles pour faire connaître la culture ouïghoure en France. Nous sommes méconnus en France, le pays que nous considérons le plus important d'Europe. C'est très dommage que notre culture soit si ignorée dans ce pays.
FK : Du 18 au 22 novembre prochain se déroule la première semaine d'études ouïghoures et le Festival Culturel Ouïghour dans de prestigieuses universités parisiennes, pouvez vous nous en dire plus ?
DP : Nous avons déjà organisé quatre festivals Ouïghours depuis la création de Oghouz. Des journées d'études ou des conférences sur les Ouïghours y sont organisées avec la participation de chercheurs français spécialisés en sinologie, turcologie ou sur l’Asie centrale. Pendant le festival Ouïghour de Bordeaux, nous avons fait intervenir le chef du laboratoire de l’université de Bordeaux 2, Nicolas Moor, sur la médecine et les médicaments ouïghours. En France, plusieurs laboratoires de recherche étudient la médecine ouïghoure.
Cette fois-ci, nous organisons un festival Ouïghour à Paris, sur une période plus longue et avec davantage de partenaires. Pendant cinq jours, nous allons mettre l’accent sur les colloques, avec des intervenants chercheurs français et étrangers, de Chine, du Kazakhstan, des États-Unis, du Danemark, de République Tchèque et des Pays-Bas). Divers thèmes seront abordés tels que la langue ou la linguistique, la religion, l’identité, la diaspora, l’histoire, la géopolitique, l’art et la culture.
En plus des conférences-débat quotidiennes, des journées plus culturelles sont prévues les deux premiers jours (les 18 et 19 novembre) et le dernier jour (le 22 novembre). Tous les midis, une dégustation de la cuisine ouïghoure sera proposée. Un atelier de lecture est organisé le premier jour et un atelier de calligraphie le deuxième jour. À l'ouverture du festival, un vernissage aura lieu avant le concert. Nous avons invité un groupe ouïghour de Norvège qui combine des musiques traditionnelles et contemporaines. Le dernier jour, un autre concert sera donné à la Maison des Initiatives Etudiantes. Entre le 4 et 19 novembre, une exposition d'artistes ouïghours sera proposée dans la gallerie de l'INALCO. Le 22 novembre, les conférences sur le thème de l'art et culture auront lieu à l'Université Diderot-Paris 7. Elles seront suivies d'ateliers culinaires et de danses ouïghoures.
FK : À qui est destiné ce festival ?
DP : Cette semaine ouïghoure est destinée au grand public, c'est-à-dire pas seulement aux étudiants, ou universitaires spécialisés en sinologie, turcologie ou sur l’Asie centrale, mais à toute personne intéressée par la culture ouïghoure. Il y en aura pour tous les goûts, des conférences à la dégustation de la cuisine ouïghoure aux expositions artistiques, ateliers de lecture, de calligraphie, de danse et de cuisine, sans oublier les deux concerts.
FK : Quels sont les principaux enjeux et caractéristiques de cette région ouïghoure ?
DP : Les Ouïghours forment le peuple le plus important dans l’histoire et la civilisation turque. On peut dire que c’est l’âme de la civilisation turque. Pour des raisons historico-politiques, les Ouïghours sont oubliés du monde d’aujourd’hui. Ils sont considérés comme une petite minorité chinoise. Mais notre histoire est très importante dans l’étude de l’Asie mineure et du monde turc. Dans le monde actuel, les Ouïghours et la région ouïghoure sont un pont entre la Chine, l’Asie centrale, la Turquie et le Moyen-Orient. Nous étions un peuple brillant.
Et malgré toutes les difficultés géopolitiques, nous essayons toujours de nous imposer par les voies scientifique et culturelle. Nous avons une forte culture, une brillante histoire, une langue belle et riche, un beau pays. C’est pourquoi, nous aussi, les étudiants ouïghours de France, essayons de faire connaître les Ouïghours et de promouvoir notre culture dans les festivals et les journées d’études. Les Ouïghours sont peu connus aujourd’hui dans le monde, parce qu'ils restent très peu médiatisés. Et c'est aussi pourquoi nous avons lancé en France la première revue franco-ouïghoure Regard sur les Ouïghour-e-s.
FK : À qui est destiné ce festival ?
DP : Cette semaine ouïghoure est destinée au grand public, c'est-à-dire pas seulement aux étudiants, ou universitaires spécialisés en sinologie, turcologie ou sur l’Asie centrale, mais à toute personne intéressée par la culture ouïghoure. Il y en aura pour tous les goûts, des conférences à la dégustation de la cuisine ouïghoure aux expositions artistiques, ateliers de lecture, de calligraphie, de danse et de cuisine, sans oublier les deux concerts.
FK : Quels sont les principaux enjeux et caractéristiques de cette région ouïghoure ?
DP : Les Ouïghours forment le peuple le plus important dans l’histoire et la civilisation turque. On peut dire que c’est l’âme de la civilisation turque. Pour des raisons historico-politiques, les Ouïghours sont oubliés du monde d’aujourd’hui. Ils sont considérés comme une petite minorité chinoise. Mais notre histoire est très importante dans l’étude de l’Asie mineure et du monde turc. Dans le monde actuel, les Ouïghours et la région ouïghoure sont un pont entre la Chine, l’Asie centrale, la Turquie et le Moyen-Orient. Nous étions un peuple brillant.
Et malgré toutes les difficultés géopolitiques, nous essayons toujours de nous imposer par les voies scientifique et culturelle. Nous avons une forte culture, une brillante histoire, une langue belle et riche, un beau pays. C’est pourquoi, nous aussi, les étudiants ouïghours de France, essayons de faire connaître les Ouïghours et de promouvoir notre culture dans les festivals et les journées d’études. Les Ouïghours sont peu connus aujourd’hui dans le monde, parce qu'ils restent très peu médiatisés. Et c'est aussi pourquoi nous avons lancé en France la première revue franco-ouïghoure Regard sur les Ouïghour-e-s.