Crédits photo -- Reuters
Élue de justesse avec seulement un peu plus de 51% et ayant à affronter une situation politique intérieure fortement déprimée, Park Geun-hye a l'opportunité de s'affirmer pleinement comme femme d’État par l'international.
La confrontation à l'éternel yoyo nord-coréen
Après un début de mandat marqué par les ambitions belliqueuses du Nord, la locataire de la Maison Bleue fait face à un nouveau caprice de Kim Jong-un. Les autorités de Pyongyang ont ordonné aux troupes d'être en « état d'alerte», attendant « l'ordre général d'attaque », selon le chef des services secret sud-coréen (le NIS), interrogé ce mardi au parlement. Le Nord répond ainsi à l'exercice naval des prochains jours entre la Corée du Sud, le Japon et les États-Unis, comprenant notamment la présence du porte-avions américain USS Georges Washington.
Kim Jung-un accentue la technique éprouvée du « yoyo », voulant pousser par ses déclarations les États-Unis à revenir à la table des négociations pour obtenir in fine un allègement des embargos et sanctions internationales. La déclaration de mobilisation militaire n'est pas un acte isolé et s'inscrit dans un processus diplomatique pour le moins déroutant. Après une situation à deux doigts de l'affrontement armé le printemps dernier, Pyongyang a atténué ses déclarations, et notamment promis la réouverture du site économique inter-coréen de Kaesong. Cependant, le régime communiste a remis le feu aux poudres, avec la réouverture du site nucléaire de Yongbon en septembre dernier, faisant de nouveau planer la menace atomique sur la région. Pour finir, le Nord a décidé unilatéralement le 22 septembre l'annulation de la rencontre des familles séparées par la guerre de Corée (1950-1953).
Face à cela, Park Geun-hye durcit sa position. Favorable lors de la campagne à un dialogue avec la Corée du Nord, elle fait preuve, aujourd'hui, d'une plus grande fermeté, notamment militaire, faisant défiler plus de 11 000 hommes en plein cœur de Séoul pour célébrer le 65e anniversaire de l'armée coréenne, le 1er octobre, et ainsi envoyer un message au Nord. La fermeté de la diplomatie coréenne se retrouve aussi dans la gestion de la situation politique intérieure, avec l'arrestation du député Lee Seok-ki et de dirigeants du Parti progressiste unifié par le NIS. Ces membres de ce parti d'extrême-gauche sont accusés de vouloir soutenir la Corée du Nord en provoquant un coup d'état de l'intérieur en cas de guerre avec Pyongyang. Sur la scène diplomatique, la présidente a eu un entretien bilatéral lors du sommet de Bali, le 7 octobre, avec le président chinois Xi-Jiping, pour accentuer la dynamique de désolidarisation de Pékin avec Pyongyang.
Kim Jung-un accentue la technique éprouvée du « yoyo », voulant pousser par ses déclarations les États-Unis à revenir à la table des négociations pour obtenir in fine un allègement des embargos et sanctions internationales. La déclaration de mobilisation militaire n'est pas un acte isolé et s'inscrit dans un processus diplomatique pour le moins déroutant. Après une situation à deux doigts de l'affrontement armé le printemps dernier, Pyongyang a atténué ses déclarations, et notamment promis la réouverture du site économique inter-coréen de Kaesong. Cependant, le régime communiste a remis le feu aux poudres, avec la réouverture du site nucléaire de Yongbon en septembre dernier, faisant de nouveau planer la menace atomique sur la région. Pour finir, le Nord a décidé unilatéralement le 22 septembre l'annulation de la rencontre des familles séparées par la guerre de Corée (1950-1953).
Face à cela, Park Geun-hye durcit sa position. Favorable lors de la campagne à un dialogue avec la Corée du Nord, elle fait preuve, aujourd'hui, d'une plus grande fermeté, notamment militaire, faisant défiler plus de 11 000 hommes en plein cœur de Séoul pour célébrer le 65e anniversaire de l'armée coréenne, le 1er octobre, et ainsi envoyer un message au Nord. La fermeté de la diplomatie coréenne se retrouve aussi dans la gestion de la situation politique intérieure, avec l'arrestation du député Lee Seok-ki et de dirigeants du Parti progressiste unifié par le NIS. Ces membres de ce parti d'extrême-gauche sont accusés de vouloir soutenir la Corée du Nord en provoquant un coup d'état de l'intérieur en cas de guerre avec Pyongyang. Sur la scène diplomatique, la présidente a eu un entretien bilatéral lors du sommet de Bali, le 7 octobre, avec le président chinois Xi-Jiping, pour accentuer la dynamique de désolidarisation de Pékin avec Pyongyang.
L'affirmation de la « diplomatie économique »
Lors de ce sommet de Bali, il aura été pour la Présidente sud-coréenne bien plus question d'économie que de la question nord-coréenne. D'ailleurs, Bali n'est qu'une étape, dans ce que la présidence nomme la « diplomatie économique », autrement dit sortir de la stagnation de la croissance coréenne en s'attaquant massivement au marché de l'Asie du Sud-Est. Le mois dernier, Park Geun-hye a en ce but réalisé une visite d’État au Vietnam, puis après la conférence de Bali, Park ira jeudi à Jakarta, puis à Brunei, dans le but de renforcer les liens économiques. Cette « diplomatie économique » doit renforcer la dynamique actuelle d'échanges exponentiels entre ces pays et la Corée. A titre d'exemple, les échanges entre l'Indonésie et la Corée ont doublé entre 2007 et 2012, atteignant les 30 milliards de dollars.
Cette politique a pour premier but de réaliser de juteux contrats dans les domaines énergétique et militaire, exportant ainsi le savoir faire coréen aux nouveaux émergeants et à la nouvelle génération de « Dragons » asiatiques. Mais cela prépare aussi le terrain aux Chaebols coréens, donnant un nouveau terrain de jeu aux smartphones de Samsung et aux produits de LG.
La « diplomatie économique » s’aligne parfaitement sur la politique coréenne vis à vis des accords commerciaux internationaux et plus particulièrement sur le cycle de Doha, censé réduire encore les entraves protectionnistes étatiques, l'idéal pour l'économie capitaliste coréenne.
Si le mariage avec l'Asie du Sud-Est semble ici économique, ces accords donnent à la Corée les cartes pour mettre en place un nouveau jeu diplomatique régional, permettant à Séoul de pouvoir concurrencer économiquement Pékin et Tokyo, respectivement deuxième et troisième puissance économique mondiale. En d'autres termes, avancer ses pions dans la lutte pour le leadership asiatique.
Cette politique a pour premier but de réaliser de juteux contrats dans les domaines énergétique et militaire, exportant ainsi le savoir faire coréen aux nouveaux émergeants et à la nouvelle génération de « Dragons » asiatiques. Mais cela prépare aussi le terrain aux Chaebols coréens, donnant un nouveau terrain de jeu aux smartphones de Samsung et aux produits de LG.
La « diplomatie économique » s’aligne parfaitement sur la politique coréenne vis à vis des accords commerciaux internationaux et plus particulièrement sur le cycle de Doha, censé réduire encore les entraves protectionnistes étatiques, l'idéal pour l'économie capitaliste coréenne.
Si le mariage avec l'Asie du Sud-Est semble ici économique, ces accords donnent à la Corée les cartes pour mettre en place un nouveau jeu diplomatique régional, permettant à Séoul de pouvoir concurrencer économiquement Pékin et Tokyo, respectivement deuxième et troisième puissance économique mondiale. En d'autres termes, avancer ses pions dans la lutte pour le leadership asiatique.
Le Japon, ou le poids de la Mémoire
Ce leadership se dispute en premier lieu avec le Japon. Lors du sommet de Bali, où Shinzo Abe, le Premier ministre japonais, était aussi présent. Park Geun-hye a refusé de le rencontrer. Les relations entre les deux pays sont pour le moins difficile, mais les pays n'en sont pas moins des alliés militaires face à la Corée du Nord, et aussi pour éviter une expansion de l'influence chinoise en Asie et d'une main mise sur le commerce asiatique via une politique maritime agressive, comme les conflits territoriaux entre la Chine et le Japon, le Vietnam et l'Indonésie le laissent envisager.
Cette relation de confiance est ébranlée par l'abnégation du Japon à ne pas reconnaître l'organisation durant la seconde guerre mondiale d'un système de « femmes de réconfort », véritable esclavage sexuel dont aurait été victime plus de 200 000 femmes asiatiques, dont une grande part de coréennes. Le gouvernement coréen n'obtenant aucune réponse, il envisage de porter la question devant l'ONU, dès ce mois d'octobre. L'autre sujet qui effraie la Corée est le projet de Shinzo Abe de réformer la constitution pour permettre de facto la renaissance d'une armée japonaise, ne possédant pour le moment que de force d'autodéfense, chose encore difficilement acceptable pour la Corée ayant subit le joug colonial japonais durant un demi-siècle et de nombreux crimes de guerres.
Si Park Geun-hay souhaite marquer en matière de politique étrangère son mandat présidentiel, elle n'a ainsi que trois options : obtenir des succès diplomatiques avec la Corée du Nord, en obtenant une amélioration continue des relations inter-coréennes et la stabilité militaire sur la péninsule coréenne ; obtenir des succès économiques en Asie doublant la vague culturelle coréenne (Hallyu) d'une vague économique capable de prétendre au leadership asiatique ; et obtenir une complète normalisation des relations avec le Japon et une repentance historique de ce dernier. Trois options dont la plus économique semble la plus avancée, mais aussi la plus crédible.
Cette relation de confiance est ébranlée par l'abnégation du Japon à ne pas reconnaître l'organisation durant la seconde guerre mondiale d'un système de « femmes de réconfort », véritable esclavage sexuel dont aurait été victime plus de 200 000 femmes asiatiques, dont une grande part de coréennes. Le gouvernement coréen n'obtenant aucune réponse, il envisage de porter la question devant l'ONU, dès ce mois d'octobre. L'autre sujet qui effraie la Corée est le projet de Shinzo Abe de réformer la constitution pour permettre de facto la renaissance d'une armée japonaise, ne possédant pour le moment que de force d'autodéfense, chose encore difficilement acceptable pour la Corée ayant subit le joug colonial japonais durant un demi-siècle et de nombreux crimes de guerres.
Si Park Geun-hay souhaite marquer en matière de politique étrangère son mandat présidentiel, elle n'a ainsi que trois options : obtenir des succès diplomatiques avec la Corée du Nord, en obtenant une amélioration continue des relations inter-coréennes et la stabilité militaire sur la péninsule coréenne ; obtenir des succès économiques en Asie doublant la vague culturelle coréenne (Hallyu) d'une vague économique capable de prétendre au leadership asiatique ; et obtenir une complète normalisation des relations avec le Japon et une repentance historique de ce dernier. Trois options dont la plus économique semble la plus avancée, mais aussi la plus crédible.