L'attentat de Benghazi aurait-il pu être évité ?

William Mouelle Makolle, traduit par Martin Guignard
27 Janvier 2014



Vendredi 15 janvier, la Commission du Sénat sur le renseignement (SSCI) a rendu un rapport d'investigations qui révèle que les attentats de septembre 2012 à Benghazi auraient pu être évités si la sécurité avait été renforcée. Ces attentats ont coûté la vie à l’ambassadeur des Etats-Unis en Lybie Christopher Stevens ainsi qu’à quatre autres américains. Analyse.


© AFP
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Ce rapport est basé sur les 29 recommandations rédigées par un comité de révision indépendant (l’ARB), dont la toute première statue que « Le Département [d’Etat] doit renforcer la sécurité du personnel et des tribunes au-delà du niveau traditionnel de sécurité des hôtes gouvernementaux aux points les plus exposés. »

Les enquêteurs ont auditionné et interviewé une douzaine de témoins qui ont survécu aux deux assauts du 11 septembre 2012, triste commémoration de 2001. Ces attaques visaient à la fois le centre diplomatique américain et l’annexe de la CIA située à proximité.

Cet attentat a soulevé une grande agitation et un scandale politique sérieux aux Etats-Unis. Les Républicains ont tout d’abord accusé l’administration Obama de vouloir dissimuler les détails de l’attentat terroriste. Bien que cette affirmation a plus tard été démentie, le gouvernement a répliqué que les assaillants lourdement armés avaient dû vouloir protester contre la vidéo de YouTube Innocence of Muslims, une vidéo antimusulmane.

Détérioration de la sécurité

L’ARB et le parti républicain avaient dénoncé les nombreux échecs du système de sécurité et la facilité avec laquelle les terroristes ont réussi à entrer dans les locaux diplomatiques.

Le rapport bipartite publié mercredi dernier affirme que le Département d’Etat n’a pas pris les mesures nécessaires suite aux mises en garde répétées quant à la « détérioration de la sécurité » dans l’est de la Libye, et sur les risques encourus par le personnel américain. « Les membres du Département d’Etat, y compris l’ambassadeur Stevens, avaient conscience des menaces portées à l’encontre de la Libye et avaient un accès régulier à leur rapport ». Référence aux « deux incidents aux bâtiments de la Délégation Temporaire des 6 avril et 6 juin 2012. »

Cependant, le Congrès des Etats-Unis ne reproche pas à la CIA sa réactivité face aux attentats. Les agents ont contribué à l’évacuation et au sauvetage de dizaines d’américains travaillant à Benghazi. Quant à l’armée, le rapport ajoute qu’elle aurait dû être mieux préparée à une opération d’urgence, bien que le rôle des soldats ce soir-là ne soit pas condamné.

L’administration Obama a accepté ces péroraisons mercredi. L’attachée de oresse à la Maison Blanche Jay Carney a annoncé que le rapport « rejoint tout à fait les conclusions auxquelles l’ARB de Benghazi est arrivé » en décembre 2012. « […] l’administration porte maintenant son intérêt sur deux points : faire paraître en justice les responsables de la mort de quatre citoyens américains, et prendre les mesures nécessaires pour améliorer la sécurité des locaux vulnérables. »

Le rapport tente d’apporter de nouvelles clarifications sur la confusion et les affirmations qui ont discrédité l’administration suite à l’attentat. Le parti de l’opposition a reproché à Barack Obama d’avoir cherché à couvrir les faits, ce qui a mené parfois à des débats enflammés.

La Commission ajoute dans son rapport que les analystes de la CIA n’avaient pas « les renseignements ni les témoignages nécessaires pour confirmer l’assertion » selon laquelle les manifestants protestaient contre la vidéo Innocence of Muslims.

Le Département d’Etat finit toutefois par révéler qu’il était difficile d’établir comment les attaques auraient pu être évitées. « Il est clair que nous avons assez parlé du fait que nous avions conscience de la présence d’extrémistes et de terroristes en Libye et à Benghazi, mais encore une fois, nous n’avons reçu aucune information précise à propos d’une menace ou de l’attaque qui a eu lieu », a déclaré Marie Harf, porte-parole adjoint du Département d’Etat, alors dirigé par Hillary Clinton. Les responsables de l’attentat, finalement identifiés, n’ont jamais été arrêtés par les autorités, américaines ou libanaises.

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