Arrivé à Touba, Pape se rue hors du bus. « On y est », lance t-il avec un grand sourire. Dès la gare routière, le pèlerin est assailli par les appels à la prière provenant des haut-parleurs. Dans les rues de la ville, les passants jouent des coudes, recouvrant leur visage de tissus pour échapper aux trombes de poussière. Pape marche d'un pas leste parmi la circulation dense des taxis, des bus et des charrettes. Il s'arrête finalement à l'entrée d'une maison à la peinture défraîchie où une trentaine de membres de sa famille s'affairent. Un groupe de femmes cuisine le repas du soir tandis que des enfants vont et viennent. Installés sur une natte, un groupe d'hommes discute des festivités. « La véritable fête, c'est le soir » explique Pape, une lueur d'excitation dans les yeux.
Entre dévotion et recueillement
Comme chaque année, le 18 Safar du calendrier hégirien (11 décembre en 2014), des centaines de milliers de mourides convergent vers Touba pour le Grand Magal, principal événement religieux du Sénégal. Le mouridisme est une branche de l'islam qui s'est développée autour de la personne de Cheikh Ahmadou Bamba. Il mêle aux enseignements du prophète Mahomet des valeurs issues de la culture wolof et est pratiqué aujourd’hui par 28% de la population sénégalaise.