En janvier 2013, le Premier ministre David Cameron annonçait au peuple britannique et au reste du monde la tenue d’un référendum en 2017 sur l'adhésion du royaume de Sa Majesté à l’Union européenne si le Parti Conservateur venait à être réélu aux élections législatives de 2015. L’importance de l'UKIP (UK Independance party –le parti indépendantiste britannique) se fait de plus en plus ressentir outre-Manche. Au premier abord contre un tel référendum, les Labour Party et Liberal-Democrat Party (respectivement Parti travailliste et Parti libéral-démocrate) seraient davantage enclins à en promettre un également, au vu de l’importance que prend le débat dans les campagnes électorales.
Un scepticisme ancré
Quarante ans après son adhésion à l’Union européenne, la Grande Bretagne serait le premier pays à essayer d’en sortir. Après un double refus en 1961 puis en 1967 par Charles De Gaulle et contre l’avis de la majorité du peuple britannique, le pays avait tout de même rejoint l’Union en 1973, principalement pour sauver le royaume de la crise économique et sociale dans laquelle il s’engouffrait depuis des années.
Le premier référendum sur l’adhésion à l’Union européenne avait eu lieu en 1975 alors que le Parti travailliste d’opposition arrivait au pouvoir. Contre toute attente, 67% des votants avaient décidé que le Royaume-Uni devait rester membre. Cependant, l’euroscepticisme était resté très présent dans le pays. Il avait atteint son apogée avec les années Thatcher (souvent résumées par sa célèbre phrase « I want my money back », prononcée en 1979 concernant la réduction de la quote-part britannique pour la Politique Agricole Commune), puis sous l’ère John Major.
Malgré l’arrivée au pouvoir du Parti travailliste en 1997, les mentalités et politiques menées au sujet de l’Europe n'ont que peu changé. Le peuple britannique ainsi que de nombreux élus ont refusé la monnaie unique puis les accords de Schengen (entre nombreux autres accords avec les pays de l’Union), positionnant l’île à l’écart de grands projets d’envergure européenne. Cette forte opposition, dans un contexte où de nombreux rabais et privilèges sont accordés par l’Europe aux Britanniques, rend complexes aujourd’hui les relations entre l’Union et le Royaume.
Le premier référendum sur l’adhésion à l’Union européenne avait eu lieu en 1975 alors que le Parti travailliste d’opposition arrivait au pouvoir. Contre toute attente, 67% des votants avaient décidé que le Royaume-Uni devait rester membre. Cependant, l’euroscepticisme était resté très présent dans le pays. Il avait atteint son apogée avec les années Thatcher (souvent résumées par sa célèbre phrase « I want my money back », prononcée en 1979 concernant la réduction de la quote-part britannique pour la Politique Agricole Commune), puis sous l’ère John Major.
Malgré l’arrivée au pouvoir du Parti travailliste en 1997, les mentalités et politiques menées au sujet de l’Europe n'ont que peu changé. Le peuple britannique ainsi que de nombreux élus ont refusé la monnaie unique puis les accords de Schengen (entre nombreux autres accords avec les pays de l’Union), positionnant l’île à l’écart de grands projets d’envergure européenne. Cette forte opposition, dans un contexte où de nombreux rabais et privilèges sont accordés par l’Europe aux Britanniques, rend complexes aujourd’hui les relations entre l’Union et le Royaume.
Les propositions de David Cameron
David Cameron évoque plusieurs symptômes de l’Europe malade dans son discours du début de l’année sur la place du Royaume-Uni dans l’Union, dont les trois problèmes principaux sont « la zone euro », « la crise européenne de la compétitivité » et «le fossé entre l’Union et ses citoyens ». Il n’apparaît pas forcément comme un indépendantiste, mais semble plutôt chercher à renégocier et réorienter la politique de l’Union pour s’adapter au contexte actuel, avant de tenir un référendum. En effet, l’Europe représente de grands intérêts politico-économiques pour Londres, en particulier à travers le marché commun. David Cameron propose quelques pistes de réflexion à étudier.
Tout d’abord, pour améliorer la compétitivité, le Premier ministre propose de moderniser l’économie (secteurs des services, de l’énergie, des nouvelles technologies), de « libérer les PME » des lourdes régulations européennes, et de signer des accords commerciaux avec de grandes puissances telles que les États-Unis, le Japon et l’Inde.
Il souligne ensuite le besoin d’une certaine flexibilité en Europe : réduire le coût jugé trop élevé des institutions européennes et supprimer rapidement les programmes qui ne fonctionnent pas. Le Premier ministre semble également penser qu’un « Conseil du marché commun » serait opportun. Il met par la suite en avant le besoin d’accepter les différences de chaque pays de l’Union : « 17 pays sont membres de la zone euro. 10 ne le sont pas ; 26 pays font partie [des accords] de Schengen (...) 2 pays (la Grande-Bretagne et l'Irlande] ont maintenu des contrôles à leurs frontières. Certains pays, comme le Royaume-Uni et la France, sont prêts, souhaitent et peuvent agir au Mali ou en Libye, d’autres ne se sentent pas à l’aise avec l’usage de la force militaire, a-t-il déclaré. Ceux qui veulent aller plus loin et plus vite devraient pouvoir le faire sans être retenus par les autres ». De la même manière, insistant sur le fait que l’on ne peut harmoniser la politique ou l’économie de tout un bloc, il souligne l’importance des parlements nationaux.
Enfin, son principe de justice stipule que les problèmes et décisions de la zone euro ne devraient pas avoir d’impacts négatifs sur les autres pays membres de l’Union.
Tout d’abord, pour améliorer la compétitivité, le Premier ministre propose de moderniser l’économie (secteurs des services, de l’énergie, des nouvelles technologies), de « libérer les PME » des lourdes régulations européennes, et de signer des accords commerciaux avec de grandes puissances telles que les États-Unis, le Japon et l’Inde.
Il souligne ensuite le besoin d’une certaine flexibilité en Europe : réduire le coût jugé trop élevé des institutions européennes et supprimer rapidement les programmes qui ne fonctionnent pas. Le Premier ministre semble également penser qu’un « Conseil du marché commun » serait opportun. Il met par la suite en avant le besoin d’accepter les différences de chaque pays de l’Union : « 17 pays sont membres de la zone euro. 10 ne le sont pas ; 26 pays font partie [des accords] de Schengen (...) 2 pays (la Grande-Bretagne et l'Irlande] ont maintenu des contrôles à leurs frontières. Certains pays, comme le Royaume-Uni et la France, sont prêts, souhaitent et peuvent agir au Mali ou en Libye, d’autres ne se sentent pas à l’aise avec l’usage de la force militaire, a-t-il déclaré. Ceux qui veulent aller plus loin et plus vite devraient pouvoir le faire sans être retenus par les autres ». De la même manière, insistant sur le fait que l’on ne peut harmoniser la politique ou l’économie de tout un bloc, il souligne l’importance des parlements nationaux.
Enfin, son principe de justice stipule que les problèmes et décisions de la zone euro ne devraient pas avoir d’impacts négatifs sur les autres pays membres de l’Union.
Des réactions mitigées
Il est certain que le discours du Premier ministre était ardemment attendu. D’un point de vue interne, les avis furent très mitigés. L'UKIP, dirigé par Nigel Farage, ainsi que le Parti conservateur ont félicité le Premier ministre pour sa prise de décision et son engagement auprès du peuple britannique. Il est vrai que le discours avait été intelligemment rédigé pour plaire aux eurosceptiques et aux entreprises, mais aussi pour rassurer les autres citoyens nationaux et les puissances étrangères. Cependant, cela n’a pas semblé suffire : les Parti travailliste et Parti libéral-démocrate ont eu des réactions bien différentes de celles de l'UKIP et du Parti conservateur.
Nick Clegg, du Parti libéral-démocrate a déclaré que « des années et des années d’incertitude dues à une renégociation mal-définie et prolongée de notre place au sein de l'Europe n’est pas dans l’intérêt national, car cela déstabilise l’emploi et la croissance ». Ed Miliband et son Parti travailliste ont vivement critiqué la décision du Premier ministre, déclarant ne pas "vouloir d'un référendum in/out" tel que proposé par Cameron. Tony Blair a comparé l’acte du Premier ministre au fait de se mettre un revolver sur la tempe pour dire : « si vous ne faîtes pas ce que je veux, je m’explose la cervelle ». Il espère seulement qu'aucun des "26 membres [de l’Union] ne lui disent ‘Écoutez, allez-y !’ », avait-il déclaré. Selon le Parti travailliste, menacer l’Union d’un référendum et d’une sortie potentielle n’est pas le meilleur moyen pour obtenir ce que la Grande-Bretagne souhaite. « Mais nous n’avons jamais dit jamais », avait ajouté le député Douglas Alexander dans The Times. En effet, au vu de l’importance du débat depuis quelques mois, voire quelques années en Grande Bretagne, ces deux partis pourraient être amenés à suivre les pas de David Cameron pour rester du bon côté de l’opinion publique britannique lors de l’élection générale de 2015.
Du point de vue des entreprises, les avis ont aussi été doubles. Certains ont accueilli à bras ouverts les réformes créant plus de compétitivité, cependant bon nombre d’entreprises se sont ralliées à Nick Clegg pour dire que « l’incertitude est mauvaise pour les affaires » Hugo Dixon dixit dans la section Business de l’International Herald Tribune. Les puissances économiques mondiales telles que les États-Unis, la Chine, le Brésil ou encore l’Inde ont rejoint cette opinion, craignant qu’une Brexit (British exit) interfère gravement dans leurs affaires et rejetant l’incertitude créée par la tenue d’un possible référendum britannique dans plusieurs années.
Du côté des pays membres de l’Union, il va sans dire que le discours et les intentions de David Cameron ont été peu appréciés. En ce qui concerne la France, Laurent Fabius a déclaré : « si la Grande-Bretagne veut quitter l’Europe, nous [lui] déroulerons le tapis rouge. On ne peut pas faire l’Europe à la carte ». Seule Angela Merkel serait prête à « discuter des souhaits des Britanniques ».
Le Royaume-Uni semble ne pas savoir où regarder : vers l’Europe ou vers les États-Unis et autres puissances de niveau mondial ? Les élections de 2015 pourraient déjà servir de référendum et les campagnes électorales nous tiendront informés des intentions de nos chers voisins.
Nick Clegg, du Parti libéral-démocrate a déclaré que « des années et des années d’incertitude dues à une renégociation mal-définie et prolongée de notre place au sein de l'Europe n’est pas dans l’intérêt national, car cela déstabilise l’emploi et la croissance ». Ed Miliband et son Parti travailliste ont vivement critiqué la décision du Premier ministre, déclarant ne pas "vouloir d'un référendum in/out" tel que proposé par Cameron. Tony Blair a comparé l’acte du Premier ministre au fait de se mettre un revolver sur la tempe pour dire : « si vous ne faîtes pas ce que je veux, je m’explose la cervelle ». Il espère seulement qu'aucun des "26 membres [de l’Union] ne lui disent ‘Écoutez, allez-y !’ », avait-il déclaré. Selon le Parti travailliste, menacer l’Union d’un référendum et d’une sortie potentielle n’est pas le meilleur moyen pour obtenir ce que la Grande-Bretagne souhaite. « Mais nous n’avons jamais dit jamais », avait ajouté le député Douglas Alexander dans The Times. En effet, au vu de l’importance du débat depuis quelques mois, voire quelques années en Grande Bretagne, ces deux partis pourraient être amenés à suivre les pas de David Cameron pour rester du bon côté de l’opinion publique britannique lors de l’élection générale de 2015.
Du point de vue des entreprises, les avis ont aussi été doubles. Certains ont accueilli à bras ouverts les réformes créant plus de compétitivité, cependant bon nombre d’entreprises se sont ralliées à Nick Clegg pour dire que « l’incertitude est mauvaise pour les affaires » Hugo Dixon dixit dans la section Business de l’International Herald Tribune. Les puissances économiques mondiales telles que les États-Unis, la Chine, le Brésil ou encore l’Inde ont rejoint cette opinion, craignant qu’une Brexit (British exit) interfère gravement dans leurs affaires et rejetant l’incertitude créée par la tenue d’un possible référendum britannique dans plusieurs années.
Du côté des pays membres de l’Union, il va sans dire que le discours et les intentions de David Cameron ont été peu appréciés. En ce qui concerne la France, Laurent Fabius a déclaré : « si la Grande-Bretagne veut quitter l’Europe, nous [lui] déroulerons le tapis rouge. On ne peut pas faire l’Europe à la carte ». Seule Angela Merkel serait prête à « discuter des souhaits des Britanniques ».
Le Royaume-Uni semble ne pas savoir où regarder : vers l’Europe ou vers les États-Unis et autres puissances de niveau mondial ? Les élections de 2015 pourraient déjà servir de référendum et les campagnes électorales nous tiendront informés des intentions de nos chers voisins.