Le patriotisme en Allemagne : je t’aime, moi non plus ?

24 Octobre 2012



L’amour de la patrie, en Allemagne, a encore du mal à s’exprimer. Par souci de mémoire, les Allemands taisent leurs sentiments patriotes, pourtant bien présents.


La Porte de Brandebourg lors de la Fête nationale allemande
La Porte de Brandebourg lors de la Fête nationale allemande
Le patriotisme allemand est souvent confondu avec le pangermanisme, théorie géopolitique du XIXe siècle qui vise à regrouper tous les peuples germanophones. Visant la mise en place de la « Grande Allemagne », le pangermanisme aurait pu servir de justification à la logique de conquêtes du IIIe Reich par la suite. La Ligue Pangermanique a en effet défendu le « Volkstum », esprit de la race, et a influencé les théories hitlériennes.

Depuis, les Allemands n’osent pas s’avouer fiers de leurs pays. Une répugnance qui trouve en partie son origine dans un sentiment de culpabilité historique. Aujourd’hui, 75% des Allemands soutiennent l’interdiction du parti d’extrême-droite NPD. En France, l’idée d’interdire le FN, émise du bout des lèvres, est rejetée en masse au nom de la démocratie.

Le patriotisme allemand reste silencieux : alors que le 14 juillet, les rues de Paris sont surpeuplées, même la porte de Brandebourg reste relativement calme le 3 octobre à Berlin, jour de la fête nationale allemande.

Or, il semblerait qu’un patriotisme allemand tende à apparaître, à commencer par le domaine du sport. L’Allemagne s’est montrée très fière des performances de son équipe de football lors de la Coupe du monde en 2006. Les drapeaux ont même fait leur réapparition à cette occasion entre les mains des citoyens.

La bonne santé économique de l’Allemagne est aujourd’hui un motif de fierté nationale. Le temps de la repentance s’achève progressivement pour faire place à celui de la mémoire, entretenue par les deux générations suivant celle qui a joué un rôle dans la Seconde Guerre mondiale.


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Laurène Perrussel-Morin
Ex-correspondante du Journal International à Berlin puis à Istanbul. Etudiante à Sciences Po Lyon... En savoir plus sur cet auteur