La Suisse lève le voile

Sara Murray
17 Février 2014



Un référendum lancé par le parti de l’Union Démocratique du Centre dans la petite commune de Au-Heerbrugg interdisant le port du voile a été accepté par les habitants le même jour que l’acceptation de l’initiative contre « l’immigration de masse ».


© Keystone
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Le 9 février 2014, les Suisses se sont prononcés sur une initiative lancée par le parti d’extrême droite, l’Union Démocratique du Centre (UDC), qui cherchait à instaurer des plafonds annuels concernant l’immigration. L’acceptation très serrée choque et fait du petit pays enclavé un sujet de discussion répandu et controversé.

Derrière les trois grandes questions posées aux Suisses ce jour-là se cachait une autre initiative inspirée de l’idéologie et du programme conservateur de l’UDC : la question du port du voile.

C’est dans la petite commune de Au-Heerbrug dans le canton de Saint-Gall que le parti présente son texte pour l’interdiction du port du voile au niveau communal aux quelques 7000 habitants. une façon, disent-ils, de faire passer un message aux cantons et à la fédération. D’ailleurs, une motion est déjà déposée au parlement cantonal. Plus effrayant que ce texte, les résultats du vote : les citoyens ont accepté l’initiative.

Un impact non-calculé

Les vies chamboulées de deux jeunes filles somaliennes font l’actualité en Suisse. C’est avec angoisse que les enfants se rendaient à l’école le lundi matin - appréhendant les réactions de leurs camarades. Une angoisse instaurée par les citoyens d’un canton qui prône pourtant la « solidarité » et la « tolérance » dans sa Constitution.

Pas une première en Suisse

En Suisse comme à l’étranger, la discussion concernant le port du voile n’est pas récente. C’est en 2009, suite aux votations sur l’initiative des minarets que l’UDC lance le sujet de l’islam et de sa place dans la Confédération. Le parti exige la fin de l’infiltration du système légal suisse par les réglementations de la sharia et ne tolère pas les sociétés parallèles culturelles et religieuses. C’est en 2013, au Tessin, qu’un premier canton inscrit une loi semblable dans sa Constitution.

C’est en invoquant le sécularisme que l’UDC espère convaincre le peuple que le voile n’est pas un « accessoire » approprié dans les écoles. Ce principe de séparation de l’Etat et de la religion est une pratique déjà acceptée depuis longtemps en Suisse, où les pratiques religieuses ne dessinent plus les contours des lois helvétiques. Un chapelet porté autour du cou d’un catholique n'est pas régi par cet État laïque, alors pourquoi un voile porté par une musulmane le serait? L’argument mène au questionnement des premières lignes de la Constitution st-galloise qui affiche « être consciente de sa responsabilité devant Dieu. »

Après avoir été victorieux avec l’interdiction de la construction des minarets et plus récemment, la limitation de l’afflux d’immigrants dans le pays, l’extrême droite s’attaque à une dimension très personnelle touchant aux immigrants et leurs croyances. En espérant que le parti populiste soit prêt à affronter les regards critiques qu’il attire sur le pays. La kippah, le sari et le kesa ne sont pas encore des sujets d’actualité. Mais à en croire le discours du parti d’extrême droite, ils pourraient bientôt faire la Une des journaux.

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