Vladimir Poutine et son homologue ukrainien, Viktor Yanukovych | Crédits photo - Alexey Druzhinin/AFP
N'ayez pas de voisins si vous voulez vivre en paix avec eux. Les mots aussi vrais pour les Hommes que pour les États. En août, l'Ukraine a de nouveau ressenti l'hostilité de son voisin russe qui a décidé de déclencher une guerre économique contre Kiev. Cette fois-ci, il ne s'agit pas de simples histoires de coupures de gaz naturel, chaque fois que Moscou veut donner une leçon à son «petit frère» ukrainien. Celle qui a été choisie comme objet d'une première attaque est une entreprise leader du marché ukrainien des confiseries, Roshen.
Pas de fumée sans feu
Le service fédéral russe, qui surveille la sécurité des consommateurs, a banni les importations de produits de la marque Roshen, qui est un des plus gros producteurs de confiserie du monde. L'erreur fatale de Roshen qui lui a couté le marché russe ? Des violations systématiques des normes sanitaires. Reste que d'autres pays, notamment l'Ukraine, qui consomment 450 000 tonnes de confiseries de cette marque chaque année, n'ont trouvé aucun composant chimique nocif. Mais ce n'était que le début d'une guerre commerciale. Le 14 août, tous les exportateurs ukrainiens ont commencé à avoir des difficultés au niveau de la frontière russe. Les marchandises de toutes sortes ont été examinées scrupuleusement par les autorités douanières, sous un prétexte futile. Selon les médias locaux, les produits venant d'Ukraine ont été mis sur la liste des objets à haut risque. Une quasi-fermeture de la frontière a finalement soulevé la vraie raison du comportement qu'à eu le voisin russe. Bien évident, c'est la politique.
Selon les autorités russes, le renforcement du contrôle des marchandises à la frontière n'était qu'une application des mesures strictes qui pourraient être mises en place si l'Ukraine signe un Accord d'association et un Accord de libre-échange avec l'Union européenne. Une frappe préventive, rien de moins. « En cas de signature de cet accord, il est possible que les marchandises ukrainiennes soient poussées sur nos marchés (marchés russe, biélorusse et kazakh, trois pays qui forment actuellement l'Union douanière, ndlr) ou les marchandises venant d'Union Européenne soient re-exportées sur notre marché à travers l'Ukraine. Voici pourquoi ces mesures ont été évoquées», a déclaré Igor Sevastianov, premier conseiller à l'ambassade de Russie en Ukraine. Un personnage haut placé et plus influent a confirmé ce discours. Un conseiller de Vladimir Poutine, Sergei Glaziev a annoncé que « le service douanier russe a pris des mesures préventives liées à une préparation des modifications du régime douanier au cas où l'Ukraine signe un Accord d'association avec l'UE ». Le président russe a constaté que l'intégration des marchés ukrainien et européen posait des risques pour Moscou. Selon Vladimir Poutine, en cas de succès de Kiev, les pays membres de l'Union douanière seront obligés de réfléchir sur des mesures protectrices.
Selon les autorités russes, le renforcement du contrôle des marchandises à la frontière n'était qu'une application des mesures strictes qui pourraient être mises en place si l'Ukraine signe un Accord d'association et un Accord de libre-échange avec l'Union européenne. Une frappe préventive, rien de moins. « En cas de signature de cet accord, il est possible que les marchandises ukrainiennes soient poussées sur nos marchés (marchés russe, biélorusse et kazakh, trois pays qui forment actuellement l'Union douanière, ndlr) ou les marchandises venant d'Union Européenne soient re-exportées sur notre marché à travers l'Ukraine. Voici pourquoi ces mesures ont été évoquées», a déclaré Igor Sevastianov, premier conseiller à l'ambassade de Russie en Ukraine. Un personnage haut placé et plus influent a confirmé ce discours. Un conseiller de Vladimir Poutine, Sergei Glaziev a annoncé que « le service douanier russe a pris des mesures préventives liées à une préparation des modifications du régime douanier au cas où l'Ukraine signe un Accord d'association avec l'UE ». Le président russe a constaté que l'intégration des marchés ukrainien et européen posait des risques pour Moscou. Selon Vladimir Poutine, en cas de succès de Kiev, les pays membres de l'Union douanière seront obligés de réfléchir sur des mesures protectrices.
De l'URSS à l'Union eurasienne
De quoi les Russes ont-ils si peur ? L'Ukraine mène des négociations concernant un accord d'association avec l'Union européenne depuis cinq ans. Ce document doit remplacer un autre accord signé en 1998. Le nouveau traité, de plus de 1200 pages, est destiné à renforcer les relations entre Kiev et Bruxelles en rapprochant une législation ukrainienne à celle de l'UE. Point important - un accord de libre-échange fait partie d'un accord d'association. Cela signifie que l'Ukraine va ouvrir son marché intérieur aux marchandises européennes, et vice versa. En cas de signature, les tarifs douaniers ainsi que les quotas doivent être progressivement supprimés. Cependant, certains pensent que le marché ukrainien sera tout simplement envahi par des produits européens à cause de leur qualité supérieure. Et c'est cette carte qui est jouée par les Russes lorsqu'ils estiment les conséquences d'un accord entre Kiev et Bruxelles.
Par ailleurs, les enjeux d'un tel document sont beaucoup plus importants pour les deux pays. Les autorités russes font d'immenses efforts pour créer une nouvelle structure influente sur les vestiges de l'Union soviétique. La dernière preuve en date de ces efforts est l'Union douanière, qui regroupe actuellement la Russie et ses deux satellites – la Biélorussie et le Kazakhstan. Le projet est bien plus ambitieux que cela : en 2015, Moscou espère créer l'Union eurasienne avec le maximum de pays membres. Il va sans dire que l'Ukraine doit faire partie intégrante de cette union. La Russie considère donc le rapprochement entre Kiev et Bruxelles comme une menace à son projet napoléonien et n'hésite pas à faire des manoeuvres d'intimidation. « С'est une catastrophe pour l'Ukraine », a proclamé Sergei Glaziev, en estimant les conséquences probables de la signature d'un accord d'association avec l'UE. Il a ajouté ainsi que l'Ukraine ne sera plus un partenaire stratégique de Moscou.
Par ailleurs, les enjeux d'un tel document sont beaucoup plus importants pour les deux pays. Les autorités russes font d'immenses efforts pour créer une nouvelle structure influente sur les vestiges de l'Union soviétique. La dernière preuve en date de ces efforts est l'Union douanière, qui regroupe actuellement la Russie et ses deux satellites – la Biélorussie et le Kazakhstan. Le projet est bien plus ambitieux que cela : en 2015, Moscou espère créer l'Union eurasienne avec le maximum de pays membres. Il va sans dire que l'Ukraine doit faire partie intégrante de cette union. La Russie considère donc le rapprochement entre Kiev et Bruxelles comme une menace à son projet napoléonien et n'hésite pas à faire des manoeuvres d'intimidation. « С'est une catastrophe pour l'Ukraine », a proclamé Sergei Glaziev, en estimant les conséquences probables de la signature d'un accord d'association avec l'UE. Il a ajouté ainsi que l'Ukraine ne sera plus un partenaire stratégique de Moscou.
Faites vos jeux
Pour l'instant, les autorités ukrainiennes se plient en quatre pour équilibrer la balance entre ces deux partenaires. A Kiev, un accord avec l'UE est considéré comme une grande chance à ne pas rater. Les retombées positives sont nombreuses : le régime de libre-échange donnerait un coup de pouce à l'économie actuellement en crise, tandis que les réformes inscrites dans le document permettraient de se rapprocher de l'Europe. Cependant, le risque de perdre le marché russe ne peut pas être ignoré - les exportations en Russie représentent 25 % d'exportations totales ukrainiennes.
Le 29 novembre 2013 sera une date cruciale pour Kiev. Le sommet du Partenariat oriental, qui aura lieu à Vilnius, montrera à quel point le pays est combatif. Si l'avenir de l'Ukraine n'est pas clair, les intentions de son voisin ne sont pas du tout cachées. Et il est très étonnant de constater que les efforts agressifs de la Russie, mélangés aux vraies menaces, peuvent pousser l'Ukraine dans les bras de l'Europe. L'un des leaders de l'opposition ukrainienne, Arsenii Iatseniuk, a déjà proposé de décorer Vladimir Poutine d'une médaille pour l'intégration européenne de l'Ukraine. Bruxelles a aussitôt réagi. « Nous nous sommes inquiétés d'une pression ouverte, de la Russie sur l'Ukraine. Une pression qui s'accroît et qui est liée aux ambitions de Kiev de signer l'Accord d'association », a déclaré Gunnar Vigand, représentant le Service européen pour l'action extérieure. Alors même que l'un des députés du Parlement européen est même allé jusqu'à proposer de donner un prix Nobel d'ophtalmologie à Vladimir Poutine puisqu'il a ouvert les yeux sur un vrai défaut de la Russie à ceux qui ne l'aurait pas encore vu.
Le 29 novembre 2013 sera une date cruciale pour Kiev. Le sommet du Partenariat oriental, qui aura lieu à Vilnius, montrera à quel point le pays est combatif. Si l'avenir de l'Ukraine n'est pas clair, les intentions de son voisin ne sont pas du tout cachées. Et il est très étonnant de constater que les efforts agressifs de la Russie, mélangés aux vraies menaces, peuvent pousser l'Ukraine dans les bras de l'Europe. L'un des leaders de l'opposition ukrainienne, Arsenii Iatseniuk, a déjà proposé de décorer Vladimir Poutine d'une médaille pour l'intégration européenne de l'Ukraine. Bruxelles a aussitôt réagi. « Nous nous sommes inquiétés d'une pression ouverte, de la Russie sur l'Ukraine. Une pression qui s'accroît et qui est liée aux ambitions de Kiev de signer l'Accord d'association », a déclaré Gunnar Vigand, représentant le Service européen pour l'action extérieure. Alors même que l'un des députés du Parlement européen est même allé jusqu'à proposer de donner un prix Nobel d'ophtalmologie à Vladimir Poutine puisqu'il a ouvert les yeux sur un vrai défaut de la Russie à ceux qui ne l'aurait pas encore vu.