Le président de la République kirghize, Almazbek Atambaev, a formellement accepté la démission du gouvernement le 19 mars dernier. Un impératif constitutionnel après que l'un des partis - Ata-Meken - se soit retiré de la coalition au pouvoir. La décision de retrait avait préalablement été approuvée à l'unanimité par tous les membres du parti Ata-Meken.
La veille, lors de la session de leur fraction parlementaire, les membres de Ata-Meken (“Patrie”) déclaraient que le Premier ministre actuel, Zhantörö Satybaldiev, n'avait plus "le droit moral" de se maintenir à son poste. Une défiance officiellement motivée par la libération et la fuite de l'un des chefs de la criminalité organisée, Aziz Batukaev, et par l'accord avec Koumtor, mine d'or locale exploitée par une entreprise canadienne et représentant 12% du PIB du pays. Ce dernier point a déjà fait l'objet de nombreux débats houleux au parlement kirghize. L'accord négocié rééquilibre la participation de l'État kirghize à 50 %, mais Ata-Meken vise les 67%.
Le Premier ministre Satybaldiev et les membres de son gouvernement resteront en place jusqu'à la création d'une nouvelle alliance et la formation d'un nouveau cabinet. La formation d'une coalition revient au parti social-démocrate du Kirghizistan (SDPK), auquel appartient le président Atambaev. Pour le moment, aucun des cinq groupes parlementaires n'a exclu sa participation à une future alliance.
Feliks Koulov, le leader de la fraction Ar-Namys (“Dignité”) a démenti les rumeurs d'une possible dissolution du Parlement, et a exprimé sa confiance dans la création d'une coalition dans les délais impartis. Radio Free Europe a rapporté ses propos à ce sujet : “Selon la Constitution, le Président donne mandat de créer une alliance à l'une des fractions. Si une coalition n'est pas formée dans les 15 jours, ce mandat sera transmis à une autre fraction. Si celle-ci échoue également, alors tous les groupes politiques peuvent essayer de créer une coalition sans mandat. Mais je suis sûr à 99% que nous allons créer une coalition sans avoir à évoquer la dissolution du Parlement.”
Pendant ce temps, des noms de candidats potentiels pour le poste vacant de premier ministre circulent, parmi lesquels le premier Vice-Premier ministre, Joomart Otorbaev, le président du parlement, Asylbek Jeenbekov, et le chef de la fraction SDPK, Chynybai Tursunbekov.
En 23 ans d'indépendance, pas moins de 25 premiers ministres se sont succédés au Kirghizistan. Certains ont occupé le poste pendant plusieurs mois, d'autres plusieurs jours. Le plus long mandat (cinq ans) a été effectué par Apas Dzhumagulov, politicien de l'ex-Union soviétique et homme d'affaires. Le Premier ministre démissionnaire Satybaldiev aura quant à lui exercé ses fonctions un an et demi.