Des essais militaires que Julien Fontanier, journaliste enseignant le japonais, voit comme une provocation. « Le Japon fait partie des voisins de la Corée du Nord et est désormais à portée de tir de missiles. La Corée du Nord s’est amusée à l’annoncer officiellement en envoyant un missile qui a survolé le Japon pour se crasher dans la mer, de l’autre côté du Japon ».
D’après lui, la Corée du Nord cherche à faire passer le message suivant : « on peut tirer plus loin que le Japon, donc on peut tirer n’importe où au Japon ». Et cela n’a pas plu du tout. « Cela dit avec les récents progrès, la Corée du Nord a énormément étendu son aire d’action. Elle peut désormais toucher les USA en Pacifique et potentiellement en Alaska, mais pas le continent principal », ajoute le professeur de japonais.
Une dépendance économique
Dans une interview accordée à BFMTV, Valérie Niquet, maître de recherche, responsable du pôle Asie à la Fondation pour la recherche stratégique affirme que la Chine est le « premier partenaire commercial » de la Corée du Nord. Ce qui, d’après Valérie Niquet, signifie que la Chine doit entretenir de bonnes relations avec la Corée du Nord.
Toujours d’après ses dires, « en 2013, la Chine a voté une résolution de l’ONU qui sanctionne les activités nucléaires de la Corée du Nord. C’était plus symbolique que politique à l’époque, mais la tendance s’inverse maintenant ». « La Chine n’est pas favorable à la réunification des deux Corées car ce serait la Corée du Sud qui prendrait les rênes du nouveau pays, ce qui, prouverait la faiblesse du régime de Kim Jong-un », ajoute-elle.
Selon le témoignage d’André [ndlr : le nom a été changé pour préserver son anonymat] qui a passé une semaine en Corée du Nord, ces derniers exportent peu de produits, principalement du charbon, mais en importent surtout. Des matières premières en priorité comme le pétrole, mais surtout des biens manufacturés. « Les équipements sont chinois : les bus, les téléphones et même tous les produits qui étaient dans l’hôtel où je résidais. La seule chose qui n’était pas chinoise, c’était la nourriture. Si la Chine arrête d’exporter, les Nord-Coréens perdent beaucoup, cela représente 83 % des importations du pays. ».
Les conséquences des tirs d’intimidation
Sur le site internet Rodong Sinmun, qui est la voix du gouvernement nord coréen, un communiqué accuse les États-Unis d’être responsables de la situation actuelle dans la mer du Japon. « La déclaration a dénoncé le régime américain et sud-coréen de marionnettes de faire un ultime effort pour plonger la péninsule coréenne dans un désastre nucléaire en donnant le coup d’envoi des plus grands exercices militaires communs jamais organisé », peut-on lire sur le site.
Ils accusent les États-Unis « d’idiots » et affirment qu’ils sont partis trop confiants pour réaliser avec succès « leur opération spéciale misérable ». À travers ce journal, le pouvoir en place affirme qu’il fera tout pour « défendre la souveraineté du pays, la paix et la sécurité qui règnent sur la péninsule coréenne ».
En réponse aux derniers essais nucléaires de la Corée du Nord, les dirigeants des États-Unis, de la Corée du Sud et du Japon se sont rencontré à Washington jeudi 31 mars. Le discours est bien entendu radicalement opposé à celui du site internet de Rodong Sinmun. Barack Obama a insisté sur « l’unité » de ces trois puissants, et de la communauté internationale, pour lutter contre la menace nucléaire nord-coréenne. L’objectif pour lui est de « dissuader et de se défendre contre les provocations » du gouvernement de Kim Jong-Un.
« Les sanctions supplémentaires récemment imposées à Pyongyang par le Conseil de sécurité des Nations unies montrent que les violations ont des conséquences. Les États-Unis continueront à travailler avec des alliés et des partenaires pour la dénucléarisation complète et vérifiable de la péninsule coréenne de manière pacifique », a ajouté le président Barack Obama lors du sommet sur la sécurité nucléaire du 31 mars.
Une volonté commune de lutter contre la prolifération de l’arme nucléaire en Corée du Nord, qu'André raconte. « De ce que j’ai vu, il y a un ras-le-bol de la Chine à propos du comportement de la Corée du Nord. Les journaux chinois qui sont traduits en anglais n’arrêtent pas de dire que la Corée du Nord doit cesser car ce n’est plus vivable. Ils veulent bien les soutenir mais au bout d’un moment ils ne peuvent plus prendre leur défense ». Il ajoute : « la Corée du Nord voit la Chine comme un allié diplomatique. Ils comptent beaucoup sur la Chine voire même un peu trop. Soit ils continuent et ils perdent la Chine, soit ils arrêtent et espèrent que la Chine continue de les supporter ».
La Corée du Sud également s’exaspère du comportement de sa voisine. Séoul a mis en place des sanctions contre la Corée du Nord suite aux activités militaires du régime de Pyongyang. Par exemple, ils ont fermé l’entrée des ports aux navires ayant fait escale en Corée du Nord au cours des cent quatre-vingts derniers jours.
Malgré tout, la Corée du Nord continue d’affirmer que ces essais nucléaires sont réalisés dans le seul but de protéger la paix dans leur pays et dans ses environs. Sur le média d’état en ligne DPRK Today, on peut même lire : « la République populaire démocratique de Corée est une nation de paix ». En attendant, le gouvernement nord-coréen a appelé sa population à se préparer à une famine. « Le chemin vers la révolution est difficile et long. Il est possible que nous soyons à nouveau contraints de nous nourrir de racines de végétaux », peut-on lire sur le site internet Rodong Sinmun. Un processus de pacification qui s’annonce encore long.