© Jean Jacques Ewong - Aras
Sans surprise, le Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC), parti de l’actuel chef de l’Etat du Cameroun au pouvoir depuis 1982, a remporté la majorité des sièges du futur sénat en formation. C’est ce qui est ressorti de la publication des résultats définitifs des élections sénatoriales qui ont eu lieu dans le pays le 14 avril - publication faite par la Cour suprême lundi 29 avril 2013 à Yaoundé. C'est Alexie Dipanda Mouelle, président de ladite Cour, qui a déclaré la victoire du RDPC en présence de nombreux responsables du gouvernement. Au total, 9 785 conseillers municipaux ont pris part au vote. On a enregistré une centaine d’abstentions.
Selon les résultats, le parti de Paul Biya vient en tête avec 56 sièges sur 70, soit 80 % des sièges, contre 14 pour le SDF, parti de Ni John Fru Ndi. Les deux autres partis en course, l’UNDP (Union nationale pour la démocratie et le progrès) et l’UDC (Union démocratique du Cameroun), n’ont remporté aucun siège. Le public camerounais attend maintenant les noms des 30 autres sénateurs qui seront nommés par le chef de l’Etat, ce qui portera à 100 le nombre total de sénateurs comme le prévoit la constitution, à raison de 10 par région. Paul Biya a jusqu’au 9 mai pour procéder à cette nomination.
Les nouveaux élus ont des portraits variés. On compte parmi eux des hommes politiques, des hommes d’affaires, des anciens ministres, des femmes, des universitaires, etc. Après la proclamation des résultats, les Camerounais ont réagi et ont pour l’essentiel critiqué tant le profil des nouveaux élus que la constitution du Sénat. La presse camerounaise s’est efforcé de rendre public ces contestations. Pour Dieudonné Kameni Djouteu, président national de l’Union des démocrates pour le travail (UDT), « parmi les sénateurs, on note des illettrés ne disposant pas de culture politique ». Pour Albert Dzongang, président de la Dynamique (parti de l'opposition), « le Sénat va en rajouter à notre pauvreté ».
Quoi qu'il en soit, le parti au pouvoir a désormais le contrôle quasi-total du Parlement. Le RDPC contrôle déjà l’Assemblée nationale avec la large majorité des sièges, et contrôlera aussi le Sénat où il a déjà 56 sièges sur 100, sans compter les 30 autres sénateurs attendus. Ces derniers seront nommés par le chef de l’Etat qui est également président national de son parti. Ces sénateurs ainsi nommés seront donc sous les ordres du pouvoir central, et porteront le nombre de sénateurs soumis au RDPC à 86 sur 100. On voit donc mal comment le président du Sénat, successeur constitutionnel et intérimaire du chef de l’Etat, pourrait venir d’un autre parti.