Alors que l’abstention augmente élection après élection, et que les électeurs ne semblent plus s’intéresser à la vie politique, l’outil internet semble en mesure de changer les choses. « Les outils de la démocratie numérique permettent de renforcer la transparence des politiques publiques, en les soumettant à l’épreuve de la discussion, de l’évaluation et même dans certains cas de la co-construction » explique Périne Brotcorne, sociologue à la Fondation du travail de l'université Bruxelles/Namur, dans un rapport sur le numérique. Le web est un outil de plus en plus présent dans nos sociétés, et peut être capable de revitaliser la démocratie. C’est grâce à lui qu’est né le « e-citoyen ».
L’une des premières avancées en matière de démocratie 2.0 est le vote électronique. Une alternative qui peut convaincre les électeurs d’aller voter, de gagner du temps et même de faire des économies en frais de fonctionnement. C’est le cas de l’Estonie où 31% des habitants ont voté par internet aux élections parlementaires de 2014. Le pays a mis en place une carte d'identité digitale qui permet de voter sur le web, et même via son smartphone depuis 2012. Au Brésil, les électeurs font même leur devoir électoral via des machines depuis 1996. Une preuve que cette pratique peut fonctionner. Pourtant jusqu’à présent le système n’a pas fait ses preuves partout. Les Pays-Bas en 2008 et l’Irlande en 2012 ont décidé de se débarrasser de leurs machines à voter. Cette technique reste donc à perfectionner pour convaincre réellement les citoyens.
Différentes manières d’adopter la démocratie 2.0
Internet permet aussi aux électeurs de s’exprimer plus facilement, et de se faire entendre par les dirigeants. Le web permet de rapprocher les politiques et les citoyens. Et le Brésil est l’un des pionniers en matière de mobilisation citoyenne sur les réseaux sociaux ou les plateformes. Le projet « Votez sur le web », qui propose dans une forme accessible à tous les lois en cours d'examen au Congrès et permet aux internautes de voter pour ou contre ces projets connait un franc succès. De 13 000 utilisateurs en 2010, il est passé à 140 000 en 2014.
En Irlande, c’est l’euroscepticisme qu’on avait décidé de combattre dès 2010 via la plate-forme Puzzled By Policy pour aider chacun à mieux comprendre les décisions politiques et améliorer le débat public. En plus de cela le site est aussi doté d’un forum de discussion dont les principaux points de délibération sont transmis aux décideurs politiques qui, à leur tour, peuvent apporter des réponses aux attentes citoyennes.
Autre plateforme, autres buts : Citizinvestor.com permet aux citoyens américains de participer au financement d'infrastructures publiques. Ils peuvent alors investir dans la rénovation d'une piscine de quartier, la construction de nouveaux parcs, ou l'installation d'aires de jeux supplémentaires. Comme toute plateforme de crowdfunding, les sommes investies ne sont évidemment débitées que si la totalité du montant nécessaire à l'aboutissement du projet est atteinte.
« Contribuer aux institutions gouvernementales »
Les électeurs semblent petit à petit rentrer dans l’ère du numérique. Et même si le chemin à parcourir est encore long, la démocratie 2.0 participe vraiment à améliorer les politiques comme l’explique Amanda Clarke, doctorante à l’Oxford Internet Institute : « L'apparition d'Internet n'a pas résolu la crise politique que connaissent les démocraties […] Mais cela ne veut pas dire qu'Internet n'est pas en mesure d'étendre le champ d'engagement de certaines personnes, tant il offre aux citoyens de nouvelles possibilités de contribuer aux institutions gouvernementales ».
La démocratie 2.0 devrait prendre de l’ampleur ces prochaines années, et pourrait convaincre les citoyens de s’investir dans les décisions prises dans les plus hautes sphères des États. C'est ce qu'indique Anne-Lise Bouyer, journaliste, « Internet est un moyen de combler le creux entre les politiques et les citoyens. »