Il y a environ 2000 îles appartenant à la Chine, dont les deux îles formant Macao et les 263 îles composant Hong Kong, un archipel ayant 1390 îles - le Zhoushan - et enfin, un pouvoir politique sur Taïwan. La plupart de ces îles sont chinoises depuis la formation de cet empire. Pour les îles se situant à l’Est et au Sud-Est, pouvant être revendiquées par le Japon d’une part, et par de nouveaux colonisateurs à l’époque des navigations d’autre part, elles ont eu une histoire plus compliquée. De nos jours, les plus connues sont Macao, Hong Kong et Taïwan mais les relations entre celles-ci et la Chine continentale restent très instables.
"Un pays, deux systèmes"
Principe constitutionnel créé dans les années 1980 par Deng Xiaoping, leader du parti communiste et de l’État à l’époque, c’est un système qui a pour but d’unir les multiples régions du pays, malgré les différences. Ainsi, en dépit du système capitaliste présent à Hong-Kong, Macao et Taïwan, ils forment un seul et même pays, tout en ayant deux systèmes quasi-paradoxaux. De la même façon, ces régions gardent une autonomie politique et financière, ayant pour seul point commun avec la Chine continentale les relations internationales et affaires étrangères, sous juridiction de la République populaire de Chine.
Ainsi, Hong Kong est considéré comme une région administrative spéciale, qui est restée très autonome après que la souveraineté soit passée de l’empire britannique à l’empire chinois en 1997. Ils ont ainsi leur propre système exécutif et législatif, basé d’une part sur un système
électoral et d’autre part sur la méritocratie. De la même façon, le système légal ne suit pas celui de la Chine continentale, mais a, au contraire, maintenu le système anglican. La situation à Macao ressemble à celle de Hong-Kong, mais avec des influences portugaises et non pas anglaises. En effet, ancien protectorat portugais, l’île a pu conserver son système lors du transfert du pouvoir du Portugal à la Chine, ayant pour contraintes les affaires étrangères et la défense. Ces deux îles sont donc considérées comme des régions administratives spéciales chinoises. Taïwan ne rentre dans ces critères là, mais son système économique est tout de même accepté par la République populaire de Chine.
Taïwan, une volonté d'indépendance
Le transfert de souveraineté de ces îles n’est pas sans conséquences. C’est à Taïwan que cela est le plus visible. De nos jours, 98% de sa population sont des Hans - groupe ethnique formant 92% de la population de la Chine continentale - étant venus dans l’île principalement au XVIème siècle. En 1683 l’île fût annexée à la Chine par la dynastie Qing. Depuis, elle a appartenu pendant une courte période - 50 ans - au Japon avant d’être “remise” à la Chine. Il ne semblerait donc pas étonnant que l’île appartienne à la Chine, vu son passé et la population chinoise y habitant. Cependant, une partie de cette population émane des Kuomintang, les Chinois nationalistes, ayant rajouté environ 2 millions de personnes aux 6 millions de personnes présentes sur l’île en 1949.
La même année, le leader de ce mouvement, Chiang Kai-shek, a proclamé Taipei la capitale de la République de Chine, gouvernement séparé du gouvernement communiste chinois. Il n’était évidemment pas reconnu par ce dernier, et de nos jours, il ne l’est toujours pas par la communauté internationale - officiellement -, puisqu’il n’y a pas d’indépendance officielle. Ceci a provoqué des incidents graves au sein du pays, dans lesquels il y a eu des emprisonnements et exécutions de personnes perçues comme “pro-communistes” ou “anti-nationalistes”. Plus de 140 000 personnes ont été affectées. L’île a tout de même pu conserver un régime différent et s’est développée très rapidement dans les années 1970, avec le soutien des États-Unis. Il fait aussi partie de ce qu’on appelle “les quatre Tigres”, étant donc reconnu comme une entité différente de la Chine. Petit à petit ce pays s’est démocratisé, ce qui l’a davantage légitimé auprès des grandes puissances mondiales - qui lui reprochaient d’avoir un régime très autoritaire.
De nos jours, la situation demeure délicate. La démocratisation du pays a permis, en 2000, l’élection d’un président n’appartenant pas au Kuomintang - et faisant partie du Parti Progressif Démocratique - qui a été par la suite réélu en 2004. Au cour de ces années, plusieurs groupes sont apparus, émanant des deux principaux partis, les uns étant favorables à une réunification chinoise - ceux-là étant les descendants des nationalistes - et les autres favorables à l’indépendance. Ainsi, lorsque Ma Ying-Jeou fût élu à la présidence de l’île en 2008, et à nouveau en 2012, les liens avec la Chine continentale ont été ressoudés. La situation est ainsi compliquée puisque pour la République populaire de Chine, Taïwan fait partie de leur pays, tandis qu’au sein de l’île, les opinions sont mitigées et la situation est délicate. Les relations internationales restent de même fragiles puisque très peu de pays - 21 - ont des relations diplomatiques officielles avec Taïwan. Ce nombre n’est pas plus élevé à cause du chantage de la Chine continentale, qui refuse de maintenir des relations diplomatiques avec les pays reconnaissant Taïwan.
Hong Kong : un système attirant pour les chinois
Dû à son histoire, Hong Kong - comme Macao - se détache beaucoup de l’histoire de la Chine continentale. En effet, les deux ont eu une très grande influence de leurs anciennes colonies dans leur modèle actuel, et ont gardé le système capitaliste, mais les points communs avec la Chine sont quasi-inexistants. Ainsi, Hong Kong est souvent critiqué par les Chinois continentaux comme étant “anti-nationaliste”. Il y a une réelle distinction entre les Chinois continentaux et les Hongkongais. Ceci crée des tensions idéologiques, la différence de système a provoqué de vastes flux venant de la Chine continentale dans l’île d’Hong Kong. D’un côté, les classes supérieures sont présentes et achètent des appartements - ce qui fait augmenter les prix de l'immobilier - et profitent des magasins de haute couture. D’un autre côté, il y a un nombre très élevé de personnes se déplaçant pour des raisons de santé afin de bénéficier du système de santé, qui fonctionne mieux que dans la Chine continentale, tout en étant gratuit. Parmi les cas les plus fréquents il y a des femmes enceintes, qui accouchent à Hong Kong. Elles se déplacent non seulement pour les soins mais aussi pour les intérêts juridiques d’avoir un bébé né sur l’île : il a le doit de résidence qui donne droit à un accès à l’enseignement gratuit et à un bon système de sécurité sociale. Les femmes enceintes hongkongaises sont donc souvent obligées d’être prises en charge par les hôpitaux privés.
Ces problèmes-là ne sont pas les seuls : ils se font ressentir partout, affectant surtout les classes moyennes. Un autre exemple flagrant sont le nombre de Chinois continentaux venant faire leurs achats à Hong Kong. En effet, il y a un type de magasin “low cost”, avec une gamme de produits peu variés et sans marque pour les distinguer. Leur clientèle principale sont des Chinois ne résidant pas à Hong Kong. Ceci crée des problèmes non seulement vis-à-vis des quantités, mais aussi du transit et de l’harmonie de la ville en elle-même puisque cela provoque une forte augmentation de la population journalière. Outre les problèmes évidents que cela soulève envers le système chinois, ceux-ci impliquent une augmentation de la demande et des tensions, immédiates et à long terme.
Macao : le Las Vegas asiatique
Macao, de son côté, est devenu un des endroit-clef pour les jeux d’argents, le blanchissement d’argent, le trafic d’humains, la corruption, tout cela sous les yeux de la Chine continentale. Depuis le départ des Portugais, le pays a accueilli de nombreux investisseurs et a construit de très grands casinos. Deux tiers des visiteurs sont des Chinois continentaux, puisque Macao est le seul endroit en Chine où les jeux d’argent sont légaux. Le changement fût radical pour l’île, puisqu’en quelques années, elle est passée d’une ville paisible au lieu de rencontre des amateurs de jeux, des hôtels de luxe et des magasins de haute couture. L’île consiste de nos jours à attirer ainsi les classes sociales aisées venant de partout en Asie.
Ce contexte et ces situations spécifiques peuvent donc nous interroger sur les intentions de la Chine continentale, qui semble vivre dans un passé empiriste. Voulant à tout prix plus de territoire au point d’en devenir hypocrite, elle ferme les yeux sur les systèmes qui y sont présents.