La fin de l’art alternatif berlinois ?

2 Octobre 2012



Les artistes qui occupaient le Tacheles, squat emblématique du Berlin alternatif, ont été évacués le 4 septembre par les forces de l’ordre, dans le cadre d’une opération qui mettait fin à des années de bras de fer. Historique de ce haut lieu de la culture alternative.


Source : AFP
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Le Tacheles, dont la construction remonte à 1907, ne devient un Hausprojekt qu’en 1990. Utilisé comme prison nazie sous la Seconde Guerre mondiale et comme bâtiment pour les activités syndicales et culturelles du temps de la RDA, le Friedrichstadtpassage porte les traces de l’Histoire allemande.

En 1990, le bâtiment se détériore déjà. Pour lutter contre sa destruction, le groupe Künstlerinitiative (initiative d’artistes) décide de l’occuper et de le faire classer lieu historique. La démolition est annulée au dernier moment. Les artistes, dans un contexte de flou juridique du à la réunification de l’Allemagne, se voient offrir un immense terrain de 1250 m2 et un bâtiment s'élevant sur cinq étages.

Source : Agence Reuters
Source : Agence Reuters
Les murs sont tous peints de couleurs vives et bien vite recouverts de dessins inspirés du street art, qui connaît ses heures de gloire. Les années d’or du Tacheles débutent dans une ambiance bonne enfant. La cour arrière accueille en permanence des œuvres d’art et une quarantaine d’artistes occupent le bâtiment. Le cinéma, créé sous la RDA, est conservé, et un théâtre voit le jour dans l’enceinte de ce qui porte désormais le nom de Tacheles, franc-parler en yiddish. Une revanche sur les années nazies, alors que le bâtiment se trouve à Scheunenviertel, l’ancien quartier juif.

Aujourd’hui, la fermeture de ce symbole de la créativité berlinoise, qui a suscité trop peu de réactions du fait de sa transformation en curiosité touristique, marque la fin d’une époque alternative dans la capitale allemande. Bien que la ville reste le berceau du street art et que 10% de sa population vive toujours d’activités artistiques, elle s’embourgeoise, et son charme « pauvre mais sexy » est menacé par les investisseurs.

Pour en savoir plus sur Scheunenviertel, le quartier du Tacheles : http://berlinementvotre.tumblr.com/post/31915117209/raconte-moi-une-histoire-berlinoise-scheunenviertel

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Laurène Perrussel-Morin
Ex-correspondante du Journal International à Berlin puis à Istanbul. Etudiante à Sciences Po Lyon... En savoir plus sur cet auteur