Ahmed Ouoba / AFP
Les élections présidentielles maliennes ont finalement été programmées pour le 28 juillet. L'objectif affiché est clair : assurer enfin la stabilité politique du Mali, qui, depuis avril 2012 et le coup d'Etat du capitaine Amadou Sanogo, est dirigé par un président intérimaire, Dioncounda Traoré. Le scrutin doit également permettre de régler de manière légitime la question du nord Mali où se sont déroulés les combats de ces derniers mois. Seulement, pour que l'élection soit vraiment légitime, il faut qu'elle puisse avoir lieu de manière régulière dans tout le pays. Or la région de Kidal notamment est toujours contrôlée par le MNLA (le Mouvement National de Libération de l'Azawad).
C'est pourquoi des négociations se sont ouvertes entre le gouvernement malien et les groupes touaregs armés de Kidal. Elles ont lieu depuis ce weekend à Ouagadougou (Burkina Faso), sous l'arbitrage du président burkinabè Blaise Compaoré (médiateur de la CEDEAO) et sous la surveillance de la communauté internationale. Bamako a dépêché sur place son émissaire Tiébilé Dramé pour mener les négociations. Du côté des groupes armés, un nouvel interlocuteur a fait son apparition à la mi-mai. Le Haut Conseil pour l'unicité de l'Azawad (HCUA), ambitionne de fédérer les différents mouvements et se déclare favorable à la tenue du scrutin fin juillet.
A sa tête on trouve l'aménokal Intallah ag Ataher, le patriarche et chef traditionnel de la communauté touareg des Ifoghas. Le Haut Conseil a d'ores et déjà réussi à fédérer le MIA (Mouvement Islamique de l'Azawad), créé fin janvier à partir d'une scission d'Ansar Dine et maintenant dissous, et le FPA (le Front populaire de l'Azawad). L'autre principal interlocuteur du gouvernement malien, le MNLA, n'a pas rejoint le HCUA mais a tout de même accepté de venir à la table des négociations.
Tous semblent accepter l'idée des élections mais les modalités font toujours débat.
C'est pourquoi des négociations se sont ouvertes entre le gouvernement malien et les groupes touaregs armés de Kidal. Elles ont lieu depuis ce weekend à Ouagadougou (Burkina Faso), sous l'arbitrage du président burkinabè Blaise Compaoré (médiateur de la CEDEAO) et sous la surveillance de la communauté internationale. Bamako a dépêché sur place son émissaire Tiébilé Dramé pour mener les négociations. Du côté des groupes armés, un nouvel interlocuteur a fait son apparition à la mi-mai. Le Haut Conseil pour l'unicité de l'Azawad (HCUA), ambitionne de fédérer les différents mouvements et se déclare favorable à la tenue du scrutin fin juillet.
A sa tête on trouve l'aménokal Intallah ag Ataher, le patriarche et chef traditionnel de la communauté touareg des Ifoghas. Le Haut Conseil a d'ores et déjà réussi à fédérer le MIA (Mouvement Islamique de l'Azawad), créé fin janvier à partir d'une scission d'Ansar Dine et maintenant dissous, et le FPA (le Front populaire de l'Azawad). L'autre principal interlocuteur du gouvernement malien, le MNLA, n'a pas rejoint le HCUA mais a tout de même accepté de venir à la table des négociations.
Tous semblent accepter l'idée des élections mais les modalités font toujours débat.
Reprendre le contrôle de Kidal
© Pierrot
Les pourparlers qui se déroulent depuis le samedi 8 juin ont pour objectif la signature d'un accord qui doit englober quelques points essentiels : tout d'abord la cessation des hostilités, préalable à toute entente, avec l'assurance de la poursuite des discussions après l'élection en vue de l'instauration d'une paix définitive. Ensuite le retour de l'administration et de l'armée malienne à Kidal, pour assurer un environnement sécuritaire suffisant pour la bonne tenue des élections.
Ce dernier point fait l'objet de débats. Il semble que les groupes armés touaregs soient réticents à céder le contrôle de la ville au gouvernement malien. Ils craignent surtout que l'armée s'en prenne à eux et à la population. Et cette crainte n'est pas insensée : début juin, Amnesty International a dévoilé un rapport préliminaire pointant du doigt les exactions commises au Mali par tous les groupes armés, y compris l'armée malienne, dont certains s'apparentent à des crimes de guerre. Parallèlement, des accrochages ont eu lieu le 5 juin entre l'armée malienne et le MNLA dans le village d'Anéfis, à une centaine de kilomètres au sud de Kidal. Jusqu'alors contrôlé par le MNLA, le village a été repris par l'armée. C'est dire si la méfiance règne autour de la table des négociations.
Selon les premières pistes trouvées lundi pour résoudre ce problème, le déploiement de l'armée malienne à Kidal pourrait être encadrée par la Minusma, la future force de l'ONU qui a désormais un chef, le général rwandais Jean-Bosco Kazura, et qui une fois sur place absorbera la Misma, la force panafricaine. L'idée a également été évoquée de constituer des unités mixtes associant des éléments de l'armée et du MNLA.
Ce dernier point fait l'objet de débats. Il semble que les groupes armés touaregs soient réticents à céder le contrôle de la ville au gouvernement malien. Ils craignent surtout que l'armée s'en prenne à eux et à la population. Et cette crainte n'est pas insensée : début juin, Amnesty International a dévoilé un rapport préliminaire pointant du doigt les exactions commises au Mali par tous les groupes armés, y compris l'armée malienne, dont certains s'apparentent à des crimes de guerre. Parallèlement, des accrochages ont eu lieu le 5 juin entre l'armée malienne et le MNLA dans le village d'Anéfis, à une centaine de kilomètres au sud de Kidal. Jusqu'alors contrôlé par le MNLA, le village a été repris par l'armée. C'est dire si la méfiance règne autour de la table des négociations.
Selon les premières pistes trouvées lundi pour résoudre ce problème, le déploiement de l'armée malienne à Kidal pourrait être encadrée par la Minusma, la future force de l'ONU qui a désormais un chef, le général rwandais Jean-Bosco Kazura, et qui une fois sur place absorbera la Misma, la force panafricaine. L'idée a également été évoquée de constituer des unités mixtes associant des éléments de l'armée et du MNLA.
Les exigences de Bamako
Du côté du gouvernement malien, on souhaite associer aux négociations le plus grand nombre de mouvements afin que la légitimité du scrutin à venir ne soit pas remise en cause. Le conseiller spécial du chef de l'Etat, Tiébilé Dramé, chargé de négocier avec les groupes terroristes du Nord, a ainsi entamé des démarches pour que soient conviés autour de la table deux autres groupes armés, le MAA (le Mouvement Arabe de l'Azawad) et la milice d'autodéfense Ganda Koy. Mais la présence de ces deux groupes est difficile à faire accepter au MNLA et au HCUA, et de fait il n'y a eu pour le moment qu'une prise de contact. Ce blocage illustre encore les difficultés posés par la grande diversité ethnique et idéologique qui existe au Mali, et particulièrement au Nord.
D'autre part, Bamako ne souhaite pas que figure dans l'accord final le terme « Azawad » par lequel les groupes touaregs désignent les trois régions de Kidal, Tombouctou et Gao. C'est le signe que la question des revendications indépendantistes, si elle est pour le moment en sommeil, risque de resurgir tôt ou tard.
D'autre part, Bamako ne souhaite pas que figure dans l'accord final le terme « Azawad » par lequel les groupes touaregs désignent les trois régions de Kidal, Tombouctou et Gao. C'est le signe que la question des revendications indépendantistes, si elle est pour le moment en sommeil, risque de resurgir tôt ou tard.
Vers un accord rapide
Malgré les divergences exprimées, les différents partis se sont mis d'accord lundi 10 juin sur un accord de principe qui prévoit la cessation des hostilités et le redéploiement surveillé et encadré de l'administration malienne à Kidal. Tiébilé Dramé est retourné à Bamako pour présenter les premières conclusions de la négociation au gouvernement. De leur côté, le MNLA et le HCUA doivent présenter l'accord préliminaire à leurs bases. Un règlement pacifique de la question malienne semble donc en bonne voix, mais des tensions pourraient ressurgir après l'élection du futur président.
Parallèlement, le gouvernement provisoire doit s'attaquer à la question des centaines de milliers de réfugiés maliens qui ont fui les combats et qui se demandent maintenant s'ils vont pouvoir voter eux aussi et dans quelles conditions. Le temps presse, l'élection doit se tenir dans un peu moins de deux mois.
Parallèlement, le gouvernement provisoire doit s'attaquer à la question des centaines de milliers de réfugiés maliens qui ont fui les combats et qui se demandent maintenant s'ils vont pouvoir voter eux aussi et dans quelles conditions. Le temps presse, l'élection doit se tenir dans un peu moins de deux mois.