Le château royal de Varsovie
La Pologne a encore une fois affirmé son attachement à la tradition. Les députés polonais se sont mobilisés en masse contre le projet de loi autorisant l’avortement au premier trimestre de la grossesse sans restriction. Un projet similaire avait déjà été abandonné en septembre 2011, suite au refus des parlementaires.
Ce projet de loi était à l’initiative du mouvement Palikot Le parti, fondé par le très libéral Janusz Palikot, avait emporté 10% des suffrages aux dernières élections législatives en octobre 2011. Il avait fondé toute sa campagne sur des idées extrêmement progressistes, comme celle du mariage homosexuel et de l’interruption volontaire de grossesse (IVG). Mais c’est surtout à son leader que le mouvement doit sa relative popularité. Durant la campagne, ce dernier s’était fait chef de file des laissés pour compte de Pologne, allant jusqu’à nommer un travesti à la Diète – geste extrêmement choquant dans un pays largement dominé par les conservateurs.
Le non, voté à 365 voix (contre 60 députés pour et 7 abstentionnistes), symbolise l’écart qu’il existe entre le dynamisme économique de cet Etat, champion de la croissance européenne en 2011 avec une hausse de 4,3% du PIB, et l’immobilisme politique et sociale. La société polonaise est restée très catholique et l’Eglise a encore un très fort pouvoir d’influence sur les consciences et sur les décisions parlementaires.
Les femmes sont pour l’heure autorisées à pratiquer l’IVG seulement si la grossesse est le fruit d’un viol, si elle présente un danger pour la mère ou en cas de malformation du fœtus. Mais la situation risque de se durcir davantage dans les semaines à venir. Les députés du jeune parti Pologne Unie (Solidarna Polska), revendiquant une forte idéologie catholique et nationaliste, ont fait une nouvelle proposition relative à l’avortement. Si elle était votée, cette loi interdirait l’avortement même en cas de malformation du fœtus, et constituerait un grand pas en arrière pour le droit des femmes.