Alex Colville est né à Toronto en 1920, après un diplôme d’art de l’université Mount Allison en 1942, il se marrie avec son amour de toujours, Rhoda Wright. Il s’engage par la suite dans l’armée canadienne, une période de sa vie qui marquera de façon importante son œuvre. Après la Seconde Guerre mondiale, il enseigne le dessin et la peinture à l’université Mount Allison jusqu’en 1963 pour ensuite prendre sa retraite pour se dédier à plein temps à son art.
Alors que d’autres artistes se tournaient vers l’art abstrait, Colville est toujours resté dans son propre style. Il fut exposé dans les années 1970 et 1980 à travers le monde, ses peintures provoquant le débat et la controverse. A la fois prisé et détesté par la critique, il obtint de nombreux prix tout au long de sa vie. En 1973, il retourne dans sa maison d’enfance avec sa femme, où il décèdera en 2013, quelques mois après la mort de celle-ci.
Une œuvre marqué par les expériences de vie
Comme tout artiste, ce sont les expériences de vie qui ont marqué l’œuvre d’Alex Colville. D’abord comme soldat au cœur de la Seconde Guerre mondiale, à tout juste 22 ans, il voyage à travers l’Europe et devient le témoin des horreurs de la guerre et plus particulièrement de l’Holocauste qui le hantera toute sa vie. Ces peintures sont teintés de noir et se veulent dures. Les concepts de foyer et de maison (« home » en anglais) sont aussi des thèmes importants pour l’artiste, de son retour de la guerre, il mène une vie calme avec sa famille. Il est inspiré par les paysages de Nova Scotia.
Les animaux tels que les chiens, les corbeaux ou encore les chevaux sont aussi une source d’inspiration. Pour Colville, les animaux ne peuvent qu’être bons : « incapables de mal sauf conditionné de telle sorte par les hommes ». Dans beaucoup de ses œuvres, l’artiste met en scène la tension et le danger. Les scènes peintes, captures du temps, laissent le spectateur en questionnement sur les évènements qui se sont déroulés. Enfin les femmes, et plus particulièrement sa femme Rhoda qui est présente dans une grande partie de ses travaux, représentent un élément central de ses tableaux.
Une œuvre toujours vivante
L’exposition de l’Art Gallery de l’Ontario permet aussi de voir les réappropriations de l’art du Canadien par les artistes actuels. Tout d’abord au cinéma, notamment chez Wes Anderson dans son film Moonrise Kingdom (2012) avec une scène tout droit inspirée de la peinture To Edward Prince Island (1965) : Suzy, l’héroïne du film, avec ses jumelles sur le nez se confond avec la femme de la peinture de Colville. Target Pistol and Man (1980) inspire elle une scène du film des frères Cohen No Country For Old Men (2007).
Le cinéma puise donc dans l’œuvre de Colville en sorte d’hommage à son travail. D’autres artistes plus récents se sont aussi inspirés de son génie : des œuvres sonores, des pièces de monnaie ou encore des bandes-dessinés utilisent les codes de Colville. Son art parle aussi au plus grand nombre, des artistes chinois voyant dans sa peinture Horse And Train (1954) un symbole de liberté. Le tableau trouvera une réponse quelques années plus tard, avec les images de cet homme face aux chars sur la place Tiananmen.
L’exposition Alex Colville à l’Art Gallery of Ontario, jusqu’au 4 janvier 2015.
Plus d’informations sur http://www.welcometocolville.ca/